LA SFIO ET LA GUERRE, juillet-août 1914
LA S.F.I.O. ET LA GUERRE
juillet-août 1914
INTRODUCTION
1) Bibliographie
* Jean-Jacques BECKER, Victoire et frustrations (1914-1929), Paris, Points-Seuil-Histoire 1990.
* Jean-Jacques BECKER, La France en guerre, 1914-1918, La grande mutation, Bruxelles, Complexe, « Questions au XXe siècle », 1988.
* Jean-Jacques BECKER, Les Français dans la Grande Guerre, Paris, R. Laffont, 1980.
* Jean-Baptiste DUROSELLE, Histoire de la Grande Guerre. La France et les Français, 1914-1920, Paris, Richelieu, 1972.
* Jacques DROZ dir., Histoire générale du socialisme, Paris, P.U.F., t. 2, 1979.
* Jean TOUCHARD, La gauche en France depuis 1900, Paris, Le Seuil, 1977.
* Michel DREYFUS, L'Europe des socialistes, Bruxelles, « Questions au XXe siècle », 1991.
* Alfred ROSMER, Le Mouvement ouvrier pendant la guerre, t.1, Paris, Librairie du Travail, 1936.
2) Présentation des textes
a) Nature
Tous les deux sont des manifestes : écrits publics et politiques propres à définir une orientation politique ou une doctrine, qui sous-tendent une idée de nouveauté et de tournant.
b) Date
Les deux textes sont publiés à un mois d'intervalle :
- 28 juillet 1814.
- 28 août 1814.
c) Les auteurs
Les auteurs sont multiples. Mais, ils appartiennent tous au même parti qui a la responsabilité politique des deux textes : la S.F.I.O., Section française de l'Internationale socialiste1, fondée en 1905 par la fusion de plusieurs courants socialistes.
Le premier émane du bureau politique de la S.F.I.O, le second de toute la S.F.I.O., à savoir le groupe parlementaire, la commission administrative permanente et le conseil d'administration de l'Humanité.
4) Le contexte historique
a) La crise de juillet 1914
28 juin : attentat de Sarajevo.
Le premier texte est publié en pleine crise internationale de juillet 1914. Quelques jours auparavant, s'est tenu un congrès socialiste du 14 au 16 juillet, prévu de longue date pour préparer un grand congrès de l'Internationale socialiste pour août 1914 chargé d'étudier les moyens d'empêcher une guerre éventuelle. Le congrès s'achève par le vote d'une m0tion défendue par Jean Jaurès qui appelle en cas de guerre à une grève générale ouvrière, simultanément organisée dans les pays concernés pour imposer aux gouvernements le recours à l'arbitrage. Le 28 juillet, la crise est dans sa phase d'accélération : c'est le jour où l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.
b) Les déclarations de guerre et les premières opérations militaires, août 1914
On est dans la phase de généralisation de la guerre. Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Le 4 août, c'est au tour du Royaume-Uni de déclarer la guerre à l'Allemagne.
La phase militaire commence peu avant le manifeste de la S.F.I.O. du 28 août. L'offensive française en Lorraine des 19-20 août échoue. Le 20 août, les Allemands occupent Bruxelles. Du 21 au 23 août, Français et Anglais sont défaits dans la bataille des frontières (Ardennes et Charleroi) : les Français sont battus à Charleroi. Sur le front Est, la bataille du Tannenberg entre l'Allemagne et la Russie est engagée le 26 août (elle se termine le 29). Sur le front Ouest, les Allemands progressent vers le Sud et se rapprochent de Paris.
5) Structure des textes
Le premier texte s'organise ainsi :
1. une analyse politique des conditions responsables de la crise.
2. l'affirmation de la position de la S.F.I.O.
3. demande faite au gouvernement de mener une politique de médiation.
Le deuxième texte s'ordonne pour sa part :
1. le parti socialiste autorise deux de ses membres à entrer dans le gouvernement de Défense nationale.
2. le parti, invoquant Jaurès, se consacre à la défense de la France.
3. le parti veut défendre l'idée socialiste et y rallier le gouvernement.
