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HISTOIRE GEOGRAPHIE CITOYENNETE

Un président de la république élu au suffrage universel en France ? Le débat fondateur du 6 octobre 1848.

16 Octobre 2011, 17:44pm

Publié par histege

DEBAT SUR LE MODE D'ELECTION

DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

 

Assemblée constituante, 6 octobre 1848

 

Pour lire des extraits du débat entre Jules Grévy et Lamartine : Un président à la tête de la république en France, depuis 1849

 

INTRODUCTION

 

1. Bibliographie

 

* Maurice AGULHON, 1848 ou l'apprentissage de la République, 1848-1852, Paris, Points-Seuil Histoire, 1973.

* Louis GIRARD, La IIe République, Paris, Calmann-Lévy, 1968.

* Denis LACORNE, L'Invention de la République, Paris, Hachette, col. "Pluriel", 1991.

* André JARDIN, Alexis de Tocqueville, 1805-1859, Paris, Hachette, 1984.

 

2. Présentation des textes

 

Nature et date

 

         Deux discours politiques parlementaires, prononcés le 6 octobre 1848 à la tribune de l'Assemblée nationale et publiés le lendemain dans le Moniteur universel.

 

Auteurs

 

         Jules Grévy (1807-1891) :

         - de famille campagnarde du Jura

         - avocat

       - républicain modéré : élu en 1848 à l'Assemblée constituante (puis à l'Assemblée législative)

       - sa grande carrière vient après avec l'opposition à l'Empire et surtout avec les premières années de la IIIe République (président de la République, 1879-1887).

 

         Alphonse-Marie-Louis de Lamartine (1790-1869) :

        - poète romantique : auteur en 1820 des Méditations poétiques ; académicien depuis 1830

           - un moment diplomate, 1820-sept. 1830.

           - député à partir de 1833

        - à partir de 1842, passe à l'opposition active à la monarchie de Juillet, contre l'immobilisme de Guizot ; fonde un journal d'opposition et publie l'Histoire des Girondins (1847)

          - rôle de premier plan dans la révolution de février 1848 : forme le gouvernement provisoire et proclame la République, comme ministre des Affaires étrangères. Le 23 avril, élu dans 10 départements et mobilise 1 600 000 voix. Mais, le 10 mai, n'est élu qu'en 4e position lors de l'élection de la Commission exécutive par l'Assemblée constituante

        - à partir de là, sa popularité décroît ; son programme apparaît comme trop utopique : rallier et concilier tous les partis sur son seul nom : d'où la méfiance à la fois de l'extrême gauche et de la droite modérée

             - à la suite des journées de juin, on lui reproche d'avoir manqué d'énergie

             - prend une part active à l'élaboration de la Constitution :

                   - souligne le danger du bonapartisme

                   - soutient l'élection du président de la République au suffrage universel.

 

Contexte historique

 

     Depuis l'insurrection de juin, la Commission exécutive a dû laisser la place au gouvernement du général républicain Cavaignac, formé le 28 juin, à qui l'Assemblée constituante a remis les pleins pouvoirs.

         Réaction au pouvoir :

      - des hommes, comme Cavaignac, sont des républicains radicaux, mais étrangers à la question sociale. Glissement à droite, avec réintégration de l'ancienne gauche dynastique (Barrot), retour de Thiers...

        - Lamartine effacé

        - extrême gauche éliminée : Blanqui emprisonné, fin août Louis Blanc part pour l'exil.

         Une Commission a été chargée d'élaborer le projet de la constitution à partir de mai 1848 :

           - légère majorité des républicains modérés, dont le président Cormenin (rédacteur de la loi électorale) et Armand Marrast, ancien directeur du National.

        - forte minorité conservatrice : Barrot, Thiers, Tocqueville, Beaumont, Dupin, Dufaure.

         - 2 « montagnards » : Lamennais (qui démissionne rapidement) et le fouriériste Victor Considérant (ne joue pas un grand rôle).

         Son travail est terminé peu avant l'insurrection de juin.

      Depuis le 4 septembre, l'Assemblée commence à discuter de la Constitution en première lecture.

         Le 17 septembre : Louis-Napoléon Bonaparte, réélu, vient siéger à l'Assemblée (élu le 4 juin, préfère rester en Angleterre où il se trouvait en exil).

 

Structure des textes

 

         Le discours de Jules Grévy est plus clairement construit que celui de Lamartine, qui donne plus de place aux effets rhétoriques.

 

Plan

 

I. Le président de la République, un roi caché

II. Les risques du suffrage universel : le césarisme

III. Deux visions de la République

 

I. LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, UN ROI CACHE

 

        Jules Grévy examine la relation entre le Président de la République et la question intérieure. Il conteste le fait que ses contradicteurs veuillent fonder une « République démocratique ». Il fait l'inventaire des pouvoirs du président de la République, qu'il compare à ceux de Louis-Philippe. Pour lui, les pouvoirs que l'on projette de confier au président de la République sont exorbitants et il définit ainsi deux catégories : la « force matérielle » de l'ancien roi et la « force morale » nouvelle que confère le suffrage universel. Reprenant l'essentiel des pouvoirs de l'ancien monarque, le président ajoute une autorité plus grande, issue de la souveraineté populaire.

 

1. Un pouvoir exécutif fort

 

         La « force matérielle » : Grévy (tout comme Tocqueville) semble ici dénoncer la concentration du pouvoir et la centralisation administrative (sur laquelle on veut fonder la stabilité de l'édifice politique républicain).     

         Le président de la République est le chef du pouvoir exécutif et le chef de l'État (distinction théorique entre les deux notions, mais confusion pratique) :

      1. reconnaît qu'en politique étrangère, le président de la république a une compétence plus limitée que l'ancien roi. Sur ce point, il se trouve en accord avec Tocqueville

            2. dispose de la force armée : maîtrise de l'armée, conduite de la guerre...

         3. nomme aux emplois civils et militaires : nomme et révoque les ministres, les grands agents de l'administration (dont les secrétaires d'État...) et les commandants des forces armées

             4. dispense toutes les faveurs

       5. a tous les moyens d'action, toutes les forces actives : haute main sur l'administration qui est très puissante. Ici, Grévy rejoint l'analyse de Tocqueville qui parle de l'instabilité politique et constitutionnelle mais de la stabilité et de la puissance de l'administration, véritable relais du pouvoir depuis la fin de l'Ancien Régime.

         Ainsi, le président a tous les pouvoirs de contrainte et d'application des décisions (rôle de l'administration).

 

 Une compétence législative limitée

 

       Les restrictions du chef du pouvoir exécutif sont plus grandes en matière législative que du temps de Louis-Philippe, remarque Grévy qui se déclare être en accord sur ce point avec Tocqueville.

 

2. La perversion monarchique du président de la République

 

        La phrase clé, donnée par J. Grévy, est : « un semblable pouvoir, conféré à un seul, quelque nom qu'on lui donne, roi ou président, est un pouvoir monarchique ».

        Du fait de la souveraineté populaire et de la puissance instrumentale, le président de la République risque de transformer, avec facilité, son pouvoir en pouvoir monarchique : danger de la restauration monarchique.

 

       Le président de la République ajoute une « force morale » capitale, que ne possédait pas de cette façon l'ancien roi qui se prévalait d'une souveraineté historique, monarchique (la monarchie des Bourbons a fait l'histoire de France).

 

 

II. LES RISQUES DU SUFFRAGE UNIVERSEL : LE CESARISME

 

1. Un président souverain par l'élection

 

        Lamartine est un partisan farouche de l'élection du président de la République au suffrage universel. Il y met toute sa personne dans la réussite de cette idée : souveraineté populaire, en laissant s'exprimer la voix populaire et en donnant au président la sanction populaire : un président souverain. Principe intangible : il entend courir les dangers que révèle Grévy.

         Par l'élection au suffrage universel et donc par délégation, le président reçoit la souveraineté populaire, le concours de millions de voix. Ainsi, il n'obéit plus aux chambres, sur lesquelles il exerce une sorte de supériorité :

      - supériorité exécutive, avec la puissance gouvernementale, administrative et militaire, outil d'une rare efficacité que la chambre ne possède d'aucune façon

          - supériorité en termes de souveraineté : la souveraineté populaire s'incarne plus efficacement dans un seul homme.

         - de plus, il y a une concurrence de principe avec la souveraineté populaire qui débouche dans les assemblées : les assemblées (ici, une seule assemblée dans la Constitution, au lieu du bicaméralisme ; le Sénat ou l'ancienne pairie, jugés antirépublicains sont éliminés).

 

2. La perversion césarienne

 

     La deuxième transformation possible, qui découle précisément du suffrage populaire, c'est-à-dire de la délégation de souveraineté, est le césarisme ou plus précisément le bonapartisme. Jules Grévy rappelle un antécédent qui a servi à la consolidation d'un pouvoir personnel, les élections de l'an 10 : allusion claire au césarisme qui ont donné à « Bonaparte la force de relever le trône et de s'y asseoir » ; Bonaparte ne se satisfaisant pas d'être élu Premier Consul pour 10 ans par le Sénat (qu'il avait profondément épuré) passa par l'élection populaire et posa cette question en forme de plébiscite (plèbe : la population, allusion à l'histoire romaine) : « Napoléon Bonaparte sera-t-il consul à vie ? », avec pour résultat : 3 600 000 oui et 8 374 non. En août 1802, le Sénat le proclama Premier Consul à vie.

       Le retour de Louis-Napoléon Bonaparte pèse lourdement sur les commissaires et les débats à propos de la Constitution. Élu le 4 juin, à la surprise générale, il provoque un tollé. Depuis l'Angleterre, où il se trouve en exil, il démissionne. Le 17 septembre, il est de nouveau réélu et siège à l'Assemblée : il s'efforce de ne pas attirer les foudres sur lui (suspicion...).

         L'élection apporte au césarisme une légitimité pour fonder une monarchie, issue de la décision populaire, qui n'est pas celle de la légitimité historique de la monarchie traditionnelle, comme celle des Bourbons par exemple.

         Le césarisme apparaît ainsi comme une voie de contournement des contre-pouvoirs éventuels : le césar peut se prévaloir de l'adhésion populaire pour réduire à la docilité la (les) chambre(s).

         Ainsi, par la faiblesse des contre-pouvoirs, la République risque de sombrer dans le despotisme (les garanties prévues par la constitution sont insuffisantes).

 

3. Les facteurs

 

La faiblesse du personnel politique

 

         Il n'y a pas de garantie absolue dans le personnel politique qui serait profondément attaché à la République. Il n'y a pas que de « purs républicains » soucieux de quitter le pouvoir et de laisser jouer la règle démocratique :

    1. risque qu'il y ait un « ambitieux » qui se joue des institutions et des pouvoirs et veuille s'accrocher au pouvoir et de renverser la République

      2. un homme populaire, plébiscité, démagogue

      3. un général victorieux : allusion directe à Bonaparte (le sauveur, auréolé de la gloire militaire)

    4. un membre des familles régnantes qui peut chercher à utiliser l'attachement dynastique des Français (Bourbons et Orléans).

 

Le facteur conjoncturel de crise

 

       Ces hommes, démagogues etc., peuvent utiliser une situation de crise ou traumatique pour se hisser au pouvoir, attirer à soi tous les espoirs, cristalliser tous les mécontentements. La crise multiforme de 1846-1848 (1849) :

       - crise commerciale

       - crise sociale : peuple assaillit par la misère, travaillé par la souffrance, miné par les déceptions... Terrain favorable aux démagogues et aux despotes.

 

III. DEUX VISIONS DE LA REPUBLIQUE

 

1. La République de Washington

 

        Lamartine s'est donné pour tâche personnelle de fonder la République, grande œuvre auquel il associe son destin. Il met dans le débat tout son poids dans la balance. Il prône ainsi une voix idéale de la République, qui cherche à confondre la République expérimentée, sous sa direction, depuis février et la République américaine : ici on retrouve une partie des thèmes du Préambule, qui a été l'objet d'une longue discussion (sur les principes).

         Pourquoi parle-t-il de République américaine ?

        1. le modèle extérieur est alors fascinant et sert de référence (1783, Constitution américaine)

         2. on reprend, pour le chef de l'exécutif, le caractère présidentialiste du président américain qui est :

                - à la fois chef de l'Éxécutif et chef du gouvernement (pas de premier ministre)

           - élu au suffrage universel ; seul Marrast veut une élection par l'Assemblée, espérant être investi par celle-ci

                 - élu pour une durée de 4 ans

       3. on sent ici l'influence profonde de Tocqueville, auteur de la Démocratie en Amérique (deux volumes publiés en 1835 qui eurent un grand succès, deux autres en 1840, mais avec moins de succès) et de son ami de Beaumont, avec qui ils firent une mission d'enquête sur le système pénitentiaire américain en 1831. Ce fut l'occasion d'une grande étude sur les institutions politiques (Tocqueville) et les mœurs (de Beaumont) américaines.

 

2. La tradition révolutionnaire française

 

    Mais on ne reprend pas le système bicaméral américain, où le Sénat reproduit l'organisation confédérale de l'Union. Au contraire, le monocaméralisme s'emprunte à la tradition révolutionnaire française, jacobine et centralisatrice. Ceci explique la création d'un pouvoir fort, réaction à la secousse révolutionnaire de février, mais aussi de juin : volonté de restauration de l'autorité de l'État.

         Différences de taille avec l'exemple américain :

        - pas de centralisation aussi forte, mais fédéralisme

    - la République américaine s'est établie contre les Anglais et sans secousse révolutionnaire intérieure, au contraire de la situation française : il existe, dans la population, un état social démocratique, au contraire de la France, où on veut acclimater des institutions politiques libres, mais sans pratique sociale.

      - union de l'éthique protestante et du politique : religion et politique se mêlent intimement ; le religieux crée un « être-ensemble » qui vient amortir les violences politiques. Le puritanisme se marie bien avec les institutions libres. En France, religion et république se sont violemment affrontées.

 

3. Un conflit d'interprétation : deux républiques

 

         Le conflit entre Grévy et Lamartine reflète deux conceptions de la République qui habitent les républicains au pouvoir :

      - une certaine république, faite d'autorité, sinon autoritaire, avec un pouvoir exécutif fort personnifié par un président de la République aux pouvoirs monarchiques. Comme dans le Préambule, Lamartine s'en remet à une double transcendance ou providence : Dieu et le peuple (et non plus Dieu et le roi ou césar) ; c'est une fatalité qu'il faut courir : à long terme éducation du peuple à la démocratie. Le président de la République échappe à la Chambre et reçoit une légitimité populaire de la même façon que la Chambre. On sent ici l'inspiration des monarchistes : prévoir une certaine restauration monarchique ; mais pour lors pas de roi, d'où on se tourne vers la solution américaine. Cette République veut se garder des subversions populaires, notamment en réaction à l'insurrection de juin (souci d'ordre) : elle prône davantage la stabilité administrative que la recherche d'acclimatation de la démocratie politique.

      - une certaine république, modérée, soucieuse d'équilibre des pouvoirs et soucieuse de contenir les perversions que peuvent laisser aussi bien les insuffisances institutionnelles que politiques. Elle veut un président de la République issu de l'Assemblée et du pouvoir législatif, avec le principe que la souveraineté est indivisible. La critique que fait Grévy est un peu trop systématique notamment sur le caractère de l'élection et la limitation de la durée du mandat présidentiel.

