LA MONARCHIE ABSOLUE EN FRANCE
chap 2 p 24-39
I. LOUIS XIV, UN MONARQUE DE DROIT DIVIN
Louis XIV est né
en 1638 et règne de 1643 à sa mort en 1715.
Attention repère ! 1661-1715 : gouvernement personnel de Louis XIV.
1) Un roi sacré
Louis XIV en costume de
sacre, tableau de Hyacinthe Rigaud, 1701 (doc 1 p 26)
Remarque : Louis XIV pose ici alors qu’il a 63 ans ; le tableau est fait largement a
posteriori.
1. D'après le tableau de Rigaud, quels sont les attributs du roi ?
Quelle est leur signification ?
ATTRIBUTS DU ROI
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SIGNIFICATION
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sceptre
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pouvoir politique de
commandement : royauté issue de dieu (roi lieutenant de dieu sur terre)
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épée dite de Charlemagne
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pouvoir
militaire : en particulier défense de l’Église catholique. Symbole de pouvoir, de vie et
de mort
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croix de l'ordre de
Saint-Louis
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décoration militaire réservée aux officiers catholiques
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couronne royale
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suzeraineté suprême, le plus haut degré de la noblesse (roi = chef des nobles)
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main de justice
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pouvoir
judiciaire : mission de rendre la justice, que (d’après la Bible) doit remplir l'autorité royale, issue de la consécration divine
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fleur de lys
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symbole solaire
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manteau bleu
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tenue du grand prêtre dans la Bible hébraïque
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Ces
attributs (ou regalia), et donc les pouvoirs auxquels ils correspondent, sont remis au roi le jour de son sacre, à Reims en 1654. Ils reprennent de
nombreux attributs de Charlemagne. (Ils sont ensuite déposés dans l’abbaye royale de
Saint-Denis et sont de nouveau utilisés à l’occasion du sacre du roi suivant).
Le sacre (depuis le XIe s.) donne aux rois de France un caractère
religieux. Il reprend le modèle de Pépin le Bref, sacré en 754 à Saint-Denis.
2) Un pouvoir de droit divin
Extraits de Bossuet, Politique tirée de l'Ecriture Sainte (manuel composé pour le Dauphin, dont il est le précepteur de 1670 à
1679) :
1)
« Considérez le prince dans son [palais]. De là, partent les ordres qui font aller [ensemble] les magistrats et les
capitaines, les citoyens et les soldats, les provinces et les armées par mer et par terre. C’est l’image de Dieu qui, assis au plus haut des cieux, fait aller toute la
nature. »
2) « Dieu établit les rois comme ses ministres et règne par eux sur les peuples. Les princes agissent donc comme ses lieutenants sur terre
[...]. La personne des rois est sacrée [...]. Dieu les fait oindre d'une onction sacrée [...]. Quand le prince a jugé, il n'y a pas d'autre jugement [...]. Il n'y a que Dieu qui puisse juger de
leurs jugements [...]. »
Le "roi est l'image de Dieu", c'est-à-dire qu'il tient son pouvoir directement de dieu et non des
hommes, ce qui en fait un pouvoir de droit divin. Comme le pouvoir du roi est d'origine divine, il n’est pas pensable de le critiquer : cela devient
sacrilège et un crime de lèse-majesté (la critique est d’ailleurs souvent déplacée sur ses
ministres qui sont alors incriminés). Les Français sont des sujets et doivent lui obéir.
Surnommé "Roi très chrétien", il est le chef de l'Église de France (Église gallicane). Il se veut
indépendant par rapport au pape. Le roi veut établir l'unité religieuse dans son royaume. En 1685 (Édit de Fontainebleau), il révoque l'Édit de Nantes (mis en place par Henri IV) : la religion
protestante est interdite et les protestants sont forcés de se convertir au catholicisme. Beaucoup (près de 100 000 personnes) doivent s'exiler, ce qui appauvrit le
royaume.
Précision : de 1681 à 1698, les protestants ont l’obligation de loger les troupes (dragons)
royales pour les forcer à se convertir au catholicisme, ce qui entraîne des résistances locales, comme à Orange.
Dragonnade à Orange (1685), gravure de Jean
Luyken.
source : http://platea.pntic.mec.es/~cvera/aplicacion/telemaque/histoire/dragonnades.jpg
3) Un pouvoir absolu avec des limites
L’État royal moderne, formé à la fin du Moyen Âge, prend un caractère absolu à partir de Louis XI et de François Ier,
se renforce sous Louis XIII (avec le cardinal Richelieu, comme principal ministre) et culmine sous Louis XIV.
Le pouvoir est pyramidal et
centralisé :
- le roi n’a de comptes à rendre qu’à dieu et non aux
hommes
- Louis XIV gouverne seul, sans principal
ministre, à partir de 1661. Les ministres, secrétaires d’État et conseillers préparent les lois et les décisions : mais, seul le roi décide.
- les intendants exécutent les lois dans les
généralités (régions administratives).
Ainsi, le
roi est sacré, avec un pouvoir de droit divin, absolu, personnalisé et centralisé.
Mais, son pouvoir n’est pas entièrement absolu. Il doit, par exemple :
- respecter les lois fondamentales du royaume
- transmettre l’intégralité du domaine
royal à ses successeurs (il est donc simple usufruitier : les rois passent, la royauté demeure)
- transmettre le pouvoir à son fils
aîné (droit de primogéniture)
- défendre la religion
catholique
- respecter les coutumes des
provinces
- veiller à être juste (éviter
l’arbitraire)
- faire face à des résistances au
pouvoir absolu (venant de la population, des nobles et du parlement).