7) Le résumé
Le 28 juillet 1914, la S.F.I.O. manifeste son opposition à une guerre qu'elle croit pouvoir empêcher. Mais le 28 août, elle s'engage et cherche à justifier l'entrée de socialistes dans l'Union sacrée.
8) La problématique
Comment expliquer le changement apparemment brutal dans l'attitude de la S.F.I.O. face à la guerre, passant rapidement de l'opposition à l'Union sacrée en l'espace d'un mois, juillet-août 1914 ?
9) Le plan
I. L'opposition à la guerre, juillet 1914.
II. La S.F.I.O. s'engage dans l'Union sacrée.
I. L'OPPOSITION À LA GUERRE
1. Une analyse politique toute théorique : la conception socialiste et marxiste
L'analyse de la tension politique qui risque de mener à la guerre est toute théorique. Elle prend son argumentation dans la conception socialiste et marxiste traditionnelle.
a. L'explication capitaliste
Le premier responsable de la guerre est tout désigné : « l'anarchie fondamentale du système social », celle du système capitaliste. L'anarchie est provoquée par la libre concurrence qui entraîne « les compétitions des groupes capitalistes », des groupes issus du processus de compétition capitaliste, qui ont des liens avec leur gouvernement respectif.
« Les convoitises coloniales » sont dans l'esprit de la S.F.I.O. liées à cette conception et illustrent une mondialisation de la compétition des groupes qui se disputent les pays faibles. Elles ne sont qu'un aspect des « violences de l'impérialisme ».
b. L'explication impérialiste
Le mot impérialisme est apparu à la fin du XIXème siècle et dans les premières années du XXème siècle. Si le sens premier du mot vient d'impérial, empire, imperium (le général victorieux romain), il a pris un sens précis en Angleterre, en 1880, avec le mot imperialism. L'impérialisme est la politique suivant laquelle un Etat cherche à étendre sa domination politique ou économique au détriment d'autres Etats.
C'est un économiste anglais de tendance socialiste, Hobson, qui, l'un des premiers, l'a utilisé (Imperialism, 1902). Puis ce fut le tour de Rudolf Hilferding et de Rosa Luxemburg. L'impérialisme, selon eux et les socialistes, est un phénomène lié à l'évolution du capitalisme moderne. Parvenu à un certain stade de développement et de concentration, il devient expansionniste, par suite de besoin de débouchés.
Cette évolution dans le domaine économique se reflète sur le plan politique, sur le plan de la conduite des Etats qui mènent une politique extérieure de conquêtes et d'expansion. Les rivalités économiques entre les grands pays capitalistes débouchent sur des tensions politiques. Ainsi, selon Jaurès : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage. »
Voilà, selon les socialistes, l'explication de la cause qui provoque « depuis 10 ans dans toute l'Europe une tension permanente. »
2. La montée des tensions internationales
Le premier document fait allusion aux crises internationales qui se sont multipliées depuis 10 ans et illustrent la montée progressive des tensions :
* la crise marocaine.
* la crise bosniaque, 1908-09.
* la 2e crise marocaine, 1911.
* les conflits balkaniques.
* la crise de juillet 1914.
3. L'hostilité de la S.F.I.O. à la guerre
Les socialistes affirment leur hostilité à la guerre : « les prolétariats de tous les pays se lèvent et protestent ». Est fait allusion :
- à l'hostilité de la IIe Internationale contre la guerre.
- en France, la S.F.I.O. et la C.G.T. ont organisé des meetings et des manifestations.
- en Allemagne, le S.P.D. déclare refuser le vote des crédits de guerre.
Le lendemain, Jaurès prendra la parole à Bruxelles.
La position des socialistes, ce jour-là, est dans la droite ligne de la politique pacifiste définie au congrès précédent.
Il n'est pas fait mention de grève révolutionnaire, qui ne peut être que simultanée et qui ne se faire qu'après avoir pris contact avec les autres partis socialistes. Une grève déclenchée unilatéralement en France mettrait celle-ci dans une position de faiblesse et encouragerait une agression ennemie : inverse du résultat recherché.
