Gilgamesh - 6e
GILGAMESH
Gilgamesh est le héros d’un long poème épique, appelé L’épopée de Gilgamesh. C’est la plus ancienne œuvre littéraire connue, rédigée en une langue sémitique sumérienne. Elle se compose de 3 000 à 3 500 vers. Les chants devaient être oraux au départ. Ils sont ensuite gravés sur des tablettes d’argile, en écriture cunéiforme. Des fragments ont été redécouverts par des archéologues en 1845 en fouillant l’ancienne cité de Ninive. D’autres fragments ont été trouvés sur d’autres sites.
Gilgamesh a sûrement existé, mais on n’en a pas la preuve et on n'en possède aucune représentation attestée. C’est un roi légendaire, le 5e de la ville d’Uruk, appartenant au peuple des Sumériens, en Mésopotamie. Il aurait vécu vers 2650 avant J.-C.
Gilgamesh est un homme puissant et béni des dieux. Il est aux deux-tiers divin et un tiers humain. Mais, c’est un tyran qui persécute ses sujets.
Ses sujets se plaignent aux dieux, qui créent un personnage aussi puissant que lui : ce sera Enkidu au corps velu, vivant avec les animaux sauvages. Apprenant la nouvelle, Gilgamesh envoie une courtisane, Shamhat, pour le détourner de l’affrontement. Celle-ci le séduit et s’unit à lui « six jours et sept nuits ». Par l’amour, Enkidu devient homme et se civilise. Après une lutte épique, les deux héros deviennent des amis inséparables.
Gilgamesh court après la gloire et veut rendre son nom célèbre pour toujours. Avec Enkidu, ils partent combattre le géant Huwawa (ou Humbaba), qui garde la maison des dieux dans la forêt de cèdres du Liban. Ils réussissent à le vaincre et coupent les arbres, ramenant les troncs à Uruk, où on leur fait un triomphe.
Inana (Ishtar), déesse de l’amour et de la guerre, tombe amoureuse de Gilgamesh. Celui-ci rejette ses faveurs, en l’injuriant. Furieuse, la déesse obtient de son père, le dieu Anu, l’envoi du Taureau céleste pour détruire la cité d’Uruk. Le taureau est finalement vaincu par les deux héros. Enkidu jette avec mépris un membre du taureau à la face d’Inana.
Mais, Enkidu tombe malade. Il meurt dans les bras de Gilgamesh. Au comble du désespoir, ce dernier comprend que lui aussi devra mourir un jour. Il décide de gagner l’immortalité et d’égaler les dieux. Sachant qu’il n’existe qu’un homme, Uta-napishti qui a eu droit à l’immortalité, il décide d’aller le trouver au bout du monde. Uta-napishti lui raconte le récit du déluge. Enki, dieu superintelligent, a inventé les hommes pour qu’ils travaillent au bénéfice des dieux. Cependant, Enlil, dieu souverain des dieux et du monde, est fatigué de leur tapage, qui l’empêche de dormir. Pendant six jours et sept nuit, il déclenche un terrible déluge. Mais, Enki réussit à sauver un homme, Uta-napishti, avec sa femme, en lui conseillant de construire une arche. Il pourra faire renaître l’humanité.
Uta-napishti met Gilgamesh à l’épreuve : demeurer six jours et sept nuits sans sommeil. Gilgamesh s’écroule d’épuisement. Il n’aura donc pas droit à l’immortalité. La femme d’Uta-napishti le prend en pitié et lui révèle l’existence d’une Plante-de-vie qui, sans rendre immortel, permet de redevenir jeune. Gilgamesh réussit l’exploit de plonger pour la cueillir au fond de la mer. Sur le chemin du retour, la déposant sur la rive, pour se baigner, la plante de jouvence lui est ravie par un serpent qui pourra se régénérer.
Gilgamesh est pris de désespoir. Ses exploits restent vains : il est condamné à rester un homme. Cependant, il se fait une raison et rentre de « ses errances, exténué, mais apaisé », après « avoir tout vu, connu le monde entier et tout mis en mémoire ». Il accède à la sagesse et gouverne désormais en roi débonnaire, qui se consacre au bien de ses sujets et réalise de grands travaux.
Gilgamesh n’aura donc pas droit à l’immortalité comme les dieux. L’épopée est un poème de sagesse sur la condition humaine. Elle raconte la vie du plus célèbre des hommes. Les hommes ne peuvent être des dieux, mais la gloire et la sagesse leur sont ouvertes.
L’épopée de Gilgamesh a eu un immense succès pendant deux millénaires dans tout le Proche-Orient. De nombreux
éléments sont repris et adaptés. Les Hébreux (et à leur suite : les chrétiens et les musulmans) reprennent le récit de la création de l’homme et celui du déluge avec le personnage de Noé.
Les Grecs s’inspirent probablement des exploits de Gilgamesh pour illustrer les douze travaux de leur héros Heraklès (Hercule).
© A. Sadki