 

 

CONCLUSION

 

         La première lecture de la discussion de la Constitution à l'Assemblée se termine le 27 octobre. Une deuxième lecture a lieu du 30 octobre au 4 novembre. Comme pour le Préambule, le mode d'élection du président de la République est :

         1. l'occasion d'un grand débat, sur lequel apparaissent des points d'achoppement

         2. déjà lié aux figures qui sont susceptibles de se porter candidates, notamment Louis-Napoléon Bonaparte d'un côté, dont l'importante victoire aux élections comme représentant du peuple est aussi symbolique que massive ; l'autre figure est celle du pouvoir, le général Cavaignac.

      Jules Grévy fait une critique sans concession des pouvoirs considérables conférés au président de la République, qui apparaît comme un authentique monarque caché, formidablement servi par la sanction et la souveraineté populaire. Le déséquilibre des pouvoirs est trop flagrant, avec une grande force de contrainte liée à sa puissance étatique, militaire et administrative et à sa souveraineté qui est immédiatement concurrente de celle de l'Assemblée. Le suffrage universel risque selon lui de faire le jeu de la démagogie. Les partisans de Cavaignac et les républicains les plus convaincus et les plus égalitaires appuient un amendement Grévy qui supprime la magistrature présidentielle.

         Mais Alphonse de Lamartine, comme le montre fort bien son discours, entend courir le risque. Il veut fonder une république avec une seule chambre et l'élection du président de la République au suffrage universel. Appréciant peu Cavaignac, Lamartine apporte son concours à la droite et emporte avec lui la masse des indécis.

         La Constitution dresse le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif l'un contre l'autre ; au lieu de chercher à prévoir constitutionnellement le règlement des désaccords, elle établit d'abord la rivalité et le conflit, sur la base d'une souveraineté concurrente.

         Deux simples clauses de protection sont adoptées :

         - correction contre le danger du suffrage universel, s’il n'y a pas de majorité absolue du corps électoral (environ 4.5 millions de voix), l'Assemblée élit le chef de l'exécutif. Celle-ci s'avérera inutile.

         - président non rééligible ; une procédure (article 68) défensive et répressive est prévue dans le cas où le président voudrait faire un coup d'État. Bonaparte passera outre.

        Le vote sur le mode d'élection du président donnera une grande victoire aux partisans du suffrage universel : 627 contre 130.

         Le 4 novembre : vote presque unanime de la Constitution par l'Assemblée par 739 voix contre 30. Elle est solennellement promulguée le 21 novembre 1848. Dès lors, la campagne électorale est ouverte.

         Lamartine, candidat à l'élection présidentielle du 10 décembre, essuie un échec cuisant : à peine 8 000 voix. Au contraire, victoire complète de Bonaparte avec plus de 5 400 000 voix, contre :

         - 1 400 000 à Cavaignac.

         - moins de 400 000 à Ledru-Rollin, partisan de la République démocratique et sociale

         - 37 000 à Raspail, socialistes

         - le moins de voix : Changarnier, certains monarchistes.

         Importance du vote paysan dans le vote bonapartiste, soit vote d'ordre, soit vote de protestation contre un Cavaignac au pouvoir. Une partie des citadins et des ouvriers déçus par la République votent pour Bonaparte qui semble se préoccuper d'une « question sociale » abandonnée. La « classe politique » est battue en brèche. Les Français se reportent sur un inconnu, porteur d'un nom et d'une légende : Louis Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III.

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Un président à la tête de la république en France, depuis 1849

15 Octobre 2011, 17:01pm

Publié par histege

UN PRÉSIDENT A LA TÊTE DE LA RÉPUBLIQUE EN FRANCE

 

Comment en est-on venu à mettre un président à la tête de la République et donc de la France ?

Il est utile de reprendre le débat fondateur de cette décision. L'idée d'un président de la République est prise dans l'exemple américain par les constituants de 1848, qui voulaient un George Washington à la française. Lamartine défend la mise en place d’un président élu au suffrage universel et Jules Grévy combat le principe même d'une présidence et en dénonce les dangers. Les conséquences sont toujours d’actualité aujourd’hui.

  

 

DÉBAT SUR LE MODE D'ÉLECTION

 

DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

 

Assemblée constituante, 6 octobre 1848

 

I. Extraits du discours de Jules Grévy

  

« Je conviens, avec l'honorable monsieur de Tocqueville, que le président n'a pas dans la confection des lois la part, plus nominale qu'effective, qui appartenait à la royauté ; je conviens encore avec lui que, pour les affaires étrangères, sa prérogative est un peu moins étendue ; mais à cela près, et à l'intérieur, ce qui est tout pour la question que j'examine, le président de la République a tous les pouvoirs de la royauté : il dispose de la force armée ; il nomme aux emplois civils et militaires ; il dispense toutes les faveurs ; il a tous les moyens d'action, toutes les forces actives qu'avait le dernier roi. Mais ce que n'avait pas le roi, et ce qui mettra le président de la République dans une position bien autrement formidable, c'est qu'il sera l'élu du suffrage universel ; c'est qu'il aura la force immense que donnent des millions de voix. Il aura de plus, dans l'Assemblée, un parti plus ou moins considérable. Il aura donc toute la force matérielle dont disposait l'ancien roi, et il aura de plus une force morale prodigieuse ; en somme il sera bien plus puissant que n'était Louis-Philippe. (Rumeurs diverses.)

Je dis que le seul fait de l'élection populaire donnera au président de la République une force excessive.

Oubliez-vous que ce sont les élections de l'an 10 qui ont donné à Bonaparte la force de relever le trône et de s'y asseoir ? Voilà le pouvoir que vous élevez ! Et vous dites que vous voulez fonder une république démocratique ? Que feriez-vous de plus si vous vouliez, sous un nom différent, restaurer la monarchie ? Un semblable pouvoir, conféré à un seul, quelque nom qu'on lui donne, roi ou président, est un pouvoir monarchique ; et celui que vous élevez est plus considérable que celui qui 'a été renversé.

Il est vrai que ce pouvoir, au lieu d'être héréditaire, sera temporaire et électif, mais il n'en sera que plus dangereux pour la liberté.

Êtes-vous bien sûrs que, dans cette série de personnages qui se succéderont tous les quatre ans au trône de la présidence, il n'y aura que de purs républicains empressés d'en descendre ? Êtes-vous sûrs qu'il ne se trouvera jamais un ambitieux tenté de s'y perpétuer ? Et si cet ambitieux est un homme qui a su se rendre populaire, si c'est un général victorieux, entouré de ce prestige de la gloire militaire auquel les Français ne savent pas résister ; si c'est le rejeton d'une des familles qui ont régné sur la France, et s'il n'a jamais renoncé expressément à ce qu'il appelle ses droits ; si le commerce languit, si le peuple souffre, s'il est dans un de ces moments de crise où la misère et la déception le livrent à ceux qui cachent, sous des promesses, des projets contre sa liberté, répondez-vous que cet ambitieux ne parviendra pas à renverser la République ?

Jusqu'ici toutes les républiques sont allées se perdre dans le despotisme : c'est de ce côté qu'est le danger, c'est donc contre le despotisme qu'il faut les fortifier. Législateurs de la démocratie, qu'avez-vous fait pour cela ? Quelles précautions avez-vous prises contre l'ennemi capital ? Aucune. Que dis-je ? Vous lui préparez les voies! Vous élevez dans la République une forteresse pour le recevoir ! »

 

II. Extraits du discours de Lamartine

 

« Ah ! On peut corrompre les hommes par petits groupes, on ne peut pas les corrompre en masse. On empoisonne un verre d'eau, on n'empoisonne pas un fleuve. Une Assemblée est suspecte, une nation est incorruptible comme l'Océan...

Oui, en mettant dans les mains et dans la conscience de chaque citoyen électeur de la République le gage, la participation à cette souveraineté, dans votre élection, dans celle du Président de la République, vous donnez à chacun de ces citoyens le droit et le devoir de se défendre lui-même, en défendant la République, et vous donnez aussi à chaque citoyen de l'empire [ici : État] le droit d'être le vengeur de ces attentats s'ils venaient jamais à contester de nouveau cette enceinte et le Gouvernement du pays. (Très bien! très bien!)...

Je sais bien qu'il y a des moments d'aberration dans les multitudes ; qu'il y a des noms qui entraînent les foules comme le mirage entraîne les troupeaux, comme le lambeau de pourpre attire les animaux privés de raison! (Longue sensation.)

Je le sais, je le redoute plus que personne, car aucun citoyen n'a mis peut-être plus de son âme, de sa vie, de sa sueur, de sa responsabilité et de sa mémoire dans le succès de la République!

Si elle se fonde, j'ai gagné ma partie humaine contre la destinée! Si elle échoue, ou dans l'anarchie, ou dans une réminiscence de despotisme, mon nom, ma responsabilité, ma mémoire échouent avec elle et sont à jamais répudiés par mes contemporains ! (Bravos prolongés. Interruptions.)

Eh bien ! Malgré cette redoutable responsabilité personnelle dans les dangers que peuvent courir nos institutions problématiques, bien que les dangers de la République, bien que ses dangers soient mes dangers, et leur perte mon ostracisme et mon deuil éternel, si j'y survivais, je n'hésite pas à me prononcer en faveur de ce qui vous semble le plus dangereux : l’élection du président par le peuple. (Mouvement prolongé. Interruptions.)

Oui, quand même le peuple choisirait celui que ma prévoyance mal éclairée, peut-être, redouterait de lui voir choisir, n'importe : Alea jacta est ! Que Dieu et le peuple prononcent ! Il faut laisser quelque chose à la Providence ! Elle est la lumière de ceux qui, comme nous, ne peuvent pas lire dans les ténèbres de l'avenir ! (Très bien ! Très bien !)

Invoquons-la, prions-la d'éclairer le peuple et soumettons-nous à son décret (Nouvelle sensation.) Peut-être périrons-nous à l'œuvre, nous ? (Non ! Non !) Non, non, en effet, et il serait même beau d'y périr en initiant.son pays à la liberté. (Bravo !)

Eh bien ! Si le peuple se trompe, s'il se laisse aveugler par un éblouissement de sa propre gloire passée ; s'il se retire de sa propre souveraineté après le premier pas, comme effrayé de la grandeur dé l'édifice que nous lui avons ouvert dans sa République et des difficultés de ses institutions ; s'il veut abdiquer sa sûreté, sa dignité, sa liberté entre les mains d'une réminiscence d'empire ; s'il -dit : « Ramenez-moi aux carrières de la vieille monarchie » (Sensation) ; s'il nous désavoue et se désavoue lui-même (Non ! Non !), eh bien ! Tant pis pour le peuple ! Ce ne sera pas nous, ce sera lui qui aura manqué de persévérance et de courage (Mouvement prolongé).

Je le répète, nous pourrons périr à l'œuvre par sa faute, nous, mais la perte de la République ne nous sera pas imputée ! Oui, quelque chose qu'il arrive, il sera beau dans l'histoire d'avoir tenté la République. La République, telle que nous l'avons proclamée, conçue, ébauchée quatre mois, la République d'enthousiasme, de modération, de fraternité, de paix, de protection à la société, à la propriété, à la religion, à la famille, la République de Washington. (Applaudissements.)

Ce sera un rêve, si vous voulez ! Mais elle aura été un beau rêve pour la France et le genre humain ! Mais ce rêve, ne l'oublions pas, il a été l'acte du peuple de Février pendant ses premiers mois ! Nous le retrouverons !

Mais enfin, si ce peuple s'abandonne lui-même, s'il venait à se jouer avec le fruit de son propre sang, répandu si généreusement pour la République en Février et en Juin, s'il disait ce mot fatal, s'il voulait déserter la cause gagnée de la liberté et des progrès de l'esprit humain pour courir après je ne sais quel météore qui brûlerait ses mains !... (Sensation !)

Qu'il le dise ! (Mouvement). »

Source : Moniteur universel, 7 octobre 1848, p. 2734 sq. 

  Pour une proposition de commentaire :  Un président de la république élu au suffrage universel en France ? Le débat fondateur du 6 octobre 1848.

L’expérience de 1849 a tourné court : par l’élection au suffrage universel masculin, les Français placent au pouvoir un Bonaparte comme premier président de l’histoire de France, avant que celui-ci ne balaie tout l’édifice républicain par le coup d’État du 2 décembre 1851, avalisé par la constitution impériale de 1852. César triomphe dans un premier temps, mais il se modère par la suite.

 

Le Second empire est à son tour balayé par la défaite face à la Prusse. Le 4 septembre 1870, la République est installée par surprise par ses partisans, qui prennent de vitesse leurs concurrents. Bon nombre d’acteurs politiques pensaient, en élisant un président – ce sera le général de Mac-Mahon – préparer le retour du roi. Le président était donc un roi caché. L’intransigeance de l’aspirant royal – le comte de Chambord –, la maladresse de Mac-Mahon et la victoire des républicains plus avérés consacre à terme l’installation du président à la tête de l’État, mais un président sans grande autorité.

La Première guerre mondiale ne remet pas en cause un régime qui a mené à la victoire, avec un président qui a pris plus d’importance pendant le conflit. La défaite de 1940 change la donne. Le président Albert Lebrun se rallie à la solution Pétain et accepte donc de saborder le régime. Un homme fort revient à la tête de l’Etat français.

Après l’éclipse de l’État français, le président sans grand pouvoir, choisi par ses pairs, est encore la solution qu’adopte la IVe République en 1946, au grand dam du général de Gaulle. Celui-ci, enseigné par les déboires de la France dès le début du Deuxième conflit mondial, branché pour partie sur une tradition royaliste et, davantage, bonapartiste, dégoûté par le jeu des partis et des parlementaires, hisse un président fort en 1958 au sommet de la Ve République, puissance qu’il ancre profondément par son élection au suffrage universel en 1962. Dans une certaine mesure, on est revenu à la tradition de l’homme fort à la tête de la France. D’un certain point de vue également, le désir royaliste ou bonapartiste couve derrière la façade républicaine.

 

Cependant, la question centrale demeure. Et elle est double : conjuguer la nécessité démocratique et l’efficacité politique.

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Monde musulman - évaluation 1

5 Octobre 2011, 07:41am

Publié par histege

LE MONDE MUSULMAN

évaluation d’histoire

 

I. REPERE CHRONOLOGIQUE

 

1. En quelle année a eu lieu l’Hégire ? (0,5 point)

 

II. TROIS EXTRAITS DU CORAN

 

    «Il n’y a qu’un Dieu et Mohammed est son prophète».

 

    «Le Coran a été révélé durant le mois de ramadan. C’est une direction pour les hommes. Quiconque d’entre vous verra la nouvelle lune, jeûnera le mois entier.

    Celui qui est malade ou celui qui voyage jeûnera ensuite le même nombre de jours.

    Mangez et buvez jusqu’à ce que l’on puisse distinguer à l’aube le fil blanc du fil noir.

    Jeûnez ensuite jusqu’à la nuit.»

         Le Coran, sourate II, 185-187.

 

    «Croyants ! Faites l’aumône des meilleures choses que vous avez acquises, des fruits que nous avons fait sortir pour vous de la terre. Ne distribuez pas en largesse la partie la plus vilaine de vos biens.

    Faites-vous l’aumône au grand jour ? C’est louable. La faites-vous secrètement ? Cela vous profitera encore davantage ?

    Une telle conduite fera effacer vos péchés. Dieu est instruit de ce que vous faites.»

         Le Coran, sourate II, 267-277.

