Du côté de la télé - Semaine du 30 mai au 5 juin 2009
Du côté de la télé - Histoire, géographie, citoyenneté
Semaine du 30 mai au 5 juin 2009
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Réviser le bac ou le brevet en regardant la télé (mais sans abus), c'est possible : ce week- end la chaîne Planète diffuse 26 documentaires sur tout le programme de terminale dans une série Spécial Bachotage. Le programme de terminale correspond en grande partie au programme de 3e, de manière plus approfondie.
Le détail des sujets est sur le site de planète : http://www.planete.tm.fr/planete_bac/accueil.html
Et de nombreuses bandes annonces sont disponibles sur un site de Canal Satellite créé pour l'occasion : http://canalsat.fr/mini-site/pid663-ms-planete.html
Dimanche 31 mai 2009, Arte, 22 h 55, documentaire Eliot Ness contre Al Capone de Patrick Jeudy
Au temps de la prohibition, dans l’Amérique puritaine des années 1920 et 1930, à Chicago, récit de la lutte entre police et crime organisé, la mafia, importée d’Italie, à travers deux personnages emblématiques, Eliot Ness et Al Capone. Toute une mythologie, hollywoodienne en particulier, a enveloppé ces deux personnages. La légende dorée du premier et la légende noire du second cachent pourtant des existences réelles qui ne sont pas aussi extraordinaires.
Le documentaire est précédé d’un très bon film policier à 20 h 49 : L’arnaque, de George Roy Hill (1973), avec deux acteurs remarquables : Paul Newman et Robert Redford.
Les États-Unis de 1919 à 1940 ne sont plus au programme d’histoire de 3e. Programme d’histoire de lycée : 1re.
Lundi 1er juin 2009, France 2, 22 h 20, magazine Un œil sur la planète – Italie, la grande débrouille
En Italie, le chef réel du pouvoir exécutif est le président du conseil. C’est actuellement Silvio Berlusconi, depuis 2008 et pour la troisième fois. À quoi doit-on cet « amour » entre le cavaliere et la majorité des Italiens ? Un mélange de libéralisme, d’autoritarisme, de résurgence fascisante, de populisme, de « peoplism »… une main basse sur les principaux médias ? Un type particulier de chef d’entreprise ou de financier – bien plus que la star du football, du cinéma, de la chanson… semble être la réalisation rêvée de l’être humain aujourd’hui. Une telle figure a pris la place d’autres plus anciennes… l’instituteur, le savant, l’ingénieur, le bourgeois pour la période récente et pour les temps plus anciens du noble (dont le prince), du prêtre et du saint. En tout cas, le succès de Berlusconi doit être recherché dans la convergence d’un homme (quelles que soient ses qualités et ses travers) et la demande sociale. Cette dernière seule permet au premier d’arriver au pouvoir. Le premier sait traduire ou susciter tout ou partie de la demande sociale. L’explication par le « grand homme » talentueux ou génial ne tient pas, sauf pour les adorateurs des cultes de la personnalité.
Le découplage entre l’Italie du Nord, « moderne », industrielle et libérale, ouverte sur le monde et l’Italie du Sud, marginalisée depuis la fin du XIXème siècle, s’aggrave. Antonio Gramsci en avait déjà fait une analyse éclairante dans les années 1920. La crise financière actuelle ne fait que renforcer – avec ses conséquences multiformes – les sentiments (égoïstes) autonomistes de La Ligue du Nord et la xénophobie dans toute l’Italie. Cette dernière, terre d’émigration pendant un siècle et demi, est devenue depuis quelques années une terre d’immigration. Les sentiments s’inversent avec le sens des flux.
Programme de géographie : 4e, 1re.