4. Faire pression sur le gouvernement pour qu'il se fasse médiateur
Une solution négociée apparaît d'autant plus envisageable aux socialistes car elle est « rendue plus facile par l'empressement de la Serbie à accorder une grande partie des demandes de l'Autriche. » Allusion à l'ultimatum préparé en commun par l'Autriche et l'Allemagne et adressé le 23 juillet à la Serbie. Le mouvement ouvrier réagit mollement comme toutes les formations politiques. Les Serbes ont satisfait à un grand nombre des « demandes » autrichiennes. L'ultimatum exigeait la fin des campagnes contre l'Autriche-Hongrie, la révocation des fonctionnaires serbes coupables de menées antiautrichiennes et la dissolution des groupes nationalistes. Mais, Belgrade a repoussé l'article 6 qui lui imposait la participation à l'enquête sur l'attentat de fonctionnaires austro-hongrois.
La S.F.I.O. pense donc qu'il est possible de négocier. Elle croit encore pouvoir arrêter la guerre. Toutefois, les tentatives faites le 26 juillet par la Grande-Bretagne et la Russie n'eurent pas de résultat.
La direction nationale croit, avec Jaurès, à la volonté de paix du gouvernement français. On pense que la crise sera longue et le B.S.I. n'a sa réunion prévue que pour le 9 août. La direction n'a qu'une confiance ambiguë dans le gouvernement français. Déclencher une grève générale contre un gouvernement pacifique ne lui paraît pas possible. La suspicion est forte vis-à-vis du mouvement ouvrier allemand : la S.F.I.O. pense qu'il ne fera rien contre son gouvernement.
La S.F.I.O. souhaite que la France exerce une influence modératrice sur la Russie qui pourrait être, « entraînée à chercher dans la défense des intérêts slaves un prétexte » à la guerre. La Russie, au nom du panslavisme, prétend défendre les intérêts des autres peuples slaves, et notamment la Serbie. Les précédentes crises balkaniques l'ont montré. Elle risque donc d'entrer en conflit par le mécanisme des alliances, si son allié est attaqué.
La S.F.I.O. s'attribue une attitude analogue à celle du S.P.D. en Allemagne face à son gouvernement. L'Allemagne connaît ses premières grandes manifestations contre la guerre, avec un appel de la direction de la social-démocratie.
II. LA S.F.I.O. S'ENGAGE DANS L'UNION SACREE
La S.F.I.O., c'est l'objet du deuxième texte, cherche à justifier l'entrée de socialistes dans le gouvernement Viviani remanié.
1. La guerre juste : la nécessité de la Défense nationale
Les socialistes français, mais aussi les syndicalistes de la C.G.T., admettent, avec la percée allemande, que la responsabilité de la guerre incombe à l'Allemagne et que la riposte française est celle d'une guerre juste de Défense nationale. D'abord résignée et désolée, l'opinion socialiste devient résolue : les socialistes ont la conviction d'être victimes d'une agression. On s'en prend ainsi à Guillaume II, à l'autocratie et au pangermanisme allemand.
Ainsi, se justifie le thème de la Défense :
- la Défense de la patrie : « c'est de l'avenir de la nation, c'est de la vie de la France qu'il s'agit aujourd'hui. » Le nationalisme communard ressurgit, la défense de la patrie en danger, selon un réflexe jacobin, de défense révolutionnaire.
- la défense de la liberté : c'est ici un réflexe de défense de la liberté menacée, appuyé sur le nationalisme jacobin, dans la ligne de la révolution française.
- la Défense de la République face à l'autocratie allemande. Là aussi, sursaut jacobin de défense de la République en danger, la république étant devenue le régime de la révolution.