II. VERSAILLES, LE MIROIR DE LA MONARCHIE ABSOLUE
Louis XIV décide de quitter Paris pour s’installer en 1682 dans le château de Versailles, qu’il vient de faire construire. Le gigantisme architectural confine à la
mégalomanie.
Le château relève de l’art classique, tant pour l’architecture, la sculpture que la peinture. De nombreux éléments sont empruntés à la
Renaissance et à l’art gréco-romain.
L’architecture : les façades répondent à des critères de symétrie, d’ordre, de rigueur, de tranquille équilibre, de clarté :
- rez-de-chaussée : murs en bossage (pierres apparentes) et arcades
- 1er étage : étage noble : grandes fenêtres et avant-corps (balcons) avec des colonnes ioniques
- 2e étage : attique, rythmé par des fenêtres rectangulaires avec une balustrade.
Les rues de la ville, les allées et les bassins des jardins forment des lignes qui convergent vers le
château. Ce sont des jardins à la française, organisés selon des formes géométriques régulières, avec pour but : soumettre la
nature à l’ordre humain, à l’esprit géométrique et rationnel. L’usage de l’eau (fontaines et bassins) tient davantage de l’art baroque.
Le répertoire est nourri par la mythologie gréco-romaine : héros et dieux grecs et romains (Poséidon, Diane,
Hercule…).
source : http://www.galeriedesglaces-versailles.fr/html/11/collection/c17.html
Le jeune Louis XIV s’associe lui-même au plus prestigieux des dieux grecs : Apollon (dieu de la lumière) et se fait représenter en « Roi-Soleil ». Cependant, la
représentation apollinienne ne correspond qu’à la première partie de son règne (1653-1675). D’autres représentations, plus historiques, se succèderont jusqu’à la fin du
règne.
Le château est le lieu de démonstration du pouvoir royal absolu :
- la chambre du roi est au cœur du château et du parc. Elle donne côté cour (militaire et urbain) et côté jardin : le roi est au centre du pouvoir, au centre du royaume,
au centre du monde.
- le château est le siège du gouvernement (conseils, bureaux…)
- la cour illustre la
théâtralisation du pouvoir royal :
les nobles doivent vivre à Versailles, sous la surveillance du roi. Ils sont transformés en courtisans qui perdent leur indépendance et sont soumis entièrement au roi (honneurs, pensions,
charges, fêtes somptueuses… grâces et disgrâces). La vie de cour est rythmée par la journée du roi. La cour est un moyen de gouverner, en domestiquant la noblesse, vouée au culte du roi,
quotidiennement mis en scène. Mais, les nobles se sentent mal logés dans les mansardes du château et certains trouvent trop pesante la théâtralisation du pouvoir royal ;
bientôt, ils préfèrent les hôtels particuliers des environs du château.
III. UNE SOCIÉTÉ D'ORDRES INÉGALITAIRE
La société française est fondée sur les privilèges :
droits ou avantages réservés à une catégorie de personnes.
La théorie de la société d'ordres est formulée depuis plusieurs siècles :
« Nous ne pourrions vivre
ensemble en égalité de condition ; ainsi il faut par nécessité que les uns commandent et que les autres obéissent.
Les uns sont dédiés
particulièrement au service de Dieu ; les autres à conserver l’État par les armes ; les autres à le nourrir et le
maintenir par les exercices de la paix. Ce sont les trois ordres ou États généraux. »
Charles
Loyseau, Traité des ordres et simples dignités, 1613.
1. Quelles sont les deux catégories de personnes définies par l'auteur ?
- ceux qui commandent : bellatores
- ceux qui obéissent : laboratores
2. Quelle est la fonction de chacun des trois ordres ?
- clergé : fonction sacerdotale (religieuse)
- noblesse : fonction guerrière et politique
- Tiers-État : fonction économique : travailler pour nourrir la société, en particulier les deux ordres
supérieurs.
3. Sur quel principe est fondée la division des trois ordres selon l'auteur ?
La division en ordres ou États est fondée sur l'inégalité. Pour Charles Loyseau, elle est
« naturelle », nécessaire et voulue par dieu. L'inégalité commence dès la naissance.
ordre
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privilèges
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obligations
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Fortune
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sur 20 millions d'habitants
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clergé
- haut clergé
- bas clergé
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pas d'impôt, pas de services des armes, ne travaillent pas, ont leurs propres tribunaux
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"don gratuit" versé à l'État
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élevée : revenus des terres et dîme payée par le Tiers-État. Le bas clergé vit moins aisément
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130 000 personnes
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noblesse
- d'épée
- de robe
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pas d'impôts et ne travaillent pas
pas d'impôt et travaillent pour l'État (propriétaires de leur charge-office)
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service des armes
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élevée :
- revenus des terres et pensions royales
- revenus des offices
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300 000 personnes
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Tiers-État
- bourgeois
- petit peuple des villes
- paysans
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aucun privilège
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- la taille (impôt) au roi
- impôts indirects au roi, dont gabelle (impôt sur le sel)
- la dîme (dixième de la récolte) au clergé
- redevances aux nobles
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- bourgeois : élevée (commerce)
- petit peuple des villes : aisés ou pauvres
- paysans laboureurs : aisés
- grande masse des paysans : pauvres
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98 % (près de 20 M)
dont 85 % de paysans
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Conclusion :
La société
française est fondée sur l'inégalité de dignité, de droits, de devoirs et de fortune.