 

2. De quel livre proviennent ces extraits ? (0,5 point)

3. Pourquoi ce livre est-il important pour les musulmans ? (1 point)

4. Quels sont les trois piliers de l’islam, évoqués dans ces extraits ? (3 points)

5. Quel nom donnent les musulmans à leur dieu ? (0,5 point)

6. Donne le nom et le titre religieux du personnage qui a reçu la révélation. (1 point)

 

III. UN MONUMENT MUSULMAN

 

7. Complète le schéma ci-dessous.  (6 points)

 

(à venir)

 

8. Comment appelle-t-on un tel monument ? (1 point)

9. À quel pilier de l’islam, ce monument correspond-il ? (1 point)

10. Dans quelle direction prient les musulmans ? (0,5 point)

11. Cite un exemple précis d’un tel monument (son nom et le pays  où il se trouve). (1 point)

 

IV. LA VILLE DE BAGDAD

 

12. Rédige, d'après tes connaissances, un paragraphe de 4-5 lignes présentant le rôle politique, religieux et commercial de la ville de Bagdad. (4 points)

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stages de 3e - année 2011

4 Octobre 2011, 09:45am

Publié par histege

Les stages pour les élèves de 3e auront lieu les :

 

ATTENTION : DATES MODIFIEES  !

 

-         mercredi 7 décembre 2011

-        jeudi 8 décembre 2011

-         vendredi  9 décembre 2011

 

Les conventions vous seront remises prochainement.

 

Collège René Barjavel, Nyons

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Evaluation sur le Proche-Orient antique - conseils

28 Septembre 2011, 21:45pm

Publié par histege

A PROPOS D’UNE EVALUATION SUR LE PROCHE-ORIENT ANTIQUE – 6e

 

     Les cartes et les schémas s’apprennent par cœur. Pas forcément leurs contours, encore qu’il faut être capable de les reconnaître.

1)    Le repérage spatial

Il faut être capable de bien localiser les lieux (à écrire correctement et à placer au bon endroit) ; les couleurs ne se choisissent pas au hasard. La Mésopotamie n’est pas une mer ; elle fait partie du « Croissant fertile ». On ne colorie pas la mer en vert : on n’y fait pas d’agriculture. Il est important de savoir localiser les principales mers (Méditerranée, Mer Rouge, Golfe Persique), les trois grands fleuves (Tigre, Euphrate, Nil) et les trois principales régions étudiées (Mésopotamie, Phénicie, Egypte) et quelques cités-Etats (Ur, Uruk…).

Pour cela :

-          mémoriser les lieux, les régions, les couleurs, les symboles

-          imprimer un fond de carte (vous en trouverez dans beaucoup de sites internet, notamment d’enseignants)

-          attendre un ou deux jours et compléter de mémoire le fond de carte. Travailler les oublis et les erreurs. Recommencer de nouveau.

 

2)    Les schémas

-          « Toutancamon », qu’on écrit d’ailleurs Toutankhamon, n’est pas le seul pharaon de l’Egypte ! C’est vrai qu’il est souvent pris comme exemple pour illustrer les insignes du pouvoir du pharaon.

-          Il faut préférer des termes plus précis, par exemple symboles de pouvoir aux termes banaux. Exemple : fléau au lieu de fouet, sceptre au lieu de bâton etc. ou encore barbe postiche au lieu de fausse barbe.

-          Les temples, par exemple égyptiens, ne sont pas consacrés à des hommes, quand bien même s’agirait-il du pharaon mais à des divinités. Un temple n’est ni un palais, ni une salle polyvalente. C’est la « maison d’un dieu » (parfois de plusieurs).

-          Il ne faut pas oublier le pluriel : il n’y a pas un fonctionnaire, un prêtre, un artisan, un paysan, un esclave mais un grand nombre.

 

3)    L’orthographe

Les noms propres (mer, océans, fleuves, territoires, villes…) prennent une majuscule.

Attention au mot Méditerranée : les erreurs d’orthographe sont trop fréquentes (pour s’en souvenir : il y a le mot « terre » avec deux « r » et le mot se termine par « anée », qui n’a rien à voir avec l’ « année »). Etymologiquement, cela veut dire : « au milieu des terres ».

On écrit « Pharaon » et non pas « Faraon ».

Il ne faut pas confondre :

o   golf (sport) et golfe (vaste étendue marine ou océanique qui a la forme généralement d’un demi-cercle). Exemple : Golfe Persique.

o   sceptre (bâton de commandement) et spectre (fantôme).

Il faut s’entraîner à écrire plusieurs fois les mots difficiles.

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L'épreuve du brevet en histoire, géographie, éducation civique

27 Septembre 2011, 13:28pm

Publié par histege

LE DIPLÔME NATIONAL DU BREVET EN 3E

HISTOIRE – GEOGRAPHIE - EDUCATION CIVIQUE

 

Il est instructif de voir comment se présente le document de l’épreuve du brevet, en histoire, géographie et éducation civique.

Voici le sujet de juin 2011 pour l’académie de Grenoble.

 

 

DNB HG 2011 - 1-8

DNB HG 2011 - 2-8 

 

 

 

DNB HG 2011 - 3-8

 

DNB HG 2011 - 4-8

 

DNB HG 2011 - 5-8 

 DNB HG 2011 - 6-8

 

DNB HG 2011 - 7-8

 

DNB HG 2011 - 8-8

 

Conseils généraux

1)    Vous avez deux sujets au choix en histoire et géographie. Il ne faut surtout pas traiter les deux : c’est une perte de temps et l’examinateur n’en corrigera qu’un seul, peut-être celui qui a été le moins bien traité.

 

2)    Le sujet d’éducation civique et l’exercice de repérage sont obligatoires : vous n’avez pas de choix. Il faut impérativement rendre la feuille de repérage complétée avec votre copie.

 

3)    Efforcez-vous de rédiger toutes vos réponses. L’examinateur valorisera votre copie.

 

4)    Les paragraphes argumentés d’histoire-géographie (10 points) ou d’éducation civique (8 points) rapportent plus de points que les questions. Il faut donc y consacrer plus de temps et un soin particulier. Cependant, il ne faut pas rater la première étape : observation, lecture et réponses aux questions sur les documents. Celle-ci conditionne la réussite du paragraphe. Les questions sont posées de telle façon qu’elles vous guident sur le chemin du paragraphe argumenté : en les réinvestissant dans le paragraphe, on évite le hors sujet.

 

5) Les documents sont des photocopies en noir et blanc. Leur lisibilité n'est pas toujours suffisante, surtout quand les originaux sont en couleur. Soyez vigilants et perspicaces, notamment face à certaines photographies et aux cartes. Par exemple, les couleurs du drapeau national français dominent (bleu, blanc, rouge) dans l'affiche sur la "Révolution nationale".

 

6) Il peut se glisser une erreur dans un sujet. Il ne vous en sera pas tenu rigueur (elle n'est pas de votre responsabilité). Il n'y a jamais de piège, dans aucun sujet : les concepteurs des sujets ne sont pas, pour le moment, des pervers.

 

7) N'importe quelle partie du programme peut être l'objet d'une épreuve. Reportez-vous, pour cela, aux programmes officiels pour chaque matière. Vous pouvez avoir à traiter d'un sujet de début d'année, de milieu ou de fin d'année, que vous avez traité en classe ou non. C'est un examen et non une évaluation (contrôle), sanctionné par l'obtention d'un diplôme.

 

Partage du temps

2 heures vous sont accordées.

Voici quelques indications horaires (il faut les adapter aux sujets et à vos capacités). En théorie, la première épreuve doit prendre une heure ; l’épreuve d’éducation civique et le repérage : une heure.

Pour l’épreuve d’histoire-géographie

- la découverte, l’observation et la lecture des documents, à la lumière des questions : ¼ d’heure

- la rédaction des réponses aux questions : ¼ d’heure

- l’analyse du sujet et la mise en ordre du plan du paragraphe (arguments, exemples…) : 10 mn

- rédaction du paragraphe : 20 mn.

 

Pour l’épreuve d’éducation civique

-      observation et réponses aux questions sur les documents : environ 20 mn

-      rédaction du paragraphe argumenté : environ 25 mn.

 

Pour l’exercice de repérage

¼ d’heure (maximum)

 

Préalable à la première épreuve et à la deuxième épreuve

-      Lire la totalité des deux sujets avec les questions. Choisir le sujet où vous pensez obtenir les meilleurs résultats.

-      Relire en totalité le sujet que vous avez choisi avec l’ensemble des questions.

-      Ne jamais perdre de vue le sujet général : pensez-y à chaque fois que vous rédigez une phrase (questions, paragraphe), cela vous évitera le hors sujet.

-      Rédiger directement les questions en formulant des phrases entières.

-      Pour le paragraphe :

o   rédiger au brouillon l’introduction et la conclusion

o   préparer au brouillon votre plan (2 ou 3 parties), en précisant les grandes idées, les meilleurs exemples, quelques repères (dates, personnages, chiffres), les mots-clés (qu’il faudra définir lors de la rédaction du paragraphe), les documents ou phrases à citer sans rien rédiger

o   ensuite : copier (quitte à l’améliorer en même temps) l’introduction

o   rédiger directement le développement. Pensez à faire une phrase de transition (de raccord logique) entre chaque partie et la suivante. Ne rédigez pas entièrement le développement au brouillon : vous n’avez généralement pas le temps de le recopier.

o   copier (en l’améliorant le cas échéant) la conclusion.

Vous pouvez aussi garder 5 mn pour relire la totalité de la copie, remédier aux manques et corriger les fautes d’orthographe et de français. Sinon, dans les horaires proposés plus haut, prévoyez 1 ou 2 mn pour relire votre travail à la fin de chaque exercice.

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Le monde d'aujourd'hui - 3e - 2011-2012

7 Septembre 2011, 16:20pm

Publié par Aziz Sadki

LE MONDE D’AUJOURD’HUI

 

         Objectifs :

         - présenter le monde d’aujourd’hui, à l’aide de cartes, en l’expliquant par les évolutions principales au cours du XXe siècle (en croisant l’histoire et la géographie).

         - aider l'élève à se situer dans le monde d’aujourd’hui (éducation civique : démocratie et absence de démocratie).

        
I. LES HOMMES VIVENT AVANT TOUT EN ASIE

 

Carte : la population mondiale en 2005 (p. 8)

 

1° Quel continent concentre la majeure partie de la population mondiale ?

2° Quels sont les deux États les plus peuplés ?
La population mondiale est inégalement répartie entre les États et entre les continents. L’Asie, à elle seule, regroupe près deux êtres humains sur trois. Deux géants dominent, formant des foyers de population : la Chine et l’Inde (plus d’un être humain sur trois). L’Europe est ensuite le 3e foyer de population mondiale.

L’Asie est le continent le plus peuplé depuis l’Antiquité. Son avance s’est accrue au cours du XXe siècle (« explosion démographique » qui concerne surtout les États pauvres). La population des États riches augmente faiblement, étant entrés les premiers dans la « transition démographique ».

 

II. LA PLUPART DES HOMMES SONT PAUVRES, UNE MINORITE DOMINE ECONOMIQUEMENT LE MONDE

 

Carte : indicateur de développement humain (IDH) en 2004 (p.10)

 

3° Que traduit l’IDH (indicateur de développement humain) au point de vue de la répartition de la richesse dans le monde ?

L’IDH montre qu’il y a de grandes inégalités de développement entre les États riches du Nord (États-Unis, Europe, Japon...) et les États pauvres du Sud (Pérou, Ethiopie, Bengladesh...).

 

Cartes : les trois pôles de l’économie mondiale (p. 9) et les organisations commerciales régionales (p. 11)

 

4° Quels sont les principaux pôles économiques du monde ?

5° Quelle est la situation des ensembles en vert par rapport aux grands flux commerciaux mondiaux ?

L’Europe domine économiquement le monde en 1914, devant les États-Unis et le Japon. Aujourd’hui, quatre pôles dominent l'économie mondiale : Union européenne, États-Unis, Chine et Japon. Ceux appelés jusqu'ici la Triade ont pris une forte avance avec la révolution industrielle du XIXe siècle et après 1945 ils ont connu une forte croissance économique (pays capitalistes et libéraux). Le reste du monde, longtemps dominé (colonisation) et à l’écart des échanges mondiaux, a encore beaucoup de mal à suivre le rythme des États riches. Les États du Sud, qui forment la plus grande partie de la population mondiale forment aussi une périphérie dominée et dépendante économiquement des États de la Triade. Cependant, la montée rapide de la puissance économique chinoise fait que le terme de Triade n'est plus valable aujourd'hui. D’autres États émergent, comme l’Inde ou le Brésil. La domination économique n’est plus exclusivement occidentale.

Triade = États-Unis, Union européenne, Japon.

 

III. L’OCCIDENT DOMINE POLITIQUEMENT LE MONDE

 

Cartes des États du monde en 1914 et en 2007 (pages intérieures de couverture)

 

Quelle région domine le monde en 1914 ?
L’Occident (Europe, y compris Russie, plus Etats-Unis), mais surtout l’Europe.

 

7° Quelles sont les régions dominées ?
La plus grande partie du monde est dominée, l’Afrique en quasi-totalité et une grande partie de l’Asie.

 

Quelles sont les principales formes de domination ?

La principale est impériale, avec une forme particulière coloniale : le Royaume-Uni, la France et la Russie sont les plus grands pays colonisateurs. Mais l’Europe domine aussi économiquement le monde, suivie par les Etats-Unis, puis le Japon.

 

9° Quels sont les principaux changements intervenus depuis 1914 ?

C’est toujours l’Occident qui domine. Son modèle culturel influence profondément les autres aires culturelles (chinoise, hindoue, musulmane, africaine, mélanésienne...). Mais, l’Europe n’est plus la seule aujourd’hui. Elle a perdu une partie de sa puissance avec les deux guerres mondiales, le fascisme (nazisme en particulier) et la décolonisation. Elle retrouve, aujourd’hui, une place importante par la création de l’Union européenne. Mais, politiquement, le cœur de l’Occident s’est déplacé aux Etats-Unis, puissance hégémonique mondiale. Sa position s’est consolidée avec l’effondrement de l’URSS à partir de 1989 (fin de la guerre froide), mais est de plus en plus contestée. La Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, en particulier, commencent à remettre en cause la domination exclusive de l'Occident.

 

Les États sont désormais beaucoup plus nombreux et souvent plus petits (tendance à l’émiettement). Mais, il y a des États géants : Russie, Canada, États-Unis, Brésil, Chine, Inde et Australie. Bon nombre de nouveaux États sont apparus ou sont redevenus indépendants. D’abord parce que certains empires (russe pour partie, allemand, austro-hongrois, turc) ont disparu à la suite de la première guerre mondiale. Ensuite et surtout en raison de la décolonisation après 1945. Les États dominés en 1914 ont obtenu leur indépendance, soit par la guerre, soit par la négociation forcée. Tous les États du monde sont officiellement indépendants... mais, dans la réalité, la situation est plus complexe.

 

Remarques :

-         le retour de la puissance chinoise (qui s’ajoute en partie à celle du Japon) tend à limiter la domination de l’Occident.

-         l’empire russe n’a que partiellement disparu.

