Du côté de la télé - semaine du 30 avril au 6 mai 2009
Du côté de la télé
SEMAINE DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2009
Samedi 2 mai 2009, Arte, deux documentaires de Christian Twente, 20 h 45 : L’héritage du tyran (1/2), 21h35 : La conspiration de la concubine (2/2)
En Chine, Yongle (1403-1424) usurpe le pouvoir impérial de son neveu et transfère la capitale plus au Nord, de Nankin à Beijing (Pékin) en 1421 pour tenir éloignés les Mongols récemment vaincus, asseoir la puissance de la nouvelle dynastie Ming (« Clarté », fondée par son père en 1368) et contrôler les populations de l’empire. Il pense avoir besoin pour cela d’un lieu central du pouvoir, où résidera la cour : Tseu-kin-tcheng ou la Cité pourpre interdite, centre de l’empire et de la terre, correspond au centre du ciel, l’empereur étant le médiateur (il reçoit son mandat du ciel). Les travaux sont gigantesques : 100 000 artisans, un million de paysans, aménagement total de 72 ha selon un plan en damier, 800 palais (avec 9999 pièces)… le tout encadré par de hauts murs, longés par un fossé d’eau. La cité sera finalement construite rapidement (1406-1420) et comme son nom l’indique sera un monde symbolique, réglé et clos – propice aux intrigues, le deuxième documentaire le montre –, coupé de la société chinoise. Mégalomanie et ostentation politiques se confondent (mais, on a d’autres exemples dans l’histoire : Louis XIV à Versailles…). Le règne de Yongle (ou Yong-Lo) ne se résume cependant pas qu’à cela : politique d’expansion, expéditions maritimes (à but militaire, diplomatique et commercial) commandées l’amiral Zheng He (eunuque musulman), dont l’une le mène jusqu’à l’actuel Kenya. Deux dynasties dérouleront leur existence dans cette cité idéale : les Ming (1368-1644) et les Qing (1644-1911).
Programme 5e (Chine, Asie). Remarque : la Chine des Han est inscrite au futur programme de 6e en histoire.
Samedi 2 mai 2009, Arte, 1 h 00, documentaire, Le dessous des
cartes : Histoire du droit d'asile
L'émission peut encore être regardée sur le site
d'arte :
http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=2600496,CmPage=1697660,scheduleId=2567772.html
Le dessous des cartes est une émission de géopolitique qui allie rigueur intellectuelle, ouverture d’esprit (élargie aux dimensions du monde ; denrée peu commune de nos jours) et pédagogie. La carte – construction d’une image mentale – cherche à rendre ce monde intelligible, à voir l’organisation des territoires par les sociétés humaines et leur impact sur le sol. Une part importante des hommes a toujours cherché à se déplacer et à chercher de nouveaux territoires pour y déployer leur existence, que cela soit individuellement, par groupes ou par populations entières. Ce n’était souvent pas sans conflit – toutes les terres, mêmes les « déserts humains » (à l’exception de l’Antarctique) avaient vu surgir des usufruitiers (comme les Inuits, les « Amérindiens »…) ou des propriétaires (comme les Sumériens… et tous les sédentaires d’aujourd’hui). La naissance de l’État-moderne, avec la création des frontières qu’il a voulues imperméables, accroît la pression sur les hommes et sur leurs déplacements : elle interdit dans tous les cas les déplacements massifs de population, sauf à considérer les conséquences des guerres et des mouvements de colonisation. Les déplacements sont aujourd’hui beaucoup plus réglementés que par le passé, où les sociétés étaient probablement plus poreuses. La possibilité d’un asile existe depuis toujours. Avec la philosophie des Lumières, il est devenu un droit. Aujourd’hui, il reste conditionnel et limité, défini par la toute-puissance de l’État-nation qui l’accorde sélectivement, selon son plaisir politique. La France, « patrie des droits de l’homme » (les Pays-Bas, le Royaume-Uni, les Etats-Unis… revendiquent aussi ce titre historique) accorde chichement son droit d’asile : il y a un fossé entre la projection d’une image idéalisée et la réalité vécue. L’honnêteté et la sérénité ne président pas toujours dans la considération du droit d’asile, de l’émigration… Certains aiment travailler le levain d’une pâte politique douteuse. Ils espèrent ainsi accéder au pouvoir ou le conserver. Ils aiment encore à lancer des fractions de la population, dont on excite les réflexes xénophobes, contre des hommes sans défense, car sans droits et sans recours le plus souvent.