Mardi 2 juin 2009, Arte, 18 h 15, documentaire Les ambassadeurs de Tanna, de Gavin Searle (1/3)
Un reality-show en trois épisodes qui suit, pas à pas, 5 Mélanésiens, membres d’une tribu de Vanuatu, en voyage d’exploration, à la rencontre des « indigènes » britanniques de Grande-Bretagne. De l’humour, des situations cocasses, mais aussi des raccourcis instructifs sur le rapport entre en ce qu’on peut appeler, dans ce cas, deux véritables humanités, la culture mélanésienne (animisme… déjà profondément transformée, malgré les apparences) et la culture occidentale (christianisme…). La domination du Royaume-Uni fut un choc, qui se retrouve, par exemple, dans la création de croyances syncrétiques : un messie devra réunir l’île de Tanna et les Îles britanniques, séparées depuis des millénaires. Les candidats pour incarner ce messie œcuménique sont nombreux : certains y voient tout simplement l’héritier des Windsor, le prince Philip. La décolonisation mentale n’est pas achevée et les espoirs de bonheur par des solutions messianiques courent encore.
Mardi 2 juin 2009, France 5, 2 h 05, documentaire Un Chinois dans les tranchées de Verdun, d’Henri-Paul Korchia et Emmanuel Pham-Nhu
On le sait, la Grande Guerre, 1914-1918, est en grande partie une guerre mondiale et une guerre totale. Les Britanniques ont mis à contribution leurs colonies. Le documentaire rappelle qu’une abondante main-d’œuvre, près de 150 000 Chinois, est débarquée par les Britanniques sur le sol français pour assurer l’intendance de leur corps expéditionnaire. Ce n’étaient pas des combattants que ces coolies, qui ont eu à travailler trois années durant, dix heures par jour et sept jour sur sept (sans le « repos du seigneur » monothéiste). 20 000 d’entre eux trouvèrent la mort (bombardements, épuisement, froid, exactions, grippe espagnole, déminage…). Et, pourtant, les épithètes racistes prennent corps : les « chinks » ou « chinetoques ». Quelques uns restèrent dans le pays pour y travailler, comme ce fondateur de la famille qui fait le sujet du documentaire… de là date la naissance de la « communauté » chinoise en Europe.
Programme
d'histoire : Première guerre mondiale et ses conséquences.
Mardi 2 juin 2009, Arte, 22 h 45, magasine Le dessous des cartes : Une union méditerranéenne
Le projet d’Union méditerranéenne relancé par Nicolas Sarkozy – c’est une
vieille idée – a du mal à voir le jour. Les Européens ne sont pas unis sur la forme à lui donner. Les États de la rive sud et orientale de la Méditerranéenne, sans omettre la question d’Israël,
ne sont pas non plus au diapason. Pourtant ce berceau d’un des foyers majeurs de civilisation est fortement clivé aujourd’hui, notamment par les écarts de richesse entre les États du Nord et ceux
du Sud, mais aussi par des différences culturelles (Occident/Orient) et religieuses (chrétienté/islam) plus emblématisées que fécondes. La forte constitution de l’Europe comme bloc et la
formation de l’aire musulmane ont fait de la Méditerranée une frontière ou une « marche ». Les marchandises et les capitaux circulent, mais beaucoup moins les hommes, encore moins ceux
du Sud vers le Nord. Pas d’union politique, dit-on. Mais, alors une union économique où la Méditerranée est une périphérie de l’Europe et la rive Sud un marché ouvert à la domination du
Nord ? Tout cela rend cette union difficile.
Programme de géographie : 5e
(Maghreb, Asie occidentale), 4e (Europe).
Mardi 2 juin 2009, Arte, 23 h 00, documentaires Tiananmen, vingt ans après de T. Weidenbach et S.
Ming, puis 23 h 55, L’ennemie publique n° 1
Un Thema consacré aux droits de l’homme en Chine. Le sujet est sensible,
comme on le sait et pas seulement pour les Tibétains ou les Oïgours, mus par des aspirations indépendantistes. La révolte survenue sur la place Tiananmen en 1989 a été presque une
« divine » surprise, notamment hors de Chine. Mais, après un moment d’hésitation, l’appareil d’État militaire, politique et partisan chinois a repris les choses en main et lancé une
répression persévérante sur de longues années. Ce n’était pas la voie de réformes choisie par le pouvoir chinois. La Chine, à la fois grand pays et empire, est surdimensionnée. Elle ne se
gouverne comme aucun autre État dans le monde. Le pouvoir chinois a la hantise de l’éclatement à la façon de l’URSS et la hantise d'une révolution intérieure. Les militants des droits de l’homme
existent en Chine. Courageux, on leur mène la vie dure. La conception des droits de l’homme, telle qu’elle est conçue en Occident, ne correspond pas toujours avec les traditions chinoises, pas
totalement en tout cas avec le confucianisme « humaniste ». Les droits de l’homme sont aussi perçus dans le reste du monde comme une arme de guerre de l’Occident. Il n’empêche que les
droits des hommes ne se négocient pas.
