L'URSS à l'époque de Staline
L’URSS SOUS STALINE
I. LA NAISSANCE DE L’URSS
Depuis octobre 1917, les bolcheviques (communistes) sont au pouvoir sous la direction de Lénine. Ils réussissent à sauver la révolution par la victoire dans la guerre civile contre les royalistes et leurs alliés (Britanniques et Français).
1922 : la Russie devient URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) : c’est un Etat fédéral regroupant 15 républiques (carte p 49), mais dominé par la république de Russie et les Russes.
La situation économique est préoccupante, en raison des conséquences de la première guerre mondiale, de la guerre civile et de la crise : grave famine (au moins de 2 millions de morts). Lénine décide de faire un pas en arrière, par le retour à un peu de capitalisme (liberté d’entreprise) : les fermes, l’artisanat et la petite entreprise peuvent exister. C’est la NEP (Nouvelle Politique Economique) mise en place en 1921. Quels en sont les résultats ?
- demi-succès : la production repart, de « nouveaux riches » apparaissent (paysans riches : koulaks ; commerçants et petits industriels dans les villes : nepmen).
- mais le niveau de production de 1914 n’est pas retrouvé (c’est le cas d’autres États comme la France).
Lénine meurt en janvier 1924 (cancer), sans avoir préparé sa succession. Staline réussit à prendre la tête du parti communiste et donc de l’Etat. Il élimine ses principaux adversaires : Trotski est d’abord emprisonné, puis exilé et enfin exécuté en 1940…
Staline veut poursuivre la révolution, mais uniquement en URSS.
II. LA COLLECTIVISATION DE L’ECONOMIE ET DE LA SOCIETE
Staline veut construire une société communiste, qui servira d'exemple fondateur dans l’histoire. Le bien-être et la puissance passent par l’économie, qu’il faut rendre entièrement communiste. En 1928, il met fin à la NEP. L’instrument du développement est le plan quinquennal (1929-1933 : 5 ans), avec trois objectifs à atteindre :
1) faire disparaître toute trace de capitalisme
2) collectiviser les terres pour passer d’une petite agriculture paysanne à une grande agriculture mécanisée
3) industrialiser le pays pour en faire une grande puissance industrielle.
1) La collectivisation des terres
La propriété individuelle (ou privée) est supprimée et remplacée par la propriété collective (ou publique, étatique, nationale). Dans les campagnes, cela se traduit par la création de :
- kolkhoses : les terres sont gérées collectivement par des communautés paysannes (un ou plusieurs villages). Chaque paysan, devenu ouvrier agricole, reçoit un salaire, une maison et un petit lopin de terre (jardin).
- sovkhoses : les terres sont exploitées dans le cadre de grandes fermes mécanisées. Tout appartient à l’Etat : terres, bâtiments, machines et cheptel. L’ouvrier agricole ne reçoit ici qu’un salaire.
La majorité des paysans, qu’ils soient riches (koulaks) ou qu’ils aient reçu des terres en partage sous Lénine, refusent la collectivisation :
- abattage des animaux
- émeutes.
Ces dernières sont violemment réprimées par le gouvernement (police et armée) : tueries, exécutions et déportation de familles. On estime à près de 2 millions le nombre des koulaks arrêtés et internés dans des camps de travail, appelés goulags.
À l’issue du premier plan quinquennal, en 1932, la collectivisation est pratiquement achevée : les kolkhoses représentent 70 % des terres et les sovkhoses 10 %.
2) L’industrialisation
Staline veut faire de l’URSS un grand pays industriel : industrialisation à marche forcée avec construction de grands complexes industriels (combinats), avec des usines (aciéries…), de barrages et de centrales électriques…
3) Bilan
En 1940 :
1) l’agriculture n’a pas eu de grands résultats (collectivisation)
2) l’industrie s’est fortement développée : l’URSS passe pour être désormais la 3e puissance industrielle du monde.
3) la société est bouleversée :
- les paysans individuels et les bourgeois ou grands propriétaires terriens ont pratiquement disparu
- les paysans kolkhosiens, les ouvriers et les employés sont désormais les plus nombreux.
Le rêve de Karl Marx d’une société sans classe ne s’est pas réellement réalisé, car un fossé s’est creusé entre le peuple (paysans, ouvriers et employés) et une nouvelle catégorie sociale : l’intelligentsia (dirigeants, fonctionnaires, intellectuels).
III. UNE DICTATURE À CARACTÈRE TOTALITAIRE
L’URSS à l’époque de Staline est une dictature, qui prend un caractère totalitaire. Celle-ci repose principalement sur :
1) la domination d’un seul homme : Staline qui cumule tous les pouvoirs (chef du parti et chef de l’Etat). En 1934, il élimine les derniers dirigeants de l’époque de Lénine dans de faux procès (Zinoviev, Kamenev, Boukharine…) et bientôt les chefs de l’Armée rouge. Un culte de la personnalité est organisé autour de lui. Il est considéré comme un demi-dieu, un soleil, un sauveur… (voir poème p. 53), bienfaiteur du peuple (« petit père des peuples »).
2) la domination d’un seul parti : parti bolchevique ou communiste, qui forme le cœur de l’État. Les autres partis, considérés comme bourgeois, sont interdits. La « démocratie » ne peut s’exercer qu’à l’intérieur du parti, selon la théorie de la « dictature du prolétariat » (gouvernement des ouvriers), définie par Marx.
3) l’utilisation de tous les moyens de l’État pour encadrer et contrôler les individus et la société
4) la domination d’une idéologie : n’est autorisée que la pensée officielle et unique, définie par Staline et le parti communiste, appuyée par une active propagande et la censure. Volonté de création d’un homme nouveau, avec pour archétype le révolutionnaire bolchevique.
5) une police politique (qui prend la suite de celle des tsars sous des noms divers : Tchéka, puis Guépéou, NKVD et KGB) mène une politique de terreur : arrestations, torture, exécutions, déportations…
6) des camps de travail (et de « rééducation ») nombreux, appelés goulags, concentrent les exclus du régime : tsaristes, bourgeois, koulaks, opposants communistes… La main d’œuvre sert à la mise en valeur du pays. La mortalité est élevée en raison du manque de nourriture et de soin, des maltraitances, de l’épuisement au travail…
Totalitarisme : doctrine et politique par lesquelles l’État vise au contrôle total des individus et de la société.
Remarques :
- les historiens ne sont pas unanimes sur le caractère totalitaire de l’URSS de Staline
- dans tous les cas, il n’est pas possible de la placer sur un pied d’égalité avec le totalitarisme nazi.