L'opinion publique et les médias - 3e éducation civique
L'OPINION PUBLIQUE ET LES MEDIAS
Les médias sont des moyens techniques qui permettent de mettre en relation des producteurs d’informations et le public. Les mass-média s’adressent à un grand nombre de personnes.
Ils suivent les progrès technologiques : la presse écrite, la radio, la télévision et internet dominent tour à tour. Tous coexistent aujourd’hui, mais avec une influence inégale.
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789) et la loi sur la liberté de la presse (1881) fondent la liberté de l’information : c’est un droit de l’homme. Le citoyen a droit à une information libre, pluraliste et fiable pour forger sa propre opinion et faire ses choix.
Les principaux fournisseurs d'informations sont les Etats et les insitutions internationales, les agences de presse (Associated Press, Reuters, Agence France Presse...) et les médias en général, les partis politiques et les associations.
Les médias permettent de contrôler les pouvoirs (on parle de « 4e pouvoir » de fait), de vulgariser les connaissances scientifiques, d’étudier la société et de dénoncer les dérives de la vie sociale. Le travail des médias contribue à forger l’opinion publique. L’opinion publique est la manière de penser la plus répandue dans la population. Elle peut être diverse et juxtaposer plusieurs opinions publiques. L’opinion publique est aussi profondément travaillée par les décideurs politiques (hommes et partis politiques) et économiques (financiers, chefs d’entreprises), les individus et les groupes d’individus (associations, lobbys = groupes de pression qui défendent des intérêts privés…).
Actuellement, la plupart des médias sont privés et une minorité demeurent publics (propriété de l’Etat ou sous sa tutelle). Néanmoins, la plupart des médias ont perdu leur indépendance. Dans le passé, ils étaient soumis au pouvoir politique (arrestations, censure, propagande). Désormais, ils sont soumis aux acteurs économiques et financiers. La plupart des grands médias ont été achetés ou créés par des groupes financiers et des entreprises. Dès lors, l’objectif principal n’est plus la recherche du savoir, de la vérité et la promotion du talent, mais la recherche du profit (vente de produits commerciaux), la promotion du divertissement (sports, spectacles, faits divers, l’« insécurité » , fausse « téléréalité », star-system et presse people qui reposent sur la notoriété) et la pression politique et idéologique dans le sens du libéralisme économique.
La recherche du profit, les animateurs soucieux de garder leur place, la dictature de l’audience font que les médias ont un comportement moutonnier : tous parlent de la même chose et se désintéressent de la qualité de l’information. Le nationalisme, les va-t-en-guerre et le lynchage médiatique sont des risques majeurs. La hiérarchie de l’information est souvent inversée : l’événement futile ou sensationnel prime sur l’étude argumentée. Les médias créent quotidiennement des événements artificiels : une actualité chasse l’autre, pas seulement dans les chaînes d’information continues (BFM TV) souvent anxiogènes. L’actualité réelle, qui fait sens, est souvent reléguée au dernier plan. Les reporters et les journalistes d’investigation se font plus rares face aux commentateurs suspendus au téléphone et à leur écran qui ne sortent pas de leur bureau. (au sens de propagande ou de publicité) . Les faux experts supplantent ceux qui travaillent de longue date avec honnêteté intellectuelle. Les décideurs et les médias manipulent ainsi l’opinion publique, pour que les individus deviennent des acheteurs-consommateurs et des relais capables, notamment lors des élections, de voter dans le sens voulu. Ils font du marketing politique et économique.
La plupart des médias privés ont une politique éditoriale souvent marquée à droite (TF1, M6, Europe 1, RMC qui a en plus des accents populistes poujadistes, NRJ, Fun Radio…, Le Figaro, Le Point, Les Echos…). Canal + tente de tenir une position à la fois commerciale, "jeune", "branchée" et ouverte. Les médias inclinant vers la gauche sont en recul : Le Monde (centriste et libéral), France Inter, Le Nouvel Obs (social-démocrate), Libération (socialiste), L’Humanité (communiste, avec peu d’audience). Les médias publiques tentent de suivre un équilibrisme difficile entre la droite et la gauche (ligne soit centriste, soit gouvernementale qui varie en fonction de la majorité gouvernementale comme France 2, soit plus souvent sociale-démocrate). Ces médias proposent de manière variable ou trop rare des productions utiles. La chaîne franco-allemande ARTE fournit une offre culturelle de qualité (fictions, spectacles, documentaires) et une information sobre et ouverte sur le monde : c’est pourtant une des moins regardées. La radio France Culture prend le temps de traiter de sujets de fond et son journal est souvent documenté et objectif, même si sa rédaction a peu de moyens humains et financiers.
Internet et les réseaux sociaux (Facebook, Twitter…) prennent une place de plus en plus grande. C’est un progrès. Les individus accèdent plus rapidement à l’information. Ils permettent une capacité de réaction et de mobilisation sans précédent, même entre individus qui ne se connaissent pas. Des espaces de libertés, des idées et des créations nouvelles, alternatifs, peuvent ainsi émerger. Mais, les risques sont grands : la liberté est détournée dans un but commercial (les moteurs de recherche comme Google orientent dans ce sens les résultats des recherches), la cybercriminalité se développe, les fausses informations et les rumeurs se propagent, les injures et les attaques se multiplient sous couvert d’un faux anonymat. Car les Etats et les fournisseurs d’accès peuvent briser les liaisons satellitaires et internet, espionner, ficher, vendre ou divulguer les informations sur les usagers. La surveillance généralisée et informatisée est un risque pour les droits de l’homme et la démocratie.
Les sondages sont des études statistiques et sociologiques basées sur un échantillon restreint d’individus (dit « représentatif ») avec pour but de proposer une photographie partielle ou générale de la société. Mais, ce sont toujours des extrapolations. Tous n’ont pas la rigueur scientifique prétendue. Les commanditaires (payeurs) des sondages influencent souvent les résultats finaux. Les « instituts » (terme scientifique généralement usurpé) tendent à se substituer à l’opinion réelle des individus et à parler abusivement au nom des Français : la seule vérité de l’opinion est celle qui résulte d’élections libres, préparées de manière contradictoire.
Les individus et les groupes d’individus doivent être vigilants, user d’esprit critique, se tenir informés, savoir reconnaître les informateurs et les informations fiables, éviter de juger sans examen rigoureux pour penser et agir de manière libre et responsable. L’actualité de qualité et les connaissances scientifiques existent, mais il faut savoir les « dénicher ». C’est la qualité de la lecture qui fait la qualité du jugement.