Programme de géographie 5e (Asie, Chine) et d'éducation civique 5e (refus des discriminations).
Mardi 3 juin 2009, Arte, 20 h 45, magazine Les Mercredis de l’histoire : Destins d’enfants juifs et de leurs sauveurs de Kirsten
Esch
Quelques dizaines de milliers d’enfants « juifs » échappèrent en Europe à la machinerie exterminationniste nazie. Des individus et des familles, de cultures, de religions (par exemple des catholiques), d’idéaux très divers se sont enquis de les cacher et de les soustraire aux arrestations, aux déportations et peu le savaient à quel point… à la mort industrielle. Ces actes qui n’obéissent pas au mouvement général ont existé dans tous les conflits et à toutes les périodes de l’histoire. Qu’est-ce qui fait que quelques uns, mus par des sentiments complexes d’humanité, passent outre les antagonismes nationaux, politiques, idéologiques, culturels, religieux, physiques… ? On regrettera que ces « justes » – titre que décernent ici les juifs à des non-juifs qui ont sauvé des hommes de religion juive – ne soient jamais assez nombreux.
Programme d'histoire : 3e et 1re (Deuxième guerre mondiale).
Mercredi 3 juin 2009, M6, 20 h 40, magazine Enquête exclusive – Roms, tsiganes : des vérités qui
dérangent
Les Roms, dont le foyer principal se trouve en Roumanie, sont au nombre de 10 000 environ en France. Citoyens de l’Union européenne, ils cristallisent tous les préjugés et cumulent les « étrangetés » : étrangers « nationaux », étrangers « culturels », étrangers sociaux (ils sont tenus pour des parias) et étrangers « ethniques ». Fortement discriminés par les populations, surveillés et confinés par les États, pourchassés par les municipalités… Il est extrêmement difficile d’être nomade et Rom dans l’Europe actuelle. Les sociétés contemporaines étatisent et privatisent les territoires à l’exclusion des nomades, qui ont un autre rapport à l’espace et à la propriété.
Programme d’éducation civique 5e (refus des discriminations) et de géographie 4e (Europe).
Mercredi 3 juin 2009, France 3, 20 h 35, magazine Droit d’inventaire – Ces Français qui ont choisi Hitler
Le sujet s’intéresse à la collaboration de Français avec l’occupant nazi (1940-1945). Le titre racoleur, qui semble désigner des boucs-émissaires et des victimes expiatoires peut donner de légitimes soupçons sur l’émission. Il faudra sûrement être vigilant et trier abondamment. Les invités annoncés sont de valeur inégale. Dominique Jamet, qui prend souvent la posture de l’expert, glisse souvent aussi, dans ses propos, des options idéologiques. Il présentera probablement le rôle que son père a joué pendant la guerre. Max Gallo, historien de formation, a depuis longtemps abandonné les règles de l’écriture de l’histoire. Nouveau chantre de la nation France, à la recherche d’une synthèse entre le nationalisme de droite et le nationalisme de gauche, il entend prendre, d’une certaine façon, la place de Michelet dans le cœur des Français et dans l’écriture de l’histoire de France. Il faudra surtout bien écouter un historien comme Jean-Pierre Azéma, si on lui donne suffisamment la parole.
Programme d’histoire 3e et 1re (Deuxième guerre mondiale).
