L’EUROPE MODERNE
XVIIe- XVIIIe siècles
Histoire
Chap 1 p 8-23
Objectif : montrer que l’Europe est
divisée et diverse et qu’elle devient un pôle de puissance mondial.
Quels sont les grands contrastes de l'Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles ?
I. L'EUROPE DES ROIS
Comment l'Europe moderne
s'est-elle constituée ?
Quels sont les types d’États d’Europe ? Quels sont les grands États
d’Europe ?
L'Europe est politiquement divisée en de multiples États :
- ce sont des monarchies (ou royautés) et quelques empires
(Saint Empire, Empire russe, Empire ottoman). Le pouvoir se transmet généralement de manière héréditaire, au sein d’une même famille,
formant de dynasties.
Remarque : dans l’empire ottoman, le souverain prend le titre de calife (voir programme de
5e).
- quelques républiques (gouvernées par une famille princière en
général).
Les Habsbourg sont la famille la plus puissante d’Europe (du début du XVIe siècle au
milieu du XVIIe siècle) : elle porte le titre d’empereur, dirige l’Espagne, le Saint-Empire (voir carte)… et la plus grande partie des colonies européennes (notamment en
Amérique).
Remarque : le Saint-Empire est morcelé politiquement en de nombreux petits États
Quelle est la situation religieuse de l’Europe ?
L'Europe est très divisée en matière religieuse :
- tous les Européens croient en dieu et sont, en général, soumis à l'obligation de suivre
la religion de leur prince
- la plupart sont chrétiens, soit orthodoxes (Est : suivent des patriarches), soit
catholiques (Sud-Ouest : suivent le pape), soit protestants (Nord-Ouest : suivent différentes Églises, notamment les luthériens, les calvinistes et les anglicans)
- il y a des musulmans au Sud-Est et des minorités juives partout en
Europe.
Rappel : aucune de ces religions n’est d’origine « européenne ». La plus anciennement
établie est la religion juive, ensuite la religion chrétienne qui a su s’imposer et enfin l’islam.
Les États et les religions sont les principaux facteurs de
guerre :
Les guerres sont très fréquentes et meurtrières, en particulier
la guerre de Trente Ans. Au XVIIe siècle, l’état de guerre dure souvent plus longtemps que l’état de paix : en moyenne 58 années pour les principaux États. Ainsi, de 1610 à 1715, la Pologne a été 85 ans en guerre, la Russie 79, l'Espagne 74, les Provinces-Unies (Pays-Bas) et la France 57
ans.
- Les guerres religieuses sont également fréquentes jusqu’au
milieu du XVIIe siècle, en particulier entre chrétiens, spécialement entre catholiques et protestants. Elles interviennent par intermittence entre chrétiens et musulmans, entre lesquels il y a
toujours un état de guerre latent.
- Les guerres étatiques se multiplient. Depuis le milieu du XVe siècle, certains Etats se donnent une organisation plus efficace, appelée État
moderne :
-> volonté d’agrandir le territoire et d’avoir plus d’habitants pour collecter plus d’impôts, avoir
plus de ressources, recruter plus de soldats…
-> pour cela, il faut une administration plus efficace et une armée
permanente.
Conséquences :
- les rapports de puissance changent. Les États hégémoniques d'Europe sont successivement l'Espagne (1500-1648), la France (1648-1714), puis l'Angleterre
(1714-1914)
- les guerres modifient les frontières. À la fin du XVIIIe
siècle, certains États, comme le royaume de France, se sont agrandis. L’Europe est divisée et marquée par l’instabilité politique.
Vocabulaire :
confession : manière de pratiquer une même religion
hégémonie : domination d’un Etat
II. L’EUROPE DU PLUS GRAND NOMBRE
Extrait du Livre de raison de Joseph Bastide et Valérie
Origet :
prénoms des enfants de J. Bastide et V. Origet
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sexe
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date de naissance
|
date du décès
|
Âge au décès
|
M
|
F
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François
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x
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|
26-9-1668
|
29-1-1669
|
4 mois
|
Antoinette
|
|
x
|
20-2-1670
|
29-5-1674
|
4 ans et 3 mois
|
André
|
x
|
|
26-2-1671
|
15-8-1704
|
33 ans et 6 mois
|
Marie
|
|
x
|
31-10-1672
|
3-12-1676
|
4 ans et 1 mois
|
François
|
x
|
|
28-12-1673
|
10-9-1679
|
5 ans et 9 mois
|
W
|
|
x
|
29-1-1675
|
|
|
Anne
|
|
x
|
18-9-1676
|
17-6-1678
|
1 an et 9 mois
|
X
|
|
x
|
28-12-1678
|
9-3-1685
|
6 ans et 3 mois
|
Y
|
x
|
|
5-2-1682
|
14-2-1684
|
2 ans
|
Z
|
x
|
|
27-6-1683
|
|
|
1) Combien d’enfants Joseph Bastide et Valérie Origet ont-ils eu ? 10
2) Combien de filles ? 5
3)
Combien de garçons ? 5
4) Combien de leurs enfants ont survécu plus de 1 an ? 9
5)
Combien ont passé l’âge de 6 ans ? 4
6) Combien sont encore vivants au moment où J. Bastide termine cette page ?
2
7)
En combien d’années, Valérie Origet et Joseph Bastide ont-ils eu tous ces enfants ? 15 ans
Remarque : une naissance, en moyenne, tous les un an et demi. L’intervalle
intergénésique (entre deux conceptions) est réduit.
8)
Un des fils survivants est mort à 35 ans. Combien reste-t-il d’enfants pour continuer la lignée ?
