Du côté de la télé - semaine du 13 au 19 juin 2009
Du côté de la
télé - Histoire, géographie, citoyenneté
Semaine du 13 au 19 juin 2009
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Réviser le bac ou le brevet en regardant la télé (mais sans abus), c'est possible : ce week- end la chaîne Planète diffuse 26 documentaires sur tout le programme de terminale dans une série Spécial Bachotage. Le programme de terminale correspond en grande partie au programme de 3e, de manière plus approfondie.
Le détail des sujets est sur le site de planète :
http://www.planete.tm.fr/planete_bac/accueil.html
Samedi 13 juin 2009, Arte, 20 h 45, documentaire Seuthès l’immortel de Zlatina Rousseva
L’archéologie apporte une contribution croissante à la connaissance de l’histoire. En voici encore une preuve, avec la découverte, en 2004, d’un mausolée entièrement intact dans une vallée qui compte une vingtaine de temples et de tombes royales, près de Sofia (Bulgarie). L’analyse de la tête en bronze identifiée comme celle du roi des Odryses, Seuthès III (342-295 avant J.-C. — les bornes chronologiques du règne sont incertaines) est une voie d’accès à l’étude du pouvoir et de la culture des Thraces, peuple voisin, bien connu des anciens Grecs. La culture thrace, déjà fortement hellénisée, a fort à faire avec la montée en puissance de la Macédoine voisine, entreprise par le roi Philippe, poursuivie par son fils Alexandre le Grand, puis par Lysimaque qui la reçoit en gouvernement comme province. Seuthès III s’est efforcé de maintenir les fondements de la culture thrace. Voilà aussi un homme, qui pour sa part, se soucie d’accéder à l’immortalité. C’est réjouissant de voir Arte porter son regard sur des civilisations anciennes, longtemps considérées comme périphériques, marottes de quelques spécialistes et qui ne s’enseignent jamais dans les programmes d’histoire, fixés par l’éducation nationale en France. La prétendue « liberté pédagogique » ne permet pas d’y suppléer car elle ne concerne pas le contenu des programmes.
Samedi 13 juin 2009, Arte, 21 h 35, documentaire Les origines du langage de Bernard Favre
À ne pas rater. Le documentaire est consacré aux origines du langage articulé dans l’espèce humaine. L’homme de Neandertal, victime de longue date d’une dépréciation générale par rapport à l’Homo Sapiens, en a longtemps été exclu. La découverte d’un larynx de néandertalien au début des années 1990, beaucoup plus ancienne (ca 250 000 ans) que les découvertes du même type concernant l’Homo Sapiens, détruit cette thèse, qui liait parole et langage à cerveau (capacité crânienne etc.) et larynx (existence d’un organe spécifique). Pour l’heure — et c’est très drôle, car toutes les occasions de lutter contre l’égocentrisme sont bonnes —, l’Homo Neandertalis aurait parlé avant l’Homo Sapiens. L’homme biologiquement « sous-équipé », « rustre » et « fruste » a peut être fait la leçon à l’homme « sage » ou « savant » !
Histoire : hors programme (école primaire éventuellement).
Samedi 13 juin 2009, France 3, 23 h 35, documentaire Un village en campagne, d’Yves Jeuland
Observation minutieuse et croustillante de la vie politique locale, enracinée dans le terroir d’une petite commune de 3 200 habitants, Fleury d’Aude, en Midi-Pyrénées. La commune est composée d’une trilogie : le vieux village, la station balnéaire et le petit port. Trois candidats s’affrontent pour les élections, un candidat socialiste, un candidat de droite et un ancien chef d’entreprise. La démocratie locale n’est pas exempte de coups tordus et de coups de bas.
Programme d’éducation civique 6e (la commune) et 3e (les partis politiques et la démocratie) et de géographie 6e (étude de paysage local).
Samedi 13 juin 2009, Arte, 0 h 40, magazine Le dessous des cartes : Yémen, une république de tribus ?
Une présentation géopolitique du Yémen, dans la région de l’Arabie heureuse, surnom auquel cette région a droit depuis l’Antiquité, point de chute terrestre du paradis. Le magazine s’intéresse surtout à la réalité géopolitique contemporaine : l’agencement entre une république et une réalité tribale très forte. Les tribus sont une organisation politique, sociale et culturelle encore insuffisamment étudiée et presque toujours décriée comme adversaire d’une autre construction politique, sociale et culturelle, l’État-nation, exclusivement valorisée depuis deux siècles.
Hors programme : éventuellement géographie 5e (Asie, dont Asie occidentale).
Dimanche 14 juin 2009, Arte, 1 h 10, documentaire Trois filles dans la guerre de Meira Asher
L’histoire de trois jeunes femmes qui ont survécu aux guerres civiles qui ont défrayé la Sierra Leone et le Liberia dans les années 1990. La question de la guerre et des enfants soldats en Afrique sub-saharienne. Un tableau d’horreurs et, en filigrane, une réflexion salutaire sur la forme et la place de la violence dans les sociétés humaines.
Programme d’éducation civique 6e (droits de la personne), 5e (refus des discriminations, droits de l’enfant) et de géographie 5e (Afrique).
Lundi 15 juin 2009, France 3, 0 h 10, documentaire Oradour, le retour à la vie de Marc Desoutter et Laurent Ramamonjiarisoa
Comment survivre à un massacre ? Comment cherche-t-on à recoller à une vie « normale », après guerre, en période de paix, quand les stigmates sont dans les esprits, dans les corps et dans le paysage ? Les deux documentaristes prennent comme fil le concept de résilience, défini par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik. Le terme de massacre s’applique, à la destruction physique d’un nombre important de personnes, qui, en général, sont des non-combattants, c’est-à-dire des « civils ». Le 10 juin 1944, un détachement de la division SS Das Reich regroupe les civils du village dans des granges et l’église : ils les mitraillent et mettent le feu. 642 personnes périssent. Quelques dizaines d’habitants échappent à l’anéantissement. Les Alliés, essentiellement anglo-américains, viennent de débarquer en Normandie. La division cherche à gagner le plus vite possible ce nouveau front, mais sa marche à freinée par des actes de résistance : elle mène donc une politique de terreur, dont elle s'est déjà montrée coutumière sur le front de l'Est.
Le massacre d’Oradour-sur-Glane est un des plus emblématiques de l’histoire de France (avec la Saint-Barthélémy). Cependant, plusieurs centaines peuvent être recensés pour n’évoquer que ceux commis par les troupes allemandes durant la Deuxième guerre mondiale, la plupart sur le front de l’Est (contre les populations des Balkans, les Polonais, les Ukrainiens, les Russes etc.). Il est injuste d’oublier également, ceux commis hors d’Europe et dans des passés plus anciens. À titre d’exemple : alors que les Français sont engagés dans la conquête de l’Algérie, sous la direction du général Bugeaud, un de ses lieutenants, le colonel Pélissier est à la poursuite de la tribu des Ouled Riah (dans le massif du Dahra, près de Mostaganem, entre Alger et Oran), qui finissent par se réfugier dans leurs grottes pour échapper au massacre (on parle alors de razzia). Le 19 juin 1845, il accumule des branchages aux deux entrées des grottes. La nuit durant, les soldats continuent d’alimenter le feu. Un courant d’air et de feu parcourt violemment les grottes. Au plus fort de la nuit, un vacarme assourdissant s’entend, mêlant détonations et explosions, hurlements et gémissements d’hommes et d’animaux. Les animaux et les hommes — ceux qui ont pu le faire — dans une bousculade épouvantable se sont rués vers les entrées d’air, en vain. Un millier de personnes (des hommes, « guerriers » ou non combattants, des vieillards, des femmes, des enfants), au moins — on ne connaîtra jamais les chiffres exacts ; la thèse officielle française, très euphémique pour des raisons aisément concevables, parle de 500 environ — y trouvent la mort. La plupart des relations des militaires français et, pour quelques uns, européens impliqués dans le massacre évoquent l’existence de quelques survivants. Le récit de l’un deux, à la fois acteur et témoin, assure qu’il n’y a eu aucun survivant : il a fait partie du groupe qui a inspecté l’intérieur des grottes le lendemain. Bientôt, les vautours se rassemblent et tournoient autour des grottes. L’odeur pestilentielle et les risques d’épidémie décident la colonne française à quitter rapidement le secteur. D’autres massacres surviennent ensuite. Peu de temps après, le colonel Saint-Arnaud exécute des opérations exactement semblables sur la tribu des Sbéha, de manière préméditée et avec la connaissance parfaite de ce qui vient d’avoir lieu. Saint-Arnaud est le futur bras militaire du coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte en 1851, ministre de la guerre et chef du corps expéditionnaire français en Crimée.