Jeudi 4 juin 2009, France 3, 20 h 35, série télévisée Un village français 1/6 et 2/6 de Philippe Triboit
La chronique d'un terroir français sous occupation allemande s’annonce réussie. C’est une manière intéressante d’entrer dans la Seconde guerre mondiale et dans la vie des Français, à travers l’histoire d’un village, placée dans le Jura. Comment une France encore profondément catholique et universellement nationaliste sombre dans la défaite et fait face à ses conséquences ? Le glissement se fait insensiblement des espoirs de victoire, à la défaite terrible, l’hébétude, l’abattement, l’angoisse, la résistance, la collaboration… Mais, on oublie facilement qu’il y avait – c’est peut-être le principal – tout un monde de l’entre-deux, fait d’attentisme, de collaboration et de résistance tout à la fois. On aime à penser que les jeux étaient clairs, mais ils étaient surtout multiples (doubles, triples… ; conscients ou provoqués). On l’oublie trop souvent, une même personne peut résister, collaborer, chercher à abriter ses proches ou à se sauver seule, à profiter des circonstances pour se débarrasser de ses rivaux ou de ceux qu’elle jalouse… C’est un moment où l’histoire s’empare de tous les destins quels qu’ils soient. Elle investit les corps et les esprits, même de ceux qui ne se sentent responsables ou coupables de rien et qui espérent lui échapper. Elle en pousse quelques uns à faire un choix volontaire et en oblige le plus grand nombre à faire un choix subi, rarement linéaire, tissé au contraire d’incohérences, de heurts et de malheurs, de petitesses, d'humanité et parfois d'héroïsme. L’historien Jean-Pierre Azéma, conseiller scientifique de la série, a cherché à gommer les incongruités historiques.
Programme d’histoire 3e et 1re (Deuxième guerre mondiale).
Jeudi 4 juin 2009, France 2, 23 h 05, Chine, la révolution capitaliste de Rob Coldstream
Comment la Chine communiste s’est-elle convertie au capitalisme ? Le maître d’œuvre en est Deng Xiaoping (1904-1997), surnommé « le Petit Timonier »,
troisième président de la République populaire de Chine, fondée en 1949 par Mao Zedong. Le fils de propriétaires fonciers du Sichuan réussit au long cours à gravir tous les échelons du parti
communiste et de l’Etat : parti étudier en France au début des années 1920, il doit y travailler pour vivre : il y découvre la condition ouvrière, s’initie au marxisme et s’engage dans
le parti communiste chinois naissant. Poursuivant ses études à Moscou, il rentre ensuite en Chine, où il prend part à la longue lutte contre les nationalistes du Guomindang, de même qu’à la
guerre contre l’occupant japonais. Devenu secrétaire du parti communiste en 1956, il organise les purges contre l’ « aile droite ». L’échec du Grand Bond en avant – qui provoque
une famine de grande ampleur – au début des années 1960 infléchit sa doctrine dans le sens des réformes. Mao tente une reprise en main par la
Révolution culturelle de 1966, qui aboutit, entre autre, à l’élimination de Deng Xiaoping. Il revient progressivement au pouvoir, notamment après la mort de Mao en 1976, et réussit à en prendre
le contrôle en 1978. Éliminant les tenants de « l’Ancien Régime » (la « Bande des quatre »), engageant une politique d’ouverture à l’égard des Etats-Unis, son principal souci
est la modernisation économique du pays. La réforme économique doit précéder la réforme politique, plus lointaine. Il crée quatre zones économiques spéciales (ZES) à Shenzhen, Zhuhai,
Shantou et Xiamen, véritables zones franches capitalistes, portes ou interfaces entre la Chine communiste et l’économie de marché. Le succès est tel, notamment à Shenzhen, qu’elles sont étendues
à toute la côte Est. Le capitalisme s'y engouffre car il y trouve de nouvelles terres d'élection, attiré par l'immense marché chinois et par le différentiel de main-d'œuvre
(coût, disponibilité, qualité, plasticité et docilité). La marche rapide, mais contrôlée, vers le capitalisme est lancée. L’extraordinaire croissance économique de la Chine
bouleverse les positions mondiales, en PIB cumulé : elle est aujourd’hui la quatrième puissance économique, tout près de l’Allemagne. La question est tout autre en terme de richesse moyenne
par habitant. Bien plus, les inégalités socio-spatiales n’ont jamais été aussi grandes. ¼ des Chinois profitent à plein de l’aubaine, ceux de la façade pacifique, la « Chine de
l’ouverture », cœur renforcé du pays. Les risques d’explosion sociale sont patents. Le pouvoir, autoritaire, cherche à maintenir une fiction socialiste, face à la réalité d’un capitalisme
échevelé et violent sous contrôle étatique. Par l’accroissement du bien-être, au moins pour une fraction importante de la population, ce pouvoir cherche à sauver le régime, en
soumettant ce dernier à une réforme politique bien plus lente. Mais, les aspirations au partage des richesses, au partage du pouvoir (démocratie) et la volonté indépendantiste des peuples
périphériques disent assez que l’histoire de la Chine est loin d’être écrite. Celles-ci peuvent contrarier, au moins momentanément, son destin de première puissance
mondiale.