(donne leur sexe). Un seul survivant : une fille. La descendance masculine s’éteint.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la natalité est forte,
mais la mortalité également, surtout la mortalité des enfants. On fait beaucoup d’enfants dans l’espoir d’avoir des survivants et autant de bras pour travailler. Peu parviennent à l’âge adulte.
Résultat : la population européenne augmente peu.
1) La nature du document est celle d’un graphique, précisément
d’un diagramme à trois courbes.
2) Le nombre des décès augmente brutalement de juin 1692 à juin
1694 : on passe d’une vingtaine de morts par mois à un maximum (pic de mortalité) de 120. Ensuite, le nombre diminue.
3) Le nombre des naissances diminue fortement entre le début de 1692
et la fin de 1694 : 1/3 de naissances en moins.
4) Le prix du blé augmente fortement et régulièrement entre les
mêmes dates : il est multiplié par 4.5. Ensuite, il baisse.
5) L’augmentation du prix du blé entraîne l’augmentation du nombre
de décès et la baisse du nombre des naissances. Le blé devenu rare et cher provoque la famine.
Rappel :
- famine : manque général de
vivres.
- disette : manque temporaire et partiel de
vivres.
6) L’augmentation du prix du blé peut être
provoquée :
- par de mauvaises récoltes, liées aux mauvaises conditions climatiques (sécheresse, froid, gel, inondations…).
C’est l’exemple de Rouen.
- destructions de récoltes par les guerres
7) Colorier la zone où
les décès sont supérieurs aux naissances.
8) À partir du milieu de l’année 1694, il y a une
phase de récupération (assez limitée) et de « retour à la normale » (enfin presque !).
9) Les années 1692-1694 correspondent à
une crise démographique : hausse brutale de la mortalité suivie d’une diminution du nombre des mariages (nuptialité) et des naissances.
Tendances d’ensemble :
- De 1600 à 1740, la population européenne n’augmente guère en
raison des crises démographiques.
- À partir de 1740, des changements apparaissent : dans
l’Europe du Nord-Ouest (notamment en Flandre), on supprime la jachère (repos de la terre) pour cultiver des plantes fourragères (luzerne…), ce qui permet de développer l’élevage, d’avoir plus de
lait, de viande et de fumier. L’intensification et l’extension (défrichement) des cultures permettent de nourrir plus d’hommes et de rendre plus rares les crises démographiques. La population de
l’Europe croît d’1/3 entre 1700 et 1800, passant de 120 à 180 millions.
Remarque : l’Europe est la première région du monde à
commencer sa « transition démographique ».
III. L’EUROPE DES MARCHANDS
Doc 1 p
16 :
Qu’est-ce qui fait la richesse d’Amsterdam et des Provinces-Unies ?
La bourse d’Amsterdam est la plus grande place financière
d’Europe :
- les marchands empruntent de l’argent à des banquiers ou
financiers qu’ils remboursent plus tard avec intérêt : c’est le crédit.
- usage du billet de banque
(papier monnaie).
La finance et le commerce font la richesse des
Provinces-Unies : les riches bourgeois deviennent de plus en plus puissants. C’est la
naissance du capitalisme (marchand et financier) moderne. La bourgeoisie industrielle, marchande et financière poursuit son ascension triomphale,
notamment dans l’Europe protestante.
Carte 3 p
17
Quel est le cœur économique de l’Europe ?
Le cœur économique de l’Europe est l’Europe du Nord-Ouest (Provinces-Unies, Flandre, bassins de Paris et de Londres) : cœur industriel (textile, métallurgie), commercial, financier. Ce n’est plus
l’Italie du Nord et la Méditerranée qui dominent. (L’Atlantique s’esquisse comme le centre du commerce mondial.)
Remarques : le cœur du commerce mondial se localise dans
des métropoles boursières successives :
- XVIe siècle : domination de la bourse
d’Anvers
- XVIIe : bourse/banque d’Amsterdam
- XVIIIe-1918 : banque d’Angleterre et bourse de
Londres
- depuis 1919 :
bourse de Wall Street à New York.
Carte du commerce
hollandais au XVIIe siècle :
Source: http://www.odu.edu/~mcarhart/hist102/images.htm
Comment s’effectue le grand commerce international
?
Le grand commerce international est
une autre source d’enrichissement :
- les compagnies de commerce
(hollandaises, anglaises, françaises, espagnoles et portugaises)
- le commerce triangulaire, fondé sur le commerce des esclaves (ou traite des noirs), pratiqué par les pays atlantiques (Portugais,
Espagnols, Français, Anglais…), entre l’Europe, l’Afrique (achat et capture d’esclaves) et l’Amérique.
Les bateaux quittent les ports de l’Atlantique, chargés de pacotille (marchandises
de peu de valeur), qui est échangée en Afrique, dans le golfe de Guinée contre des esclaves, achetés à des populations noires qui pratiquent l’esclavage. Deuxième
solution : des mercenaires débarquent des bateaux et capturent des noirs (razzias) qu’ils réduisent en esclavage. Les esclaves, entassés par centaines dans des bateaux négriers, sont
déportés en Amérique, où ils sont vendus et soumis à des travaux forcés perpétuels. Les bateaux reviennent en Europe chargés de produits tropicaux (sucre, tabac…). Ainsi, un bateau réalise trois
profits successifs dans un circuit triangulaire.
Ce commerce enrichit les bourgeoisies marchandes et les villes portuaires. Ainsi, est-ce le cas pour le royaume de
France de Bordeaux, La Rochelle, Nantes, Saint-Malo….
Remarque : c’est dans cette période que l’Europe accède à
la suprématie économique mondiale, surpassant l’Asie (Inde et Chine notamment).
IV. L’ART BAROQUE ET L’ART CLASSIQUE
Pour cette dernière partie du cours, voir L'Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles (suite) - 4e - 2010