Mercredi 17 juin 2009, France 3, 20 h 35, documentaire Rome secrète de Vincent Manniez
Une autre manière de visiter la capitale italienne et vaticane, en dehors des sentiers intéressants mais battus de la Rome antique, médiévale et baroque. Au programme Guerchin, Caravage etc. pour l’histoire de l’art, mais aussi une cuisine et une mode romaines moins courues.
Programme d’histoire 6e (Rome antique), 5e (Rome médiévale), 4e (Rome baroque) et de géographie 4e (Italie).
Mercredi 17 juin 2009, Arte, 20 h 45, magazine Les mercredis de l’histoire : Guerre dans le Grand Nord de Ralf Daubitz et Jens Becker
La Deuxième guerre mondiale ne se résume pas qu’au front Ouest (et au débarquement du 6 juin 1844). Ainsi est-il du front Nord ou du « front Froid ». Au printemps 1940, les troupes allemandes envahissent le Danemark et, but principal, la Norvège pour contrôler les ressources en minerai de fer. Le contrôle des ressources et la guerre sont une des clés du conflit. Le port de Narvik est l’épicentre des combats. Les Britanniques, avec les Norvégiens prennent l’avantage, mais doivent se retirer quand commence la campagne de France. Ce qui laisse le champ libre à l’Allemagne pour occuper la Norvège, même si la résistance s’organise. La Finlande, avant tout opposée à son puissant voisin, l’URSS, dont les visées expansionnistes ne sont pas tues, entre dans la guerre du côté de l’Axe. Occupées à conquérir Mourmansk, port également stratégique, ouvert sur l’Arctique, à l’hiver 1942, les troupes allemandes doivent faire face à une contre-offensive soviétique. Mourmansk sera le siège d’attaques et de bombardements terribles jusqu’à son désenclavement en 1944.
Programme d’histoire 3e et 1re (Deuxième guerre mondiale).
Jeudi 18 juin 2009, France 2, 22 h 55, documentaire Une épuration française d’Emmanuel Hamon
Comment terminer une guerre — la Deuxième guerre mondiale — sur le front intérieur : la guerre civile entre les Français (résistants, collaborateurs etc.) ? Ce moment s’appelle « l’épuration », avec une chasse plus ou moins encadrée et légale aux collaborateurs réels ou prétendus et une vindicte plus ou moins envahissante. C’est donc une catharsis collective bizarre où le pays cherche à se refonder dans un nouveau creuset, avec le dessein de « retrouver une pureté nationale », où la « faute » se cristallise sur des « boucs émissaires » choisis ou de circonstance. Près de 9 000 personnes seront exécutées et 20 000 femmes tondues. Il y a à la fois des victimes émissaires et sacrificielles, des hommes condamnés pour des faits avérés et des collaborateurs qui réussissent à échapper aux poursuites, en se faisant une nouvelle virginité.
Programme d’histoire 3e et 1re (Deuxième guerre mondiale).
Vendredi 19 juin 2009, France 3, 20 h 35, magazine Thalassa : Aventures dans le Grand Sud
Une belle occasion à saisir pour découvrir une « autre France », d’île en île, à bord d’un navire océanographique, le « Marion Dufresne » nom du découvreur des îles Crozet. Un périple aux abords de l’Antarctique qui permet de visiter des morceaux de France, celle de l’Outre-Mer, du bout du monde, les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) : confettis insulaires, reliquats de l’époque des grandes explorations et de l’empire colonial français. Au programme, les archipels Crozet, Kerguelen, Amsterdam et Saint Paul. N’y vivent, de manière temporaire, que des éclaireurs du monde moderne : des savants ou des gardiens de la souveraineté, de la paix et de la guerre : des soldats.
Programme de géographie 4e et 3e (France) et d’éducation civique.
© A. Sadki