Animée par Jean-Christophe Victor (fils du célèbre explorateur polaire Paul-Émile Victor), c’est une émission qu’un lycéen devrait regarder régulièrement. Elle n’est pas exclue pour le collégien, qui aura à être attentif, pour ne pas être dérouté parfois par un vocabulaire exigeant.
Tous programmes du collège au lycée, en particulier 6e, 4e.
Mardi 5 mai 2009, Arte, 20 h 45, documentaire Les bouffeurs de fer de Shaheen Dill-Riaz
Au Bengladesh, un des pays les plus pauvres du monde, aux fortes densités humaines, les paysans du Nord sont poussés par la misère à se louer au Sud, sur le littoral de l’océan Indien (golfe du Bengale), en espérant y trouver des revenus complémentaires. Ils déplacent les épaves des navires et les découpent au chalumeau dans des conditions parfois dantesques, compliquées par la mousson. Le travail est harassant, sans limite et plein de dangers (accidents, toxicité…). À la violence du travail s’ajoute celle de l’exploitation sans vergogne par des patrons méprisants, mauvais payeurs et qui ne répugnent pas au chantage. Travailler et exister est ici périlleux.
Programme 5e (géographie de l’Asie ; le refus des discriminations), lycée (ECJS)
Mardi 5 mai 2009, Arte, 22 h 20, téléfilm Embarquement immédiat de Veit Helmer
Comédie sentimentale et musicale d’influence bollywoodienne : un Russe, une Indienne et un tout petit monde interlope, cosmopolite et sans droits, sis dans l’aéroport de Francfort (Allemagne). En voilà quelques uns bloqués dans un nœud, un hub ou une plateforme multimodale. Ce téléfilm nous apprend, une fois de plus, que certains ont le droit de circuler, de s’installer dans un autre pays et de s’enrichir et d’autres – les plus nombreux – non. Ceux-là doivent vivre cachés et mal vivre, en attendant que les portes du « paradis » s’ouvrent peut-être un jour pour accéder à l’air/au monde libre. La mondialisation est sélective. Elle est le produit d’un rapport de force et de richesse.
Programme collège et lycée, tous niveaux : géographie et éducation civique/ECJS.
Mercredi 6 mai 2009, Arte, deux documentaires, 20 h 45 : Russie le photographe de la
Perestroïka (1/5), 21 h 40 : Pologne, Henryka et la naissance de
Solidarnosc (2/5)
Arte propose une soirée thématique sur l’effondrement du bloc soviétique
(1980-1990). Retour sur un des grands événements du XXe siècle : la disparition du communisme soviétique. Le truchement des clichés d’un photographe permet d’évoquer les années
Gorbatchev, à la tête de l’Union soviétique. Par sa politique de glasnot, « transparence » et de perestroïka, « restructuration », il a cherché à
(ré)humaniser le socialisme et le système soviétiques (idéologie, État, économie, rapports sociaux) et à redéfinir les relations Est/Ouest dans une perspective moins belligène. Profondément
attaché au socialisme et au communisme, il voulait ainsi sauver un régime mis en place par Lénine et par la suite fortement infléchi par Staline et qu’il savait dévoyé et menacé. En le
déverrouillant progressivement, le système lui a finalement « sauté à la figure », échappant à tout contrôle. Le deuxième documentaire montre la naissance d’un mouvement de
contestation, où action individuelle (rôle d’Henryka Krzywonos, chauffeur de bus) et action collective (création du syndicat Solidarnosc, « Solidarité ») à Gdansk, en Pologne
contribuent largement à fissurer les bases du régime. Paradoxe : c’est d’une fraction du monde ouvrier et syndical que vient la contestation d’un régime voué au départ à la libération
et au bien-être des ouvriers ; le paradoxe n’est qu’apparent car le mouvement recèle aussi une forte dimension religieuse (catholique) et nationaliste (polonaise), anti-russe (et
anti-orthodoxe ?). La contestation rencontre des circonstances historiques : en face, par exemple, Gorbatchev refuse d’utiliser l’armée et de verser le sang.
Les deux documentaires montrent finalement que le système soviétique s’est effondré, non par l’action des démocraties occidentales (États-Unis…), du capitalisme ou de la seule Eglise catholique comme il est parfois affirmé, mais par un mouvement intérieur, tant à la base (ex : Solidarnosc en Pologne) qu’au sommet (ex : Gorbatchev). C’est la conjonction des deux dimensions qui a emporté le système, par implosion, même s'il ne faut pas rejeter totalement la dimension géopolitique. Personne d’ailleurs n’a prévu un événement d’une telle ampleur, pas même les « kremlinologues » de l’époque.
Programme : 3e, terminale. C’est l’occasion de réviser pour le
brevet et le bac.
© A. Sadki