- la Défense de la civilisation : but plus global, celui de la lutte de la civilisation contre la barbarie. Ici, on fait parler les morts. On invoque la figure de Jaurès, qui dominait encore, peu avant sa mort, la S.F.I.O. et qui prônait un pacifisme internationaliste, cherchant à empêcher la guerre. Le changement de l'attitude politique de la S.F.I.O. est justifié en appelant Jaurès, à la caution : au-delà de la défense de la France, il est un combat plus vaste, en faveur de l'humanisme, « la liberté, la République, la civilisation. »
2. La guerre juste : la rhétorique socialiste
On ne se bat pas que pour la patrie. Le but révolutionnaire n'est pas écarté. La S.F.I.O. lutte pour une « conviction », « pour que le monde affranchi de l'oppression étouffante de l'impérialisme et des atrocités de la guerre jouisse enfin de la paix dans le respect des droits de tous. »
* La rhétorique marxiste traditionnelle, avec le slogan « Debout les Damnés de la terre ! », reprend la lutte des classes, entre les dominés et les dominants, entre les prolétaires et les capitalistes. Mais, il est question plutôt d'oppression, c'est-à-dire de perte de liberté, que d'exploitation.
* La guerre contre l'impérialisme : une guerre entre les anti-impérialistes et les impérialistes. Ici, dans l'opinion des socialistes, c'est l'Allemagne qui est exclusivement impérialiste, non la France. C'est une rupture en regard de son attitude d'avant-guerre : la guerre impérialiste ne caractérise plus qu'un seul camp : entrer dans la guerre impérialiste pour lutter contre elle ? « Oppression étouffante » : un État réduit un autre à la sujétion ; définition politique : dès lors, l'Allemagne est seule responsable, ayant déclenché la guerre et envahi les régions frontières de la France, la Grande-Bretagne et la France obéissent à un réflexe de défense, notamment de la liberté.
L'ambiguïté du mot permet de masquer des conceptions normalement inconciliables : les socialistes et les ouvriers peuvent ainsi s'engager dans la défense nationale, sans apparemment renier leur conviction révolutionnaire. Désormais, la classe ouvrière fait partie intégrante de la Nation.
* La défense de la paix : on retrouve ici le mot d'ordre pacifiste internationaliste opposé à la guerre.
* Transformer la forme du gouvernement, de l'intérieur : « cette conviction, les ministres socialistes la communiqueront au gouvernement tout entier. Ils en animeront son travail. » La S.F.I.O. se donne un grand but, une tâche difficile, qui sert à masquer aussi sa participation au partage de la responsabilité politique dans la conduite de l'effort de guerre. Elle veut désarmer les contestataires.
3. L'entrée des socialistes dans le gouvernement de Défense nationale
La S.F.I.O. prend « une décision mûrement pesée » de participer au gouvernement Viviani, remanié. L'Union sacrée se fait au sommet et engage la formation politique et sa direction.
Cette décision se traduit par l'entrée au gouvernement de deux personnalités socialistes :
- Jules Guesde : ministre sans portefeuille; il apporte sa caution de doctrinaire intransigeant, lui le petit-fils de Marx, qui a contribué à introduire le marxisme en France.
- Marcel Sembat : ancien blanquiste, qui a rejoint le CCR en 1895, ministre des Travaux Publics.
Léon Blum est chef de cabinet.
4) Une « décision mûrement réfléchie » ?
Essai d'explication du retournement rapide de l'attitude de la S.F.I.O.
Le 29-30 juillet, réunion du BSI : les dirigeants croient la guerre impossible et pensent que la solution à la crise sera pacifique. L'Internationale est bloquée surtout par les socialistes français. Pour eux, le principal responsable c'est l'impérialisme allemand et austro-hongrois, leur prolétariat est coupable de ne pas s'en rendre compte. Ne veulent pas d'une action de paix de l'Internationale par l'entremise des pays neutres. Porte l'échec jusqu'en 1917. La SFIO confère un cachet socialiste et internationaliste aux buts de guerre alliés et finalement partage la responsabilité dans la conduite de la guerre.
La précipitation des événements :
31 juillet : assassinat de Jaurès.
1er août : déclaration de guerre de l'Allemagne à la Russie; la France décrète la mobilisation générale.
En fait, la décision est rapide et sans débat : le gouvernement Viviani présente ses projets de loi qui sont adoptés unanimement à la Chambre des députés : organiser la défense nationale avec des crédits militaires.
Le 4 août, au matin : Léon Jouhaux déclare sur la tombe de Jaurès : « Nous serons les soldats de la liberté. »
Ainsi :
1er août : mort de l'Internationale.