 

IV. NATION, DÉMOCRATIE ET ABSENCE DE DÉMOCRATIE

 

La plupart des États du monde s'organisent en nations. Le nationalisme est le principal moteur de l'histoire. Il est également le principal responsable des guerres, notamment des deux guerres mondiales. La démocratie s'est organisée dans le cadre intérieur de certaines nations. Elle cherche à le faire au-delà (Union européenne). Mais, il n'y a pas de démocratie mondiale (malgré l'existence de l'ONU...).

Trois mouvements politiques se sont puissamment concurrencés à l'époque contemporaine : le libéralisme, le socialisme (y compris sous la forme du communisme), nés au XIXème siècle et le fascisme, né au début du XXe siècle. Le premier domine aujourd'hui. Le second a presque entièrement disparu. Le troisième est battu (provisoirement).

 

Carte : les conflits entre 1999 et 2006 (p. 11)

 

Carte : la liberté dans le monde d’après l’association Freedom House, 2011

 

Freedom House 2011 map

  Légende :

- vert : liberté dominante

- jaune : liberté partielle

- violet : absence de liberté

 

10° Quelles sont les régions du monde qui connaissent le plus de conflits ?

11° Quelles sont les grandes régions qui connaissent la démocratie ?

12° Y a-t-il un lien entre  conflits et démocratie ?

On constate généralement des liens entre l’existence de conflits, le niveau de développement et la démocratie : la plupart des guerres concernent aujourd’hui des États pauvres, surtout en Afrique et en Asie. Les États de la Triade ont le niveau de vie le plus élevé et les conflits sont rares car la plupart sont des États démocratiques. Les États pauvres connaissent plus de conflits car ils sont souvent plus récents (frontières), ont une grande difficulté d’accès à la richesse et sont marqués par l’absence ou la faiblesse de la démocratie. La démocratie s'est depuis le XVIIe siècle et jusqu'ici avant tout implantée dans l'Occident, mais elle n’y est plus cantonnée. Ainsi, l’Inde est le plus grand État démocratique par sa population. En 2011, le "printemps arabe" déclenche une série de révolutions qui entraînent le renversement de dictatures (Tunisie, Égypte, Libye) et des luttes violentes, notamment en Syrie et au Yémen : les populations réclament plus de dignité et de justice, l'instauration de la démocratie et le partage des richesses.  Les États démocratiques sont généralement les plus puissants militairement et poursuivent des guerres, désormais et le plus souvent, à l’extérieur de leurs frontières (États-Unis, Royaume-Uni, France...), sur le territoire des États pauvres. Mais, les États autoritaires sont encore nombreux.

 

Remarques :

-         aucun État n’est suffisamment démocratique

-         la carte de Freedom House est indicative ; les critères retenus peuvent être légitimement discutés ; elle ne tient pas compte des changements intervenus dans l'année 2011 ("révolutions arabes"...)

-         la variété des situations est très grande, y compris à l’intérieur de chaque catégorie

-         il n’y a pas de démocratie à l’échelle mondiale et la démocratie n’est pas forcément le principe actif dans la relation entre les États.

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Introduction à l'histoire du mouvement chérifien algérien 1845-1854

22 Août 2011, 17:03pm

Publié par Abdel-Aziz Sadki

 

Voici une introduction à l'histoire du mouvement chérifien algérien 1845-1854, qui peut être consultée en format PDF :

 

Propos d'introduction à l'histoire du mouvement chérifien Propos d'introduction à l'histoire du mouvement chérifien algérien 

 

 

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Les mosquées s'enrhumaient près du ciel

24 Juin 2011, 11:31am

Publié par histege

 

 

Les mosquées s’enrhumaient près du ciel

Les cathédrales détalaient dans la campagne

Les synagogues se consumaient au soleil

Les temples devenaient effrontés et obscurs

Les stupas ne cachaient pas leur stupeur

 

Totem

 

Les rives ont dérivé

Les rivages ont démarré

L’eau a réinventé ses couloirs

Et chante ses champs d’eau recouvrés

 

En bandes dispersées, des êtres curieux font de la politique

 

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480 avant J.-C. - La bataille de Salamine selon Hérodote

15 Avril 2011, 07:44am

Publié par histege

480 – LA BATAILLE DE SALAMINE SELON HÉRODOTE

 

            Hérodote s’étend longuement sur la bataille de Salamine, qui fixe le sort de la Deuxième guerre médique.

 

« Sur mer : les Grecs à Salamine.

 

Les forces navales des Grecs, qui avaient quitté l'Artémision, vinrent à la demande des Athéniens mouiller à Salamine. Les Athéniens avaient leurs raisons pour les prier de s'arrêter là : ils voulaient évacuer de l'Attique les enfants et les femmes, mais aussi discuter des plans à adopter. Vu les circonstances ils avaient à tenir conseil, puisqu'ils étaient trompés dans leur attente : ils pensaient trouver toutes les forces du Péloponnèse installées solidement en Béotie et prêtes à recevoir le Barbare ; ils constataient qu'il n'en était rien, et ils apprenaient que les Péloponnésiens fermaient l'Isthme par un muret, soucieux par-dessus tout de sauver le Péloponnèse, s'attachaient à le protéger en abandonnant tout le reste. En apprenant cette nouvelle, ils avaient alors demandé que la flotte mouillât à Salamine.

Les alliés s'arrêtèrent donc à Salamine, sauf les Athéniens qui allèrent chez eux. Sitôt arrivés, ils firent proclamer par le héraut que tout Athénien devait mettre en sûreté ses enfants, sa famille et ses gens comme il le pourrait. Les Athéniens firent alors partir leurs familles, pour Trézène le plus souvent, ou encore pour Égine ou Salamine. Ils se hâtèrent de les évacuer pour obéir à l'oracle sans doute, mais ils avaient encore et surtout un autre motif : d'après eux un grand serpent, qui est le gardien de leur Acropole, vit dans le temple ; ç'est ce qu'ils disent, et ils sont d'ailleurs si bien persuadés de son existence qu'ils lui apportent chaque mois des offrandes rituelles : l'offrande consiste en un gâteau de miel. Or le gâteau, qui jusqu'alors avait toujours disparu, n'avait pas été touché cette fois. La prêtresse avait signalé le fait, et les Athéniens n'en furent que plus pressés de quitter leur ville, parce qu’ils pensèrent que la déesse avait elle aussi abandonné leur Acropole. Quand ils eurent évacué tous leurs biens, ils rejoignirent la flotte au mouillage.

Quand la flotte de l'Artémision eut mouillé devant Salamine, le reste des forces navales de la Grèce, en apprenant son arrivée, quitta Trézène et vint la, rejoindre (les ordres précédents avaient indiqué le port, de Trézène, Pogon, pour point de ralliement). Les navires rassemblés à Salamine étaient bien plus nombreux qu'ils ne l'étaient au combat de l'Artémision, et venaient d'un plus grand nombre de cités. Le chef suprême était, de même qu'à l'Artémision, Eurybiade fils d'Euryclidès, un Spartiate, mais qui n'était pas de la famille royale ; les vaisseaux les plus nombreux de beaucoup et les meilleurs étaient ceux des Athéniens.

Voici les peuples qui participaient à l'expédition : pour le Péloponnèse, les Lacédémoniens fournissaient seize vaisseaux, les Corinthiens autant qu'à l'Artémision, les Sicyoniens quinze, les Épidauriens dix, les Trézéniens cinq, les Hermioniens trois (tous, sauf les Hermioniens, appartiennent au peuple dorien et macédnon, partis en dernier lieu d'Érinéos, de Pindos et de la Dryopide ; les Hermioniens, eux, sont des Dryopes qu'Héraclès et les Maliens ont chassés du pays nommé Doride à présent).

Voilà les peuples du Péloponnèse qui participaient à l'expédition, et voici maintenant ceux du continent, hors du Péloponnèse : les Athéniens, qui fournissaient autant de vaisseaux que tous les autres ensemble, en avaient cent quatre-vingts ; ils étaient seuls, car à Salamine les Platéens n'étaient pas à leurs côtés dans la, bataille, en raison du fait suivant : quand les Grecs en quittant l'Artémision passèrent devant Chalcis, les Platéens débarquèrent sur l'autre rive, en Béotie, et s'occupèrent d'évacuer leurs familles ; en sauvant les leurs, ils se mirent en retard. (Les Athéniens, à l'époque où les Pélasges possédaient le pays qu'on appelle la Grèce, étaient des Pélasges, nommés Cranaens ; sous leur roi Cécrops ils s'appelèrent les Cécropides ; quand le pouvoir passa aux mains d'Érechthée, ils changèrent de nom et s'appelèrent Athéniens et, quand Ion fils de Xouthos devint leur chef, ils prirent son nom et s'appelèrent Ioniens.)

Les Mégariens fournirent le même nombre de vaisseaux qu'à l'Artémision, les Ambraciotes amenèrent sept navires aux alliés, et les Leucadiens trois (ceux-là sont des Doriens venus de Corinthe).

Parmi les Grecs des îles, les Éginètes fournissaient trente navires ; ils en avaient d'autres tout équipés, mais ils les gardaient pour protéger leur propre pays et ils employèrent à Salamine ces trente vaisseaux, leurs meilleurs marcheurs (les Éginètes sont des Doriens venus d'Épidaure ; leur île s'est appelée d'abord Oinoné). Il y avait ensuite les Chalcidiens avec les vingt navires qu'ils avaient à l'Artémision, et les Érétriens avec les sept qu'ils y avaient amenés ; puis les gens de Céos, avec leurs vaisseaux de l'Artémision (ils sont de race ionienne, originaires d'Athènes). Les Naxiens, qui amenaient quatre navires, avaient été envoyés auprès des Mèdes par leur cité, tout comme les autres Insulaires, mais, en dépit des ordres qu'ils avaient reçus, ils allèrent rejoindre les Grecs à l'instigation d'un de leurs concitoyens les plus distingués, Démocrite, qui commandait alors l'une de leurs trières (les Naxiens sont des Ioniens de souche athénienne). Les Styréens amenaient leurs vaisseaux de l'Artémision, et les Cythniens en fournissaient un, plus un navire à cinquante rames (ces peuples sont tous les deux des Dryopes). Les Sériphiens, les Siphniens et les Méliens étaient également présents : eux seuls, de tous les Insulaires, n'avaient pas cédé au Barbare la terre et l'eau.

Les peuples qui habitent en deçà des Thesprotes et du fleuve Achéron participaient tous à l'expédition. Les Thesprotes habitent aux frontières des Ambraciotes et des Leucadiens, les alliés venus des régions les plus lointaines. Parmi les peuples encore plus éloignés, les Crotoniates furent les seuls à venir au secours de la Grèce au moment du danger, avec un seul vaisseau, sous les ordres d'un homme qui avait trois fois remporté la victoire aux Jeux Pythiques, Phayllosa (les Crotoniates sont des Achéens).

Donc ces peuples participaient à l'expédition avec des trières, sauf les Méliens, les Siphniens et les Sériphiens qui avaient des vaisseaux à cinquante rames ; les Méliens (qui sont issus des Lacédémoniens) en avaient deux, les Siphniens et les Sériphiens (qui sont des Ioniens originaires d'Athènes) chacun un. Au total, les vaisseaux, non compris les navires à cinquante rames, étaient au nombre de trois cent soixante-dix-huit.

Rassemblés à Salamine, les chefs militaires des cités nommées ci-dessus délibérèrent ; Eurybiade avait proposé d'autoriser qui le voudrait à dire en quel endroit il lui semblait opportun d'engager le combat naval, dans les régions qui leur appartenaient encore ; Athènes était abandonnée déjà, il parlait donc des autres régions. Les opinions exprimées furent en majorité d'accord pour que la flotte gagnât l'Isthme et livrât bataille devant le Péloponnèse, en donnant pour raison qu'à la suite d'une défaite navale les alliés, s'ils étaient à Salamine, seraient bloqués dans une île sans secours possible, tandis qu’à l'Isthme ils se retrouveraient au moins en terre amie.

 

Prise d'Athènes.

 

Les chefs du Péloponnèse soutenaient cet argument lorsqu'un Athénien survint avec la nouvelle que le Barbare était en Attique et livrait tout le pays aux flammes. En effet, Xerxès et son armée avaient traversé la Béotie, brûlé la ville de Thespie, abandonnée par ses habitants qui s'étaient réfugiés dans le Péloponnèse, et celle de Platées dans les mêmes conditions, et ils étaient arrivés dans Athènes et dévastaient toute la région. Ils avaient incendié Thespie et Platées quand les Thébains les avaient prévenus que ces villes n'avaient pas épousé leur parti.

Depuis le moment où les Barbares avaient franchit l'Hellespont, point de départ de leur marche en Europe après s'y être arrêtés un mois, y compris le temps de la traversée, il leur avait fallu trois autres mois pour parvenir en Attique, où ils arrivèrent sous l'archontat dans Athènes de Calliadès. Ils s'emparèrent de la ville qui était déserte, et n'y trouvèrent qu'un petit groupe d'Athéniens réfugiés dans le temple : c'étaient des intendants du temple et quelques pauvres gens qui s'étaient barricadés sur l'Acropole avec des planches et des poutres et tentèrent de résister à l'assaillant ; leur pauvreté les avait empêché de quitter la ville pour aller se réfugier à Salamine, et d'ailleurs ils croyaient avoir seuls compris le sens exact de l'oracle prononcé par la Pythie : imprenable sera la muraille de bois ; l'asile promis, c'était, pensaient-ils, une barricade et non pas les vaisseaux.

Les Perses prirent position sur la butte, située en face de l'Acropole, que les Athéniens appellent l'Aréopage et, pour assiéger le temple, ils employaient cette méthode : ils entouraient leurs flèches d'étoupe et les lançaient enflammées contre la barricade. Cependant les assiégés tenaient bon, quoique leur situation fût désespérée et que leur retranchement eût trahi leurs espoirs ; ils n'écoutèrent même pas les Pisistratides qui leur proposaient de négocier un accord, et s'ingénièrent à résister par d'autres moyens ; en particulier, ils faisaient rouler des blocs de pierre sur les Barbares quand ils approchaient des portes. Leur résistance arrêta longtemps Xerxès, qui ne pouvait en venir à bout.

Enfin les Barbares découvrirent un moyen de vaincre cet obstacle ; car il fallait que l'oracle s'accomplît et que l'Attique tout entière sur le continent tombât au pouvoir des Perses. Sur le devant de l'Acropole, en arrière des portes et de la rampe d'accès, en un point qu'on ne surveillait pas et par où jamais un homme, pensait-on, n'aurait pu monter, quelques soldats escaladèrent le rocher du côté du sanctuaire d'Aglaure, fille de Cécrops, malgré les difficultés du terrain. Lorsque les Athéniens les virent sur l'Acropole, les uns se jetèrent du haut du rempart et se tuèrent, les autres se réfugièrent à l'intérieur du temple. Les Perses, entrés dans l'Acropole, s'occupèrent d'abord des portes de la citadelle et, après les avoir ouvertes aux leurs, ils massacrèrent les suppliants ; ils les exterminèrent jusqu'au dernier, puis ils pillèrent le temple et incendièrent tout ce qui était sur l’Acropole.

Maître d'Athènes tout entière, Xerxès envoya un homme à cheval informer Artabane, à Suse, de son présent triomphe. Le jour qui suivit le départ de son messager, il fit venir les Athéniens exilés qui l'accompagnaient et leur ordonna d'aller sacrifier sur l'Acropole selon leurs rites ; peut-être un songe lui avait-il dicté cette décision, peut-être était-ce simplement le remords d'avoir fait incendier le temple. Les bannis athéniens firent ce qu'il leur demandait.

Je veux dire ici la raison pour laquelle j'ai signalé ce fait. Il y a sur l'Acropole un temple dédié à Érechthée qui, dit-on, naquit de la terre, et l'on voit dans ce temple un olivier, ainsi qu'une source d'eau salée : les traditions d'Athènes veulent que Poséidon et Athéna, qui se disputèrent le pays, les aient fait apparaître à l'appui de leurs revendications. Or il se trouva que l'olivier fut brûlé dans l'incendie du temple par les Barbares ; mais, le lendemain de l'incendie, quand les Athéniens chargés par le roi d'offrir un sacrifice montèrent au sanctuaire, ils virent qu'une pousse haute d'une coudée avait jailli du tronc. Voilà ce que dirent les bannis.

 

À Salamine: l’intervention de Thémistocle.

 

Les Grecs à Salamine furent  si consternés, lorsque la nouvelle leur parvint du sort de l'Acropole d'Athènes, que certains de leurs chefs n'attendirent même pas la conclusion du débat et se jetèrent dans leur navires dont ils firent hisser les voiles pour fuir aussitôt ; les autres décidèrent de livrer bataille dans les eaux de l'Isthme. Puis la nuit vint, ils levèrent la séance, et chacun

regagna son bord.

Alors, quand Thémistocle revint sur son navire, un Athénien, Mnésiphile, lui demanda ce qu'on avait décidé. Informé par lui qu'on avait résolu de ramener les navires à l'Isthme et de combattre devant le Péloponnèse, il lui dit : « Certes, si les Grecs retirent leurs vaisseaux de Salamine, tu n'auras plus à lutter sur mer pour quelque patrie que ce soit : ils s'en iront tous dans leurs cités et Eurybiade ne pourra pas les arrêter, ni personne au monde, pour empêcher l'émiettement total de l'expédition ; ce sera la perte de la Grèce, faute d'avoir su bien décider. Cependant, si l'on y peut encore quelque chose, va donc essayer de les faire revenir sur leur décision, va voir si par hasard tu ne pourrais pas convaincre Eurybiade de changer d'avis et de ne pas bouger d'ici ».

Thémistocle trouva le conseil excellent et, sans lui répondre, se dirigea vers le vaisseau d'Eurybiade ; là, il déclara qu'il désirait discuter avec lui d'une question d'intérêt général. Eurybiade le pria de venir à son bord lui parler, s'il avait quelque chose à lui dire. Alors Thémistocle vint s'asseoir près de lui et lui présenta comme la sienne l'opinion que Mnésiphile lui avait exposée, non sans la renforcer par bien d'autres arguments, jusqu'à ce qu'il l'eût amené par ses instances à quitter son navire et appeler tous les chefs au Conseil.

Sitôt les chefs réunis, Thémistocle, sans attendre qu'Eurybiade leur eût indiqué le motif de leur convocation, se lança dans un long discours, en homme impatient de leur faire adopter son avis. Mais le chef corinthien, Adimante fils d'Ocytos, interrompit son exposé : « Thémistocle », dit-il, « aux Grands Jeux, qui part avant son tour reçoit des coups ». — « Certes », répondit l'autre pour s'excuser, « mais qui traîne derrière les autres ne remporte pas la couronne. »

Thémistocle répondit, pour cette fois, calmement au Corinthien ; puis, à l'adresse d'Eurybiade, il ne reprit aucun de ses arguments précédents et n'exprima pas la crainte que la flotte ne se dispersât en quittant Salamine, car incriminer les alliés en leur présence n'eut pas été à son honneur ; il prit un autre tour et déclara : « Tu es maître aujourd'hui de sauver la Grèce, si tu livres bataille ici même suivant mon conseil, et si tu refuses d'écouter ceux-ci et de ramener la flotte vers l'Isthme. Écoute, et confronte nos avis : si tu engages la bataille près de l'Isthme, elle aura lieu en pleine mer, grave désavantage pour nous dont les navires sont plus lourds et moins nombreux que ceux de l'ennemi ; et tu perdras Salamine, Mégare et Égine, même si nous avons ailleurs la victoire ; les forces terrestres de l'ennemi avanceront en accord avec sa flotte, et par là tu les auras toi-même dirigées sur le Péloponnèse ; et tu mettras la Grèce tout entière en danger. Si, au contraire, tu adoptes mon plan, tu y trouveras bien des avantages : d'abord, comme nous livrerons bataille dans un espace restreint en opposant peu de navires à une flotte nombreuse, si tout se passe comme d'habitude à la guerre, nous l'emporterons nettement : combattre à l'étroit nous sert, combattre au large sert nos ennemis. En outre Salamine leur échappe, où nous avons mis à l'abri nos enfants et nos femmes. Ajoute encore cette considération qui vous touche plus que tout : tu protégeras autant le Péloponnèse en livrant bataille ici qu'en allant combattre devant l'Isthme et, si tu as quelque bon sens, tu ne dirigeras pas l'ennemi sur le Péloponnèse. Si tout se passe comme je l'espère et si nos vaisseaux l'emportent, les Barbares n'iront pas vous attaquer à l'Isthme et ils ne dépasseront pas l'Attique : ils se retireront en désordre et pour notre plus grand avantage, car Mégare nous restera, ainsi qu'Égine et Salamine où, nous dit un oracle, nous devons triompher de nos ennemis. Les gens qui prennent des décisions logiques réussissent en général, les autres non, et le ciel ne se plie pas aux volontés des hommes ».

À ces mots, le Corinthien Adimante intervint Sépias et aux Thermopyles : je pense pouvoir compter, à la place des hommes disparus dans la tempête ou tombés aux Thermopyles et dans les batailles navales de l'Artémision, ceux qui, à ce moment, ne marchaient pas encore avec le roi, c'est-à-dire les Maliens, les Doriens, les Locriens, les Béotiens (sauf les Thespiens et les Platéens), qui le suivaient avec toutes leurs forces, ainsi que les Carystiens, les Andriens, les Téniens et le reste des Insulaires (sauf les cinq cités dont j'ai donné les noms précédemment), car plus le Perse avançait en Grèce, plus il avait de peuples à sa suite.

Quand tous les contingents furent arrivés dans Athènes (les Pariens exceptés, qui restaient à Cythnos en attendant de savoir comment tournerait la guerre) et que le reste de l'expédition fut à Phalère, Xerxès se rendit en personne auprès de sa flotte, parce qu'il entendait prendre contact avec ses équipages et s'enquérir de leurs dispositions. Il vint et prit place sur un trône, devant les tyrans des divers peuples et les commandants des navires qu'il avait fait appeler ; chacun prit place au rang que le roi lui avait assigné : le roi de Sidon venait le premier, puis le roi de Tyr, puis les autres. Quand ils furent tous assis dans l'ordre voulu, Xerxès chargea Mardonios de les interroger pour savoir ce que chacun pensait d'une éventuelle bataille navale.

Mardonios parcourut leurs rangs et les interrogea tous, en commençant par le Sidonien ; tous furent du même avis et demandèrent qu'on livrât bataille sur mer ; cependant Artémise lui fit cette réponse : « Rapporte au roi, Mardonios, que je déclare ceci, moi dont la vaillance et les exploits n'ont pas été les moindres aux combats navals devant l'Eubée : « Maître, il est juste que je te donne ma véritable opinion, la meilleure que j'aie en tête pour servir tes intérêts. La voici donc : épargne tes navires, ne combats pas sur mer, car leurs hommes sont plus forts que les tiens sur la mer, tout autant que des hommes l'emportent sur des femmes. D'ailleurs pourquoi vouloir à tout prix courir ce risque ? Ne possèdes-tu pas Athènes, qui était l'objet de ton expédition, et tout le reste de la Grèce ? Tu n'as plus personne devant toi ; ceux qui t'ont résisté ont eu la fin qu'ils méritaient, et le sort qui selon moi attend tes adversaires, je vais te le dire : si, au lieu de te lancer en hâte dans un combat naval, tu gardes tes navires ici, près de la terre, soit que tu attendes l'ennemi, soit encore que tu avances dans le Péloponnèse, tu obtiendras sans peine, maître, ce que tu es venu chercher ; les Grecs ne peuvent pas tenir long temps devant toi, tu les disperseras et ils s’enfuiront tous chez eux ; car, d'après mes informations, ils n'ont pas d'approvisionnements dans cette île et, si tu diriges tes troupes sur le Péloponnèse, il est inconcevable que les combattants originaires de ce pays n'en soient point émus et n'en perdent pas toute envie de lutter sur mer devant Athènes. Si, au contraire, tu te lances immédiatement dans un combat naval, je crains pour tes forces terrestres les conséquences du malheur qui pourrait arriver à ta flotte. D'ailleurs médite aussi, seigneur, sur ce point : aux maîtres généreux les méchants esclaves, aux méchants les bons serviteurs. Comme tu es le plus généreux des hommes, tu as de méchants esclaves qu'on veut faire passer pour tes alliés, Égyptiens et Cypriotes, Ciliciens et Pamphyliens, tous des gens qui n'ont pas la moindre valeur ».

Ces paroles d'Artémise à Mardonios désolèrent tous ceux qui avaient quelque sympathie pour elle et prévoyaient sa disgrâce, du moment qu'elle s'opposait au projet du roi. Ceux qui la détestaient et la jalousaient parce que Xerxès l'honorait entre tous ses alliés se réjouissaient de sa réponse et la croyaient déjà perdue. Mais quand les avis donnés furent transmis au roi, Xerxès apprécia beaucoup celui d'Artémise, dont il avait déjà reconnu la valeur et qu'il loua plus encore en cette occasion. Il ordonna, toutefois de suivre l'avis de la majorité ; sa flotte, pensait-il, avait manqué d'ardeur sur la côte de l'Eubée parce qu'il n'était pas là, mais il avait tout arrangé cette fois-ci pour assister au combat.

Sitôt reçu l'ordre d'appareiller, les Perses conduisirent leurs vaisseaux devant Salamine et les mirent en position tout à loisir. Ils n'eurent pas assez de temps ce jour-là pour engager la bataille, car la nuit tombait déjà ; ils se préparèrent donc à combattre le lendemain. De l'autre côté, la crainte et l'angoisse avaient saisi les Grecs et surtout ceux du Péloponnèse : ils étaient dans l'angoisse parce qu'arrêtés à Salamine ils allaient se battre sur mer pour la terre athénienne et, vaincus, se trouveraient bloqués et assiégés dans l'île, tandis que leur pays se trouvait abandonné sans défenseurs.

 

Les Péloponnésiens fortifient l’Isthme.

 

D'autre part les forces terrestres des Barbares, pendant cette nuit-là, s’ébranlèrent pour gagner le Péloponnèse. Or, tout avait été mis en œuvre pour empêcher les Barbares d'y pénétrer, par le continent : sitôt connue la mort aux Thermopyles de Léonidas et de ses compagnons, de toutes leurs cités les Péloponnésiens accoururent à l'Isthme et s'y établirent ; ils avaient pour chef Cléombrotos fils d'Anaxandride, le frère de Léonidas. Établis dans l'Isthme, ils barrèrent la route Scironienne, puis, comme ils en avaient décidé au Conseil, ils se mirent en devoir de fermer l'Isthme par un mur. Comme il y avait là des milliers d'hommes qui tous y travaillaient, l'ouvrage avançait vite ; les pierres, les briques, le bois, les couffins de sable affluaient et le travail ne cessait pas un instant, ni le jour, ni la nuit.

Voici les Grecs qui participèrent avec toutes leurs forces à la défense de l'Isthme : les Lacédémoniens et tous les Arcadiens, les Éléens, Corinthiens, Sicyoniens, Épidauriens, Phliasiens, Trézéniens et Hermioniens. Ceux-là vinrent au secours de la Grèce et s'émurent du danger qu'elle courait ; le reste des Péloponnésiens ne s'en inquiéta pas : pourtant les Jeux Olympiques et les Carnéia étaient déjà terminés.

Sept peuples habitent le Péloponnèse. Deux sont des autochtones et occupent toujours leur territoire ancien : les Arcadiens, et les Cynuriens. Un autre, le peuple achéen, n'est jamais sorti du Péloponnèse, mais a quitté son territoire pour s'installer sur un autre. Les quatre autres peuples, Doriens, Étoliens, Dryopes et Lemniens, sont d'origine étrangère. Les Doriens ont des cités nombreuses et célèbres ; les Étoliens n'en ont qu'une, Élis ; les Dryopes ont Hermione et Asiné, qui et près de Cardamyle en Laconie ; aux Lemniens appartiennent tous les Paroréates. Les Cynuriens sont autochtones et seuls paraissent être des Ioniens, mais ils se sont entièrement assimilés aux Doriens, à la longue et sous la domination des Argiens ; ce sont les Ornéates et leurs voisins. Les cités qui appartiennent à ces sept peuples et que je n'ai pas énumérées ci-dessus avaient choisi de rester neutres ; mais, si l'on nous permet de parler en toute franchise, en choisissant la neutralité, elles se rangeaient aux côtés des Mèdes.

 

À Salamine : la ruse de Thémistocle.

 

Donc, les Grecs réunis dans l'Isthme s'étaient mis à cet ouvrage ; c'était courir leur course suprême et montrer qu'ils n'espéraient point de triomphe pour leur flotte. De leur côté les Grecs réunis à Salamine tremblaient, tout en apprenant leur projet, et plus pour le Péloponnèse que pour leur propre salut. Ils s'étaient contentés jusqu'alors de murmurer, en tête à tête, contre l'imprudente stratégie d'Eurybiade, mais l'opposition éclata finalement au grand jour ; il y eut une réunion et l'on reprit, longuement, les mêmes thèses : pour les uns, il fallait se replier sur le Péloponnèse et tout risquer pour le défendre, au lieu de s'attarder à combattre devant un pays déjà vaincu ; pour les Athéniens, les Éginètes et les Mégariens, il fallait au contraire livrer bataille sur place.

Alors, quand Thémistocle vit triompher l'avis des Péloponnésiens, il quitta discrètement la salle du Conseil et, dehors, fit partir pour le camp des Mèdes, dans une barque, un homme bien instruit des propos qu'il devait tenir. — L'homme, qui s'appelait Sicinnos, était des gens de Thémistocle et le pédagogue de ses fils ; plus tard, Thémistocle le fit citoyen de Thespies, quand cette ville admit de nouveaux habitants, et il lui donna beaucoup d'argent. L'homme rejoignit en barque le camp des Barbares et tint à leurs chefs ce langage : « Le chef des Athéniens m'envoie vers vous à l'insu des autres Grecs (car il est tout dévoué au roi et souhaite votre succès plutôt que le leur), pour vous dire que les Grecs sont terrifiés et décident de prendre la fuite il ne tient qu'à vous d'accomplir à présent un exploit sensationnel, en ne leur permettant pas de vous échapper. Ils ne s'entendent pas, ils ne vous résisteront plus, et vous verrez la bataille s'engager en mer entre vos partisans et vos ennemis ». L'homme leur transmit ces renseignements, et il s'éclipsa.

Les Barbares prirent ce message pour véridique ; ils firent débarquer dans Psyttalie, un îlot situé entre Salamine et le continent, un fort contingent de Perses ; puis, au milieu de la nuit, ils déployèrent en demi-cercle leur aile ouest en direction de Salamine, firent avancer leurs navires postés autour de Céos et de Cynosure et fermèrent la passe jusqu'à Munichie. Ils avaient l'intention, par ce mouvement, d'enlever aux Grecs toute possibilité de fuir et de leur faire payer, bloqués dans Salamine, leur succès de l'Artémision ; et ils firent débarquer des Perses dans l'îlot nommé Psyttalie pour la raison suivante : quand on livrerait la bataille, les hommes tombés à la mer et les épaves viendraient justement s'y échouer (car l'île se trouvait à l'endroit où le combat devait se dérouler), et ils projetaient de recueillir les leurs et de massacrer les ennemis. Ils manoeuvrèrent en silence pour ne pas donner l'éveil à leurs adversaires. Donc, les Perses prirent leurs positions pendant la nuit, sans s'accorder un instant de repos.

Je ne puis vraiment pas contester la vérité des oracles et je ne songe nullement à tenter d'en nier l'évidence lorsque j'ai sous les yeux semblable réponse :

 

Lorsque Artémis au glaive d'or verra son saint rivage

Relié par leurs navires à Cynosure au milieu des flots

Lorsque dans leur fol espoir ils auront saccagé la splendide Athènes,

Alors la Divine Justice éteindra la brutale Insolence, la fille de Démesure

Aux furieux désirs, sûre que tout lui cédera.

L'airain rencontrera l'airain ; Arès avec des flots de sang

Teindra la mer. La Grèce alors verra luire le jour de la liberté,

Don du Cronide au vaste regard et de la Victoire toute puissante.

 

En pareil cas, et lorsque Bacis parle si clairement, je n'ai pas moi-même l'audace de contester la vérité des oracles, et je ne l'admets pas non plus chez autrui.

À Salamine les chefs des Grecs étaient toujours plongés dans leurs discussions. Ils ne savaient pas encore que les navires des Barbares les enveloppaient et les croyaient toujours aux places où ils les avaient vus le jour précédent.

 

Intervention d’Aristide.

 

Ils siégeaient toujours lorsqu'Aristide fils de Lysimaque arriva d'Égine. — C'était

un Athénien, et le peuple l'avait frappé d'ostracisme, mais par tout ce que je sais de son caractère,

je le considère comme l'homme le plus vertueux et le plus juste qu'Athènes ait connu. Donc, Aristide vint à la porte de la salle du Conseil et fit appeler Thémisctocle, qui n'était point son ami, mais bien son pire ennemi : cependant la grandeur du péril qui les menaçait lui fit oublier leurs dissentiments et il appela Thémistocle pour conférer avec lui. Il avait appris déjà que les Grecs du Péloponnèse voulaient de toute urgence ramener la flotte vers l'Isthme. Quand Thémistocle fut devant lui, Aristide lui dit ceci : « Nous sommes rivaux, mais nous devons en toute circonstance, et aujourd'hui surtout, lutter à qui de nous deux rendra le plus de services à la patrie. Or, je t'annonce que les Péloponnésiens peuvent toujours discourir plus ou moins longuement sur le départ de la flotte : cela ne changera rien à la situation, car j'ai vu de mes yeux ce que je t'annonce : pour l'instant, qu'ils le veuillent ou non, les Corinthiens et Eurybiade en personne seront bien incapables de partir d'ici, car nous sommes entourés par les ennemis. Va les retrouver, et donne-leur cette nouvelle ».

Thémistocle lui répondit : « Ton conseil est excellent, et tu nous apportes une bonne nouvelle : ce que tu as vu de tes yeux, ce qui t'amène ici, c'est exactement ce que je désirais. C'est grâce à moi, sache-le, que les Mèdes font ce qu'ils font, car du moment que les Grecs ne consentaient pas à engager volontairement la bataille, il fallait bien les y forcer. Mais, puisque tu es venu nous apporter cette bonne nouvelle, annonce-la toi-même : si elle vient de moi, on pensera que je l'invente et je ne les convaincrai pas ; ils ne croiront pas à cette manoeuvre des Barbares. Va toi-même les trouver, explique-leur la situation ; quand tu leur auras parlé, s'ils te croient, tant mieux, mais s'ils restent incrédules, le résultat sera le même, car ils ne pourront plus prendre la fuite si nous sommes vraiment cernés de tous les côtés comme tu l'annonces ».

Devant le Conseil Aristide exposa la situation : il venait d'Égine, déclara-t-il, et il avait échappé non sans peine aux navires ennemis qui bloquaient le passage, car la flotte grecque était cernée tout entière par celle de Xerxès ; il leur conseillait donc de se préparer, dans l'attente d'une offensive de l'ennemi. Cela dit, Aristide se retira, mais les autres recommencèrent à discuter, car les chefs, en général, ne croyaient pas à cette nouvelle.

Ils n'en croyaient toujours rien lorsque survint une trière transfuge, montée par des Téniens sous les ordres de Panaitios fils de Sosiménès, qui leur apporta la vérité tout entière. Pour cette action les Téniens ont eu leur nom inscrit à Delphes, sur le trépied, au nombre des Grecs qui ont abattu le Barbare. Avec ce navire qui passa dans leurs lignes à Salamine et celui de Lemnos qui les avait rejoints auparavant à l'Artémision, la flotte grecque parvint au chiffre rond de trois cent quatre-vingts navires ; auparavant il lui en fallait encore deux pour atteindre ce nombre.

 

La bataille.

 

Les Grecs jugèrent enfin dignes de foi les affirmations des Téniens, et ils se préparèrent à la bataille imminente. L'aurore parut et les chefs réunirent les soldats ; l'allocution que prononça Thémiftocle fut, entre toutes, excellente : il la consacra tout entière à mettre en parallèle ce qu'il y a de plus noble et de plus vil dans la nature et la condition de l'homme, il exhorta les Grecs à choisir toujours le parti le plus noble et, son discours achevé, donna l'ordre de monter sur les vaisseaux. Donc les hommes s'embarquèrent, et la trière qui revenait d'Égine survint à ce moment, celle qu'on avait envoyée chercher les Éacides. Les Grecs, alors, firent avancer leurs navires.

Les Barbares les attaquèrent aussitôt. Les Grecs commençaient tous à reculer et à se rapprocher du rivage, mais un Athénien, Ameinias de Pallène, avança et se jeta sur un navire ennemi ; comme il restait accroché à son adversaire et qu'ils ne pouvaient ni l'un ni l'autre se libérer, les autres navires grecs vinrent à la rescousse et la mêlée s'engagea. Voilà, disent les Athéniens, comment la bataille a commencé ; mais, selon les Éginètes, c'est le navire qu'on avait envoyé chercher les Éacides à Égine qui ouvrit les hostilités. On raconte encore autre chose : une apparition qui, sous la forme d'une femme, exhorta l'armée grecque d'une voix si forte que tous l'entendirent et qui prononça d'abord ce reproche : « Malheureux, jusques à quand ferez-vous reculer vos nefs ? »

Les Athéniens avaient en face d'eux les Phéniciens, placés du côté d'Éleusis et du couchant ; les Lacédémoniens étaient en face des Ioniens, placés du côté du levant et du Pirée. Ceux-ci furent peu nombreux à faiblir volontairement comme Thémistocle le leur avait demandée ; le plus grand nombre n'en fit rien. Je puis donner les noms de plusieurs capitaines qui capturèrent des vaisseaux grecs, mais je n'en ferai rien, sauf pour Théomestor fils d'Androdamas et Phylacos fils d'Histiée, deux Samiens : je mentionne ici leurs noms parce que Théomestor, en récompense, fut fait tyran de Samos par les Perses, et Phylacos fut inscrit sur la liste des « Bienfaiteurs du Roi », et Xerxès lui octroya un domaine immense. Les « Bienfaiteurs du Roi » s'appellent en langue perse les orosanges.

Voilà ce qui advint à ces deux hommes. — Les Perses perdirent à Salamine la plupart de leurs navires, détruits soit par les Athéniens, soit par les Éginètes. Les Grecs combattaient alignés et en bon ordre, mais les Barbares avaient rompu leurs lignes et ne calculaient aucun de leurs mouvements : il devait donc leur arriver ce qui justement leur arriva. Cependant ils étaient (car ils le furent ce jour-là) bien plus braves qu'ils ne l'avaient été devant l'Eubée, car tous rivalisaient d'ardeur et redoutaient Xerxès, et chacun se croyait spécialement observé par le roi.

Je ne saurais parler de tous les combattants, Grecs ou Barbares, et dire en détails ce que fit chacun d'eux, mais à propos d'Artémise voici ce qui lui valut encore plus d'estime de la part de Xerxès : au moment où les forces du roi se trouvèrent en pleine confusion, le vaisseau d'Artémise fut pris en chasse par un navire d'Athènes ;elle ne pouvait pas lui échapper, car des navires alliés lui barraient le passage et le sien se trouvait exposé le premier aux coups de l'ennemi. La décision qu'elle prit alors la servit à merveille : pourchassée par ce navire d'Athènes, elle se jeta sur un allié, un navire de Calyndaz qui portait le roi du pays en personne, Damasithymos. Artémise et lui s'étaient-ils querellés lorsqu'ils étaient encore dans l'Hellespont, je ne saurais le dire, et je ne sais pas davantage si son geste fut prémédité ou si le hasard seul mit devant elle le navire des Calyndiens. Toujours est-il qu'elle se jeta sur lui et le coula, et qu'elle eut la chance d'en tirer deux avantages — car le commandant de la trière d'Athènes crut, en la voyant attaquer un navire des Barbares, que son vaisseau appartenait à la flotte des Grecs ou bien qu'il venait combattre de leur côté, et il l'abandonna pour un autre adversaire.

Artémise y gagna d'abord d'échapper à l'ennemi et d'éviter la mort ; mais elle en tira cet autre avantage aussi : le mal qu'elle avait fait à Xerxès eut ce résultat qu'il l'en estima plus que jamais. Xerxès, qui observait la bataille, remarqua, dit-on, ce navire qui en attaquait un autre, et quelqu'un près de lui s'exclama : «Vois-tu, maître, comme Artémise sait bien se battre, et comment elle a coulé l'un des vaisseaux ennemis ? » Le roi demanda si cet exploit était véritablement l'ouvrage d'Artémise ; ses gens l'en assurèrent, car ils connaissaient bien l'enseigne que portait son vaisseau, et ils supposaient que le navire coulé appartenait aux ennemis. D'ailleurs la chance qui l'avait favorisée jusque-là, comme on vient de le voir, la servit encore, et du navire de Calynda personne ne survécut pour l'accuser. Xerxès eut, dit-on, ce mot devant le fait qu'on lui signalait : « Je vois que les hommes sont aujourd'hui devenus des femmes, et les femmes, des hommes ». Voilà, dit-on, le mot que prononça Xerxès.

Dans cette action le stratège Ariabignès, fils de Darius et frère par conséquent de Xerxès, trouva la mort, avec bien des personnages importants parmi les Perses, les Mèdes et leurs alliés ; il y eut également des victimes dans les rangs des Grecs, mais en petit nombre, car eux savaient nager, et les hommes dont les vaisseaux étaient coulés, ceux du moins qui ne succombaient pas dans le corps à corps, pouvaient gagner Salamine à la nage. Au contraire les Barbares périrent noyés pour la plupart, comme ils ne savaient pas nager. C'est au moment où céda leur première ligne que la flotte des Barbares subit ses plus lourdes pertes, car les combattants de la deuxième ligne, qui tâchaient de passer en avant pour se signaler à leur tour aux yeux du roi, se heurtaient aux navires des leurs qui voulaient fuir.

Il advint encore ceci au cours de la mêlée : certains Phéniciens qui avaient perdu leurs navires s'en vinrent calomnier les Ioniens auprès du roi, en prétendant qu'ils avaient causé la perte de leurs bâtiments par un acte de trahison. Mais l'affaire ne se termina point par la mort des chefs ioniens, et les Phéniciens furent bien payés de leurs calomnies : ils n'avaient pas fini de parler qu'un navire de Samothrace se jetait sur une trière d'Athènes : celle-ci coula, mais un navire d'Égine survint et coula le navire de Samothrace ; mais les gens de Samothrace, dont l'arme et le javelot, dispersèrent par une grêle de traits les soldats embarqués sur le navire qui les avait coulés, montèrent à l'abordage et s'emparèrent du bâtiment. Ce fut le salut pour les Ioniens : Xerxès, qui vit cet exploit, se tourna contre les Phéniciens, en homme furieux de sa défaite et prêt à trouver partout des responsables, et il leur fit couper la tête : ces lâches n'iraient plus désormais calomnier plus braves qu'eux. — Lorsque Xerxès, de sa place au pied de la colline qu'on nomme Aigalée, en face de Salamine, voyait quelque exploit accompli par l'un des siens, il demandait le nom de son auteur, et ses secrétaires consignaient le nom du capitaine du navire, le nom de son père, sa cité. D'ailleurs, un ami des Ioniens qui se trouvait près du roi, le Perse Ariaramnès, aida lui aussi au malheur des Phéniciens.

Donc, ils tournèrent leur colère contre les Phéniciens. Tandis que les Barbares en déroute cherchaient à se replier sur Phalère, les Éginètes, embusqués dans le détroit, se couvrirent de gloire ; car si les Athéniens, dans la mêlée, détruisaient tous les navires qui tentaient ou de résister ou de fuir, les Éginètes s'attaquaient à ceux qui sortaient de la passe, et les navires qui échappaient aux Athéniens les trouvaient devant eux.

Deux vaisseaux se rencontrèrent à ce moment, celui de Thémistocle qui poursuivait un adversaire et celui d'un Éginète, Polycritos fils de Crios, aux prises avec un navire de Sidon, celui qui avait capturé le vaisseau d'Égine envoyé devant Sciathos avec, à son bord, Pythéas fils d'Ischénoos, l'homme que les Perses avaient recueilli, percé de mille coups, tant ils étaient émerveillés de sa bravoure ; ce navire, qui portait Pythéas outre son équipage perse, fut pris et Pythéas ainsi délivré regagna Égine. Lorsque Polycritos vit le navire d'Athènes, il reconnut aussitôt l'enseigne du navire amiral, interpella Thémistocle et lui adressa des railleries et des reproches à propos de l'accusation portée contre les Éginètes de pencher du côté des Mèdes ; et tout en lui lançant ces sarcasmes, il était aux prises avec son adversaire. Les Barbares dont les vaisseaux trouvèrent leur salut dans la fuite parvinrent à Phalère, où l'armée de terre pouvait les protéger.

Au cours de la bataille on distingua surtout, entre tous les Grecs, les Éginètes, et les Athéniens après eux ; entre les combattants, Polycritos d'Égine, et les Athéniens Eumène d'Anagyronte, et Ameinias de Pallène, l'homme qui poursuivit le navire d'Artémise : s'il avait su que ce navire était celui d'Artémise, il ne se serait pas arrêté avant de l'avoir pris ou d'avoir été lui-même capturé ; car les triérarques d'Athènes avaient reçu des ordres exprès à son sujet, et de plus il y avait dix mille drachmes, de récompense pour qui la prendrait vivante : les Athéniens trouvaient inadmissible qu'une femme osât faire la guerre à leur cité. Donc, Artémise leur échappa, comme on l'a dit plus haut ; et les Barbares qui avaient sauvé leurs navires rejoignirent Phalère eux aussi.

Le chef des Corinthiens, Adimante, fut selon les Athéniens, pris d'un tel trouble et d'une telle épouvante au premier choc des navires qu'il fit hisser les voiles et prit la fuite ; et quand les Corinthiens virent fuir leur navire amiral, ils l'imitèrent. Mais lorsque, toujours fuyant, ils arrivèrent à la hauteur du temple d'Athéna Sciras, sur la côte de Salamine, un dieu sans doute leur fit rencontrer une barque : on ne sut jamais qui l'avait envoyée, et les Corinthiens n'avaient aucune nouvelle de la bataille lorsqu'elle s'approcha d'eux. On voit une intervention divine dans cette rencontre, car, sitôt à portée des navires corinthiens, les gens de la barque dirent ceci Adimante, tu as retiré tes navires, tu as choisi de fuir et d'abandonner les Grecs, et maintenant ils triomphent, leur victoire est totale, comme ils la demandaient aux dieux ». Adimante, dit-on, refusa d'abord de les croire, mais ils insistèrent et s'offrirent en otages, acceptant de mourir si les Grecs ne s'avéraient pas vainqueurs. Alors, dit-on, Adimante et les autres capitaines virèrent de bord et rejoignirent la flotte pour trouver le combat déjà terminé. C'est le bruit que les Athéniens font courir à leur sujet ; mais les Corinthiens protestent et considèrent qu'ils ont joué dans la bataille un rôle de premier plan ; ils ont pour eux le témoignage du reste de la Grèce.

Aristide fils de Lysimaque, l'Athénien dont j'ai parlé un peu plus haut comme de l'homme le plus vertueux qui fût, agit ainsi pendant que la mêlée se déroulait à Salamine : avec un certain nombre des hoplites postés sur le rivage de Salamine, qui étaient Athéniens, il débarqua sur l'île de Psyttalie et ils massacrèrent jusqu'au dernier les Perses établis sur l'îlot.

Quand la rencontre eut pris fin, les Grecs ramenèrent à Salamine toutes les épaves qui flottaient encore dans les parages et se tinrent prêts à livrer bataille une seconde fois, car ils s'attendaient à ce que le roi mît en œuvre les vaisseaux qui lui restaient. Poussées par le vent d'ouest, beaucoup d'épaves allèrent s'échouer sur la côte de l'Attique au lieu dit Colias : par là s'accomplit, outre l'ensemble des oracles de Bacis et de Musée sur cette bataille, un oracle prononcé bien des années auparavant, à propos des épaves qui seraient jetées sur ce rivage, par un devin d'Athènes, Lysistrate, oracle qui avait échappé à l'attention des Grecs :

À Colias, les femmes feront griller sur les rames.

C'est ce qui devait se passer après le départ de Xerxès.

 

Après la bataille : la décision de Xerxès.

 

Lorsque Xerxès eut mesuré sa défaite, il craignit qu'un Ionien ne proposât aux Grecs, à moins que l'idée ne leur en vint spontanément, de faire voile vers l'Hellespont pour y couper ses ponts de bateaux ; il eut peur d'être enfermé en Europe et d'y trouver sa perte, et il se résolut à fuir. Mais, dans l'intention de cacher ses projets aux Grecs comme à ses propres troupes, il entreprit de relier Salamine au continent par une jetée et fit amarrer ensemble des chalands phéniciens qui serviraient de pont et de barrage ; en même temps, il faisait procéder à des préparatifs qui semblaient annoncer une seconde bataille navale. Devant son attitude, nul ne doutait qu'il n'eût la ferme intention de rester sur place et de continuer la lutte ; mais Mardonios ne s'y laissait pas tromper car mieux que tout autre il connaissait les pensées de son maître.

Tout en prenant ces mesures, Xerxès fit partir pour la Perse un messager chargé d'annoncer là-bas le malheur qui le frappait. — Rien ne parvient plus vite au but que ces messagers royaux, de tout ce qui est mortel. Voici le système qu'ont inventé les Perses : ils établissent, dit-on, sur la route à parcourir autant de relais avec hommes et chevaux qu'il y a d'étapes journalières à assurer, à raison d'un homme et d'un cheval par journée de marche. Neige, pluie, chaleur ou nuit, rien n'empêche ces hommes de couvrir avec une extrême rapidité le trajet qui leur est assigné ; sa course achevée, le premier courrier transmet le message au second, le second au troisième et ainsi de suite : les ordres passent de main en main, comme le flambeau chez les Grecs aux fêtes d'Héphaistos. Les Perses appellent ces relais de courriers montés l'angaréion.

Le premier message qui parvint à Suse avait annoncé la prise d'Athènes et causé tant de joie aux Perses restés sur place qu'ils avaient jonché de myrte toutes les rues, faisaient brûler des parfums et passaient leur temps en banquets et en fêtes. Le second message survint, et les plongea dans une telle consternation que tous déchirèrent leurs vêtements et se mirent à crier et gémir sans fin, en accusant Mardonios de ce malheur ; leurs lamentations venaient d'ailleurs beaucoup moins de leur chagrin d'avoir perdu leurs vaisseaux que de leurs inquiétudes pour la personne même de Xerxès. »

 

Hérodote - L’enquête. Thucydide d’Athènes – Histoire de la guerre entre les Péloponnésiens et les Athéniens, traduction Denis Roussel, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1964, p. 561-582.

 

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490 - La bataille de Marathon selon Hérodote

14 Avril 2011, 23:00pm

Publié par histege

490 – LA BATAILLE DE MARATHON SELON HÉRODOTE

 

Hérodote, voyageur, géographe et historien grec (ca 484 - 425), né dans la cité d’Halicarnasse (Asie Mineure) relate la bataille de Marathon, lors de la première guerre médique, qui voit s’affronter les Perses et leurs alliés d’une part et les Athéniens et les Platéens d’autre part.

 

         « Marathon.

 

Maîtres d'Érétrie, les Perses s'y arrêtèrent quelques jours, puis ils reprirent la mer pour gagner l'Attique, pleins d'ardeur et persuadés qu'ils en feraient d'Athènes comme d'Érétrie. Comme Marathon était en Attique le point le plus propre aux manœuvres de la cavalerie et le plus proche aussi d'Érétrie, c'est là qu'Hippias fils de Pisistrate conduisit les Perses.

Instruits de leur arrivée, les Athéniens se portèrent en forces, eux aussi, à Marathon. Ils avaient à leur tête dix stratèges, et, parmi eux, Miltiade dont le père, Cimon fils de Stésagoras, avait dû quitter Athènes pour échapper à Pisistrate fils d'Hippocrate. Pendant son exil Cimon avait vu triompher son quadrige aux Jeux Olympiques, victoire que son frère utérin Miltiade avait également obtenue avant lui ; aux Jeux suivants il avait encore triomphé avec le même attelage, mais il avait fait proclamer vainqueur Pisistrate, et, par cette complaisance, il avait obtenu la permission de revenir chez lui. Les mêmes bêtes lui donnèrent la victoire une fois encore aux Jeux Olympiques ; puis les fils de Pisistrate le firent périr, quand leur père ne fut plus là : ils le firent tuer une   nuit par des hommes à eux embusqués près du prytanée. Son tombeau se trouve à l'entrée de la ville, au delà de la route qu'on appelle la route de Coilé ; les chevaux qui lui ont donné ses trois victoires olympiques ont été enterrés en face de lui. Un autre attelage avait déjà remporté le même succès, celui du Laconien Évagoras, mais aucun n'en a connu davantage. L'aîné des fils de Cimon, Stésagoras, vivait à cette époque en Chersonèse chez son oncle paternel Miltiade, tandis que le cadet se trouvait à Athènes avec son père ; il portait le nom de ce Miltiade, le fondateur de la colonie établie en Chersonèse.

Ce Miltiade, donc, revenu de Chersonèse après avoir échappé deux fois à la mort, était l'un des stratèges athéniens : d'abord, les Phéniciens qui l'avaient poursuivi jusqu'à Imbros voulaient absolument s'emparer de lui et le mener au Grand Roi ; puis, de retour chez lui après leur avoir échappé, il se croyait alors en sécurité, mais ses ennemis l'attendaient et l'avaient traîné devant les tribunaux en l'accusant de s'être conduit en Chersonèse comme un tyran. Il s'était également tiré de cette affaire, et le peuple l'avait nommé stratège.

D'abord, avant de quitter la ville, les Stratèges dépêchèrent à Sparte un héraut, Philippidès, un Athénien, qui était courrier de profession. Or, selon ce qu'il raconta et le rapport qu'il fit au peuple athénien, ce Philippidès vit près du mont Parthénion, au-dessus de Tégée, le dieu Pan lui apparaître : le dieu l'appela par son nom, dit-il, et lui ordonna de demander aux Athéniens la raison de leur négligence à son égard, alors qu'il avait pour eux de la bienveillance, qu'il leur avait souvent déjà rendu service et le ferait encore. — Quand les Athéniens se virent hors de danger, ils ajoutèrent foi au récit de leur messager et fondèrent un sanctuaire de Pan au pied de l'Acropole ; depuis cet avertissement du dieu, ils se concilient tous les ans sa bienveillance par des sacrifices et par une course aux flambeaux.

Ce Philippidès, que les stratèges envoyaient à Sparte et qui vit en route, dit-il, le dieu Pan lui apparaître, fut à Sparte le jour qui suivit son départ d'Athènes ; quand il fut en présence des magistrats, il leur dit : « Lacédémoniens, les Athéniens vous prient de les secourir et de ne point tolérer que la plus ancienne des cités de la Grèce tombe sous le joug du Barbare. Érétrie déjà est esclave, et la Grèce qui perd une ville insigne est désormais moins forte ». Donc le héraut s'acquitta de son message, et les Lacédémoniens résolurent de secourir Athènes, mais il leur fut impossible de le faire aussitôt, car ils ne voulaient pas enfreindre leur loi : c'était le neuvième jour du mois et, dirent-ils, ils ne partiraient pas en expédition au neuvième jour d'un mois, avant que la lune fût dans son plein.

Ils attendirent donc la pleine lune, tandis qu'Hippias fils de Pisistrate menait les Barbares à Marathon. La nuit d'avant, il avait fait un songe : il s'était vu couché près de sa propre mère; il en avait conclu qu'il rentrerait à Athènes, y reprendrait le pouvoir et terminerait ses jours dans sa terre maternelle, chargé d'années. Voilà comment il interprétait son rêve, et pour l'instant il dirigeait l'expédition perse ; il avait fait déposer les Érétriens captifs dans l'île qu'on appelle Aigilia et qui appartient à la ville de Styra, ensuite il amena les navires devant Marathon où il leur fit jeter l'ancre ; puis les Barbares débarquèrent et il leur assigna leurs postes. Au milieu de ces préparatifs, il se prit à éternuer et tousser plus fort qu'à l'ordinaire ; or il était déjà vieux, et ses dents étaient branlantes pour la plupart : il toussa si fort qu'il en cracha une. Il fit tout ce qu'il put pour la retrouver dans le sable où elle était tombée, mais elle demeura invisible ; alors en soupirant il dit à ceux qui l'entouraient : « Ce sol n'est pas à nous, nous ne pourrons pas nous en rendre maîtres : ma dent a pris toute la part qui m'en revenait ».

C'est ainsi qu'Hippias jugea son rêve accompli. Cependant les Athéniens avaient pris position sur le terrain consacré à Héraclès ; les Platéens vinrent les y rejoindre avec la totalité de leurs forces, car ils s'étaient donnés aux Athéniens, et ceux-ci avaient déjà fait beaucoup pour eux. Voici comment cela s'était produit : menacés par les Thébains, les Platéens avaient d'abord recherché la protection de Cléomène fils d'Anaxandride et des Lacédémoniens qui se trouvaient dans la région. Ceux-ci repoussèrent leur demande en ces termes : «Nous habitons trop loin de vous, et notre aide ne vous arriverait jamais à temps : vous seriez écrasés bien avant qu'on ait entendu chez nous parler de quelque chose. Mais nous vous conseillons de vous donner aux Athéniens, qui sont vos voisins et qui ne seront certes pas incapables de vous secourir ». Ce conseil venait moins de leur sympathie pour Platées que de leur désir de susciter des ennuis aux Athéniens, en les opposant aux Béotiens. Ils donnèrent donc ce conseil aux Platéens, et ceux-ci les écoutèrent : pendant un sacrifice que les Athéniens offraient aux Douze Dieux, ils se postèrent en suppliants près de l'autel et se mirent sous la protection d'Athènes. À cette nouvelle les Thébains marchèrent contre Platées ; de leur côté les Athéniens vinrent au secours de la ville. Ils allaient engager le combat lorsque des Corinthiens qui se trouvaient là s'interposèrent : les deux parties acceptèrent leur arbitrage, et ils tracèrent les frontières du territoire contesté, en posant pour condition que les Thébains laisseraient tranquilles les peuples de Béotie qui refuseraient de s'associer au groupe des Béotiens. Donc les Corinthiens décidèrent, et ils partirent ; mais au moment où les Athéniens se retiraient à leur tour, les Béotiens les attaquèrent : un combat s'engagea, qui se termina par la défaite des agresseurs. Les Athéniens reculèrent alors la frontière que les Corinthiens avaient indiquée pour Platées, et ils donnèrent pour limite à Thèbes, du côté de Platées et d'Hysies, le cours même de l'Asopos. Donc les Platéens s'étaient donnés aux Athéniens dans les circonstances rapportées ici, et ils vinrent alors au secours d'Athènes, à Marathon.

Les stratèges athéniens se trouvaient partagés en cieux camps : les uns ne voulaient pas engager le combat, — les Athéniens, disaient-ils, n'étaient pas assez nombreux pour affronter l'armée des Mèdes — ; les autres, avec Miltiade, le voulaient. Les avis s'opposaient, et le parti le moins bon l'emportait : or un onzième personnage avait le droit de voter, l'homme désigné par le sort pour exercer les fonctions de polémarque (autrefois les Athéniens donnaient au polémarque une voix égale à celle des Stratèges). Le polémarque était alors Callimaque d'Aphidna. Miltiade alla le trouver et lui dit : « C'est à toi, Callimaque, qu'il appartient aujourd'hui ou d'asservir Athènes, ou de la rendre libre et, ce faisant, de laisser aux hommes un nom à tout jamais glorieux, plus glorieux encore que ceux d'Harmodios et d'Aristogiton. Depuis qu'Athènes existe, jamais elle n'a couru de danger plus terrible : si elle s'incline devant les Mèdes, le sort des Athéniens livrés à Hippias est clair ; si elle l'emporte, elle peut espérer la première place en Grèce. Comment ? Et comment se fait-il que tout dépende aujourd'hui de toi ? Je vais te l'expliquer. Nous, les stratèges, nous sommes dix et nos avis sont partagés : les uns veulent livrer bataille, les autres s'y refusent. Or, si nous n'engageons pas le combat, je prévois que la discorde grandissante ébranlera les esprits et poussera les Athéniens dans les bras du Mède ; si nous combattons avant que cette gangrène n'ait fait des ravages, nous pouvons, si les dieux demeurent impartiaux, triompher dans cette rencontre. Donc, tout repose sur toi maintenant, tout dépend de toi : si tu te ranges à mon avis, ta patrie est libre, ta ville est la première des cités grecques ; si tu choisis le parti des hommes qui refusent le combat, ce sera pour toi le contraire exactement des biens que je t'ai dits ».

Les arguments de Miltiade gagnèrent Callimaque, et la voix du polémarque fut décisive : on résolut d'engager la bataille. Mais alors les stratèges qui avaient demandé le combat cédèrent l'un après l'autre le commandement à Miltiade, lorsque venait leur tour de l'exercer pour la journée ; et Miltiade l'acceptait, mais il attendit pour livrer bataille le jour où il lui revenait normalement.

Ce jour-là, les Athéniens prirent leurs dispositions pour la bataille : l'aile droite était commandée par Callimaque, le polémarque (les Athéniens avaient alors pour règle de donner l'aile droite au polémarque). Après lui venaient les tribus, rangées l'une à côté de l'autre, dans l'ordre où elles étaient comptées ; en dernier lieu les Platéens formaient l'aile gauche. — Depuis ce combat, lorsque les Athéniens sacrifient pendant leurs grandes fêtes quadriennales, le héraut dans sa prière appelle la protection divine sur Athènes et Platées conjointement. A Marathon, la ligne de bataille des Athéniens présenta cette particularité : comme elle était aussi longue que celle des Mèdes, le centre, fort de quelques rangées d'hommes seulement, en était le point le plus faible, tandis que les ailes étaient bien garnies et solides.

Les hommes avaient pris leurs positions, les sacrifices étaient favorables ; alors les Athéniens, lâchés contre les Barbares, les chargèrent en courant. Huit stades au moins séparaient les deux armées. Quand les Perses les virent arriver au pas de course, ils se préparèrent à soutenir le choc, mais ils les prenaient pour des fous courant à leur perte, ces hommes si peu nombreux qui attaquaient en courant, sans cavalerie et sans archers. Ce fut leur première impression ; mais les Athéniens les assaillirent bien groupés et combattirent avec une bravoure admirable. Ils furent, à notre connaissance, les premiers des Grecs à charger l'ennemi à la course, les premiers aussi à soutenir la vue du costume mède et d'hommes ainsi équipés ; jusqu'alors, le nom seul des Mèdes suffisait à épouvanter les Grecs.

La bataille de Marathon fut très longue. Au centre les Barbares l'emportèrent, là où se trouvaient les Perses eux-mêmes et les Saces ; là, les Barbares victorieux enfoncèrent les lignes des Athéniens et les poursuivirent loin du rivage, mais aux deux ailes Athéniens et Platéens l'emportèrent. Vainqueurs, ils laissèrent fuir leurs adversaires, groupèrent leurs deux ailes pour lutter contre les éléments qui avaient enfoncé leur centre, et ils eurent la victoire. Ils poursuivirent les Perses en fuite et les taillèrent en pièces jusque sur le rivage, et là, ils s'accrochaient aux vaisseaux ennemis et demandaient du feu pour les incendier.

Le polémarque Callimaque périt dans cette affaire où il fit preuve d'une grande vaillance, et l'un des Stratèges, Stésilaos fils de Thrasylaos, y mourut également ; Cynégire fils d'Euphorion, qui s'accrochait à la poupe d'un navire, tomba, la main tranchée d'un coup de hache, et bien d'autres Athéniens illustres avec lui.

Sept des vaisseaux perses restèrent ainsi aux mains des Athéniens ; les autres purent se dégager et les Barbares, après avoir repris leurs captifs d'Érétrie dans l'île où ils les avaient déposés, contournèrent le cap Sounion, dans l'intention de surprendre Athènes avant le retour de ses troupes. Les Athéniens accusent les Alcméonides de leur avoir suggéré cette manoeuvre : ils auraient été d'intelligence avec les Perses et, sitôt ceux-ci remontés sur leurs navires, leur auraient fait des signaux en levant en l'air un bouclier.

Donc les Perses contournèrent le cap Sounion, mais les Athéniens coururent à toutes jambes au secours de leur cité et devancèrent les Barbares ; partis d'un sanctuaire d'Héraclès à Marathon, ils installèrent leur camp dans un autre sanctuaire d'Héraclès, au Cynosarge. Les Barbares, arrivés avec leurs navires à la hauteur de Phalère (où mouillaient alors les navires athéniens), restèrent quelque temps à l’ancre, puis reprirent la mer et regagnèrent l’Asie.

Dans cette bataille de Marathon, les Barbares perdirent six mille quatre cents hommes environ, les Athéniens cent quatre-vingt douze. Voilà le    total des pertes subies dans les deux camps. Un fait curieux s'y produisit : un Athénien, Épizèlos fils de Couphagorras, perdit soudain la vue tandis qu'il luttait en homme de cœur au milieu de la mêlée, et ce sans avoir reçu le moindre coup, ni de près ni de loin ; dès, lors il fut aveugle pour le restant de sa vie. Voici, m'a-t-on dit, comme il expliquait son malheur : il avait cru voir devant lui un homme de haute taille, en armes, dont la barbe recouvrait tout le bouclier ; l'apparition avait passé sans le toucher, mais avait tué son camarade à côté de lui. Voilà, m'a-t-on dit, l'histoire que racontait Épizèlos. »

 

Hérodote - L’enquête. Thucydide d’Athènes – Histoire de la guerre entre les Péloponnésiens et les Athéniens, traduction Denis Roussel, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1964, p. 444-450.

 

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L'instruction publique selon Condorcet, 1792

20 Mars 2011, 23:17pm

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L’INSTRUCTION PUBLIQUE SELON CONDORCET 1792

 

      « Messieurs,

      Offrir à tous les individus de l’espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d'assurer leur bien−être, de connaître et d'exercer leurs droits, d'entendre et de remplir leurs devoirs ;

      Assurer à chacun d'eux la facilité de perfectionner son industrie, de se rendre capable des fonctions sociales auxquelles il a droit d'être appelé, de développer toute l’étendue des talents qu'il a reçus de la nature, et par là établir entre les citoyens une égalité de fait, et rendre réelle l’égalité politique reconnue par la loi :

      Tel doit être le premier but d'une instruction nationale ; et, sous ce point de vue, elle est pour la puissance publique un devoir de justice.

      Diriger l’enseignement de manière que la perfection des arts augmente les jouissances de la généralité des citoyens et l’aisance de ceux qui les cultivent, qu'un plus grand nombre d’hommes deviennent capables de bien remplir les fonctions nécessaires à la société, et que les progrès toujours croissants des lumières ouvrent une source inépuisable de secours dans nos besoins, de remèdes dans nos maux, de moyens de bonheur individuel et de prospérité commune ;

      Cultiver enfin, dans chaque génération, les facultés physiques, intellectuelles et morales, et, par là, contribuer à ce perfectionnement général et graduel de l’espèce humaine, dernier but vers lequel toute institution sociale doit être dirigée :

      Tel doit être encore l’objet de l’instruction ; et c'est pour la puissance publique un devoir imposé par l’intérêt commun de la société, par celui de l’humanité entière.

      Mais en considérant sous ce double point de vue la tâche immense qui nous a été imposée, nous avons senti, dès nos premiers pas, qu'il existait une portion du système général de l’instruction qu'il était possible d'en détacher sans nuire à l’ensemble, et qu'il était nécessaire d'en séparer, pour accélérer la réalisation du nouveau système : c'est la distribution et l’organisation générale des établissements d'enseignement public.

      En effet, quelles que soient les opinions sur l’étendue précise de chaque degré d'instruction ; sur la manière d'enseigner ; sur le plus ou moins d'autorité conservée aux parents ou cédée aux maîtres ; sur la réunion des élèves dans des pensionnats établis par l’autorité publique ; sur les moyens d'unir à l’instruction proprement dite le développement des facultés physiques et morales, l’organisation peut être la même ; et, d'un autre côté, la nécessité de désigner les lieux d’établissements, de faire composer les livres élémentaires, longtemps avant que ces établissements puissent être mis en activité, obligeaient à presser la décision de la loi sur cette portion du travail qui nous est confié.

      Nous avons pensé que, dans ce plan d'organisation générale, notre premier soin devait être de rendre, d'un côté, l’éducation aussi égale, aussi universelle ; de l’autre, aussi complète que les circonstances pouvaient le permettre ; qu'il fallait donner à tous également l’instruction qu'il est possible d'étendre sur tous, mais ne refuser à aucune portion des citoyens l’instruction plus élevée, qu'il est impossible de faire partager à la masse entière des individus ; établir l’une, parce qu'elle est utile à ceux qui la reçoivent ; et l’autre, parce qu'elle l’est à ceux même qui ne la reçoivent pas.

      La première condition de toute instruction étant de n'enseigner que des vérités, les établissements que la puissance publique y consacre doivent être aussi indépendants qu’il est possible de toute autorité politique ; et comme, néanmoins , cette indépendance ne peut être absolue, il résulte du même principe, qu'il faut ne les rendre dépendants que de l’assemblée des représentants du peuple, parce que, de tous les pouvoirs, il est le moins corruptible, le plus éloigné d'être entraîné par des intérêts particuliers, le plus soumis à l’influence de l’opinion générale des hommes éclairés, et surtout parce qu'étant celui de qui émanent essentiellement tous les changements, il est dès-lors le moins ennemi du progrès des lumières, le moins opposé aux améliorations que ce progrès doit amener.

      Nous avons observé, enfin, que l’instruction ne devait pas abandonner les individus au moment où ils sortent des écoles ; qu'elle devait embrasser tous les âges ; qu'il n'y en avait aucun où il ne fût utile et possible d'apprendre, et que cette seconde instruction est d'autant plus nécessaire, que celle de l’enfance a été resserrée dans des bornes plus étroites. C'est là même une des causes principales de l’ignorance où les classes pauvres de la société sont aujourd'hui plongées ; la possibilité de recevoir une première instruction leur manquait encore moins que celle d'en conserver les avantages.

      Nous n’avons pas voulu qu'un seul homme, dans l’empire, pût dire désormais : la loi m'assurait une entière égalité de droits, mais on me refuse les moyens de les connaître. Je ne dois dépendre que de la loi, mais mon ignorance me rend dépendant de tout ce qui m'entoure. On m'a bien appris dans mon enfance ce que j'avais besoin de savoir, mais, forcé de travailler pour vivre, ces premières notions se sont bientôt effacées, et il ne m'en reste que la douleur de sentir, dans mon ignorance, non la volonté de la nature, mais l’injustice de la société.

      Nous avons cru que la puissance publique devait dire aux citoyens pauvres : la fortune de vos parents n'a pu vous procurer que les connaissances les plus indispensables ; mais on vous assure des moyens faciles de les conserver et de les étendre. Si la nature vous a donné des talents, vous pouvez les développer, et ils ne seront perdus ni pour vous, ni pour la patrie.

      Ainsi, l’instruction doit être universelle, c'est-à-dire, s'étendre à tous les citoyens. Elle doit être répartie avec toute l’égalité que permettent les limites nécessaires de la dépense, la distribution des hommes sur le territoire, et le temps, plus ou moins long, que les enfants peuvent y consacrer. Elle doit, dans ses divers degrés, embrasser le système entier des connaissances humaines, et assurer aux hommes, dans tous les âges de la vie, la facilité de conserver leurs connaissances, ou d'en acquérir de nouvelles.

      Enfin, aucun pouvoir public ne doit avoir ni l’autorité, ni même le crédit, d'empêcher le développement des vérités nouvelles, l’enseignement des théories contraires à sa politique particulière ou à ses intérêts momentanés.

     Tels ont été les principes qui nous ont guidés dans notre travail. »

     Condorcet, Rapport sur l'organisation générale de l'instruction publique, avril 1792.

 

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L'organisation de l'espace allemand - carte à compléter - 4e - 2010

6 Février 2011, 17:52pm

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L'ORGANISATION DE L'ESPACE ALLEMAND

 

carte à compléter

 

Allemagne - organisation de l'espace

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La période révolutionnaire 1789-1815 - France

30 Janvier 2011, 21:40pm

Publié par histege

 

LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE

1789-1815

 

chap 4 p 58-93

chap 5 p 94-109

 

I. LE DECLENCHEMENT DE  LA REVOLUTION

 

     En 1789, Louis XVI est un roi de France absolu. Mais, il y a une crise :

         - politique : les philosophes contestent la monarchie absolue

         - financière : l'état royal est fortement endetté depuis plusieurs années, car les dépenses sont supérieures aux recettes.

        - frumentaire : la situation est aggravée par les mauvaises récoltes en 1787-1788.

 

      Pour résoudre les problèmes d'argent, le roi décide de réunir les Etats généraux : assemblée de délégués des 3 ordres.

     Des élections sont organisées partout en France. Pour connaître la situation, le roi demande aux Français d'exprimer leurs doléances (plaintes, réclamations...). Plusieurs dizaines de milliers de cahiers de doléances sont rédigées.

     Chaque ordre a droit à 300 délégués. Le Tiers-Etat (« peuple ») s'estime sous-représenté. Le roi finit par accepter de doubler le nombre. Au total :

          - clergé : 300 délégués

          - noblesse : 300

          - Tiers-Etat : 600.

 

      Le 5 mai 1789 : ouverture des Etats-Généraux. Le roi demande une augmentation des impôts. Les 3 ordres sont déçus. Le Tiers-Etat réclame :

           - une diminution et une suppression de certains impôts

           - une réforme de l'organisation politique (une plus grande participation des 3 ordres aux décisions politiques).

 

 

      Le roi et la majorité des députés ne s'entendent pas. Les députés du Tiers-Etat avec quelques représentants du clergé et de la noblesse se réunissent dans une autre salle : la salle du jeu de paume.

           - le 17 juin : les députés se transforment en assemblée nationale : naissance de la souveraineté populaire qui concurrence celle du roi

            - le 20 juin : les députés prêtent serment de ne jamais se séparer tant qu'ils n'ont pas rédigé une constitution pour la France.

 

      Le roi donne l'ordre aux troupes d'encercler Paris et de se préparer à intervenir. Une partie des Parisiens se soulève pour défendre les députés.

 

      Certains d'entre eux s'emparent d'une prison-forteresse la Bastille le 14 juillet 1789 : elle va symboliser la fin de l'arbitraire royal.

 

      Les événements parisiens commencent à être connus en province, mais de manière déformée. Ils déclenchent une grande peur dans de nombreuses régions. Des paysans s'attaquent aux biens du roi, des nobles et de l'Eglise. Certains châteaux sont incendiés et en particulier les terriers (actes de propriété). Certains nobles doivent fuir : les émigrés.

 

 

     La plupart des députés sont des propriétaires et prennent peur. Dans l'espoir de mettre fin aux destructions, le duc d'Aiguillon et le vicomte de Noailles proposent que le clergé et la noblesse abandonnent leurs privilèges. La proposition est finalement votée dans la nuit du 4 août :

           - abolition des privilèges

           - naissance de l'égalité des droits en France (les Français deviennent des citoyens).

 

      Le roi refuse de signer les lois prises par l'assemblée nationale. Début octobre des Parisiennes vont le chercher à Versailles et l'obligent à s'installer dans l'ancien château royal des Tuileries dans Paris.

 

 

II. LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE

 

     Les députés révolutionnaires mettent en place progressivement une France nouvelle.

 

     Des principes nouveaux :

            - égalité (donc des citoyens)

            - libertés (voir éducation civique)

            - souveraineté populaire : le peuple (= ensemble des citoyens) est souverain

            - séparation des pouvoirs.

Ces principes sont définis dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : 26 août 1789. La déclaration est en fait l'introduction à la constitution :

            - loi fondamentale qui définit l'organisation du pouvoir et les droits et les devoirs du citoyen. 1re fois en France.

            - adoptée en 1791.

 

      Une organisation politique nouvelle :

     Doc 2 p 66 : le pouvoir n'est plus absