1941- la Révolution nationale - discours du maréchal Pétain
LA REVOLUTION NATIONALE
discours de Philippe Pétain du 8 juillet 1941
extraits
Par ce discours, Philippe Pétain dessine les traits idéologiques de l’État Français, nouveau régime politique fondé le 10 juillet 1940 et qui met fin à la République. Les deux termes de « révolution nationale » renvoient en théorie à la Révolution française, où tous deux prennent naissance (même si les racines du nationalisme remontent à la fin de la période médiévale). En réalité, il s’agit de révolution conservatrice : le repli sur un nationalisme de droite et le retour à une France du passé, anté-révolutionnaire, mais sans roi, plus imaginée qu’historique. La terrible défaite de 1940 débouche sur la victoire politique d'un traditionnalisme : le schéma explicatif et la recherche de solution se nourrissent essentiellement des pensées de Maurice Barrès et surtout de Charles Maurras.
pour un commentaire du discours
« (...)
Le régime électoral, représentatif, majoritaire, parlementaire, qui vient d'être détruit par la défaite était condamné depuis longtemps par l'évolution générale et accélérée des esprits et des faits dans la plupart des pays d'Europe, et par l'impossibilité démontrée de se réformer.
En France, il donnait tous les signes de l'incohérence attestée par la substitution chronique des décrets-lois à la procédure législative régulière.
L'inconscience en matière de politique étrangère ajoutait à ces signes un présage de catastrophe.
Cette catastrophe est une conclusion.
Nous sommes dans l'obligation de reconstruire.
(...)
Pour des raisons de tous ordres et d'une extrême complexité, la France est entrée dans une des grandes crises de son histoire.
Voilà le fait qui domine et commande toute la Révolution nationale. Voilà le point de départ de la constitution nouvelle, qui sera œuvre organique et durable ou travail artificiel et éphémère.
Les problèmes à résoudre découlent les uns des autres.
Le premier consiste à remplacer le "peuple souverain" exerçant des droits absolus dans l'irresponsabilité totale, par un peuple dont les droits dérivent de ses devoirs.
(...)
Un peuple est une hiérarchie de familles, de professions, de communes, de responsabilités administratives, de familles spirituelles, articulées et fédérées pour former une patrie animée d'un mouvement, d'un élan, d'un idéal moteur de l'avenir, pour produire à tous les échelons une hiérarchie des hommes qui se sélectionnent par les services rendus à la communauté, dont un petit nombre conseille, quelques-uns commandent et au sommet un chef qui gouverne.
La solution consiste à rétablir le citoyen, juché sur ses droits, dans la réalité familiale, professionnelle, communale, provinciale et nationale.
C'est de cette réalité que doit procéder l'autorité positive et sur elle que doit se fonder la vraie liberté, car il n'y a pas, et ne doit pas y avoir de liberté théorique et chimérique contre l'intérêt général et l'indépendance de la nation.
Je me propose de recomposer un corps social d'après ces principes.
(...)
La Révolution nationale signifie la volonté de renaître, affirmée soudain au fond de notre être, un jour d'épouvante et de remords ; elle marque la résolution ardente de rassembler tous les éléments du passé et du présent qui sont sains et de bonne volonté, pour faire un État fort, de recomposer l'âme nationale dissoute par la discorde des partis et de lui rendre la conscience aiguë et lucide des grandes générations privilégiées de notre histoire, qui furent souvent des générations de lendemain de guerres civiles ou de guerres étrangères.
La constitution (...) doit avoir une "vertu d'enseignement" qui est le caractère distinctif des bonnes lois. À cet égard la Constitution couronne l'œuvre de l'école.
Or, l'école est le prolongement de la famille. Elle doit faire comprendre à l'enfant les bienfaits de l'ordre humain qui l'encadre et le soutien.
Elle doit le rendre sensible à la beauté, à la grandeur, à la continuité de la patrie. Elle doit lui enseigner le respect des croyances morales et religieuses, en particulier de celles que la France professe depuis les origines de son existence nationale.
J'ai dit à maintes reprises, que l'État issu de la Révolution nationale devait être autoritaire et hiérarchique.
(...)
Hier, l'autorité procédait du nombre, incompétent, périodiquement tourbillonnant ; elle s'obtenait par le moyen d'une simple addition.
(...)
L'autorité (...) doit procéder d'abord d'un principe immuable qui est le fondement de la formation, du développement de la grandeur et de la durée de tous les groupes naturels, et sans lesquels il n'y a ni peuple, ni État, ni nation.
L'autorité doit procéder en second lieu de tout ce qui, dans un peuple, représente la durée qui relie le passé à l'avenir et assure la transmission de la vie, du nom, des biens, des œuvres, en même temps qu'un idéal et une volonté commune et constante.
Cette source d'autorité au second degré, vous la trouverez dans la famille, dans la commune qui est une fédération de familles, dans les métiers, dans les professions organisées, dans les pays fédérés en provinces qui ont marqué l'esprit français d'une empreinte indélébile, au point que chacun se vante d'être de celle-ci et non de celle-là.
Par État hiérarchique, j'entends remembrement organique de la société française.
Ce remembrement doit s'opérer par la sélection des élites à tous les degrés de l'échelle sociale. (...)
La sélection des chefs (....). La constitution devra la favoriser et la fixer en déterminant sa fonction dans tous les rouages de la société, de la base au sommet.
Elle rétablira cette qualification générale (...) en fondant le droit de citoyenneté, non plus sur l'individu épars et abstrait, mais sur la position et les mérites acquis dans le groupe familial, communal, professionnel, provincial et national ; sur l'émulation dans l'effort, sur l'intelligence tendue vers le bien de la communauté, sur les services rendus dans tous les cadres de l'activité humaine.
(...) Le goût de la responsabilité est le signe distinctif du chef. (...)
Nous avons pratiqué un régime politique où le principe de l'irresponsabilité était posé de la base au sommet de l'État (...); c'est pourquoi nous en sommes sortis par la porte du malheur.
(...)
Le salut de la patrie étant la suprême loi, c'est sur elle que se fonde la légitimité de la Révolution nationale et de la constitution qui lui donnera son armature et son couronnement.
Au cours des années où notre destin allait à la dérive, le peuple a été sourd aux avertissements. Qu'il m'entende aujourd'hui (...).
Le peuple français porte son avenir en lui-même, dans la profondeur des soixante générations qui vous ont précédés sur notre sol et dont vous êtes les héritiers responsables.
Cet avenir, il ne le découvrira que par l'application résolue et réfléchie, qu'il mettra à retrouver le sens de sa grandeur et celui de sa mission impériale. »
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