4 août : mort de l'internationalisme.
CONCLUSION
Les deux manifestes illustrent le renversement complet, à 180°, de l'attitude officielle de la S.F.I.O. face à la guerre, l'espace d'un mois, du 28 juillet au 28 août, montrant la précipitation incroyable des événements.
La S.F.I.O. ne réussit pas à empêcher la guerre et à échapper au tourbillon. Échec du mouvement socialiste : il n'est pas responsable du conflit, mais n'a pas su l'empêcher. Par la suite, il s'engage dans l'Union sacrée et en partage la responsabilité. La S.F.I.O. décide de s'engager dans l'Union sacrée, à la défense de la France ; une attitude scellée par une participation directe et officielle à un gouvernement de Défense nationale. Les deux ministres socialistes sont bientôt rejoints par un troisième, le 29 octobre 1914, Albert Thomas, sous-secrétaire d’État à l'Artillerie, puis ministre de l'Armement de décembre 1916 à décembre 1917.
Il s’agit d’une rupture historique : la S.F.I.O. renie dans les faits ses prises de position théoriques socialiste et marxiste d'un avant-guerre, dominé par le mot d'ordre de « guerre à la guerre », appuyé sur l'internationalisme et le combat de chaque parti socialiste contre le gouvernement de son pays. Le mouvement ouvrier s'effondre et est emporté dans la guerre. Il y a une grande disjonction entre les déclarations de principe, théorique et doctrinale, et les faits.
Mais :
- l'historiographie aujourd'hui [années 1990], autour de Jean-Jacques Becker, privilégie le facteur de continuité dans l'attitude politique de la S.F.I.O. et dans l'attitude de la masse des ouvriers. Il n'y a rien de surprenant : les ouvriers sont plus sérieusement mus par le nationalisme que par le socialisme. La direction de la S.F.I.O., elle-même acquise aux mêmes idées, justifie la mobilisation de masse des ouvriers en adoptant une ligne politique qui la suit et évite de briser complètement l'organisation du parti.
- la S.F.I.O. n'est pas le seul parti européen à s'engager ainsi. C'est toute l'Internationale qui s'effondre et la plupart des partis socialistes européens se résument à la même attitude. Mais le parti qui a opposé une résistance minoritaire la plus forte est le S.P.D. Et la S.F.I.O. va illustrer l'exemple de la « collaboration de classe » la plus avancée de tous les partis socialistes européens.
Ainsi, le mouvement socialiste se brise sur l'intégration nationale. La nation est plus que plus forte que l'internation. Les frontières géographiques et nationales sont plus fortes que les frontières de classe. Désormais, la S.F.I.O. affiche dans les faits sa propension réformiste, c'est-à-dire de participation à la vie politique nationale, dans le cadre des règles définies, avec l'idée, non plus de briser le régime capitaliste et bourgeois par la voie radicale de la révolution, mais de la réforme intérieure progressive. Mais, la S.F.I.O. ne participera à un gouvernement qu'en 1936.
Cette évolution générale va susciter un malaise notamment chez les jeunes militants, puis une opposition minoritaire, qui sera grandissante :
- d'abord au sein de la C.G.T., autour de la Vie Ouvrière (Pierre Monatte et Alfred Rosmer).
- puis, au sein de la S.F.I.O., à partir de mai 1915, notamment dans la Fédération de la Haute-Vienne, puis autour de Jean Longuet. La S.F.I.O., avec une tendance plus radicale, est partiellement et indirectement engagée à la conférence de Zimmerwald, septembre 1915, qui voit le regroupement d'une opposition socialiste internationale à la guerre, quoiqu'encore très limitée, qui se radicalise à la conférence de Kienthal (1916).
Sur la pression des pacifistes, dont le poids a augmenté suite à la crise de 1917, la S.F.I.O. se retire du gouvernement en septembre 1917, pour éviter son éclatement. Cette tendance devient majoritaire en juillet 1918 et au congrès du 6 au 9 octobre 1918, elle prend la direction de la S.F.I.O., avec (Ludovic) Oscar-Louis Frossard.
Aziz Sadki