Programme de géographie 5e (Chine), 3e (géopolitique du monde actuel)
Jeudi 4 juin 2009, France 2, 0 h 40, documentaire La traque de l’Affiche rouge, de
23 résistants sont condamnés à mort par un tribunal militaire allemand en février 1944 et exécutés. Leur nom et leur photo sertissent une affiche placardée dans les rues par les autorités allemandes. Figures noires et cheveux hirsutes et des noms à consonance étrangère qui se détachent sur un fond rouge, à la fois bolchevique et sanguinaire, tout est fait pour criminaliser leurs actes et détacher les Français d’une résistance qui ne serait que l’instrument d’étrangers aux desseins anti-français. L’affiche associe donc criminalité, antibolchevisme, racisme et xénophobie. Ce documentaire rappelle que des étrangers ont contribué fortement à la résistance française. Les 23 faisaient partie de la MOI (main-d’œuvre immigrée). Une lettre de Manouchian, le chef du groupe, laisse entendre qu’ils ont été trahis. Par la suite, certains ont incriminé le parti communiste qui les aurait dénoncés, comme monnaie d’échange : la libération d’un personnage important du parti. Les circonstances de la destruction du groupe ne sont pas totalement éclaircies.
Programme de 3e (Deuxième guerre mondiale)
Vendredi 4 juin 2009, France 2, 20 h 40, documentaire Home de Yann Arthus-Bertrand
À ne pas rater : Yann Arthus-Bertrand fait œuvre de salut public et universel. On sait, par exemple, depuis le savant grec Ératosthène (IIIe siècle avant J.-C.), les savants musulmans du Moyen Âge, le premier tour du monde de Magellan et la sortie du premier homme dans l’espace, Youri Gagarine, que la planète – notre monde – est de dimension finie. Mais, l’homme s’il ne modifie nullement en profondeur la planète, affecte cependant profondément les équilibres de l’épiderme terrestre et de l’atmosphère. Aucun espace n’échappe désormais à la main de l’homme ; tout reçoit une marque plus ou moins fortement anthropique. L’homme modifie les équilibres existants – les équilibres naturels ne sont jamais stables, mais en perpétuelle dynamique –, sélectionne les plantes et les animaux – certains sont réduits à une existence dans des musées vivants, appelés zoos – et transforme les espaces, pour le moment, uniquement dans un sens qui lui est immédiatement et exclusivement utile. Même à l’intérieur de l’espèce humaine, les changements sont considérables : certains groupes humains prospèrent aux dépens d’autres. 80 % de la richesse mondiale est détenue ou consommée par 20 % de la population mondiale. La pression sur les ressources, dont beaucoup sont fossiles, donc finies, s’accroît. Les deux problèmes majeurs tiennent à l’écosystème politique (l’inégale distribution de la richesse – il semble qu’on ait sérieusement renoncé à régler le problème de la pauvreté dans le monde) et à l’écosystème écologique (raréfaction des ressources, pollution, réchauffement planétaire, disparition d’espèces naturelles…). La mise en question du développement différentiel sans fin et l’élargissement de la préoccupation écologique se posent au moment où l’Occident voit des secteurs de l’ancien monde « sous-développé » réussir à puiser eux aussi dans ces ressources finies. Il faudra une nouvelle révolution copernicienne pour trouver des équilibres qu’on espère satisfaisants entre les hommes d’une part et entre l’homme et la nature d’autre part. Il est bon de ne pas oublier que l’homme n’est rien par rapport à la nature, qui reste souveraine et qui peut le faire disparaître, quelle que soit son ingéniosité. Le tsunami d’il y a peu n’est rien dans l’histoire géologique de la planète.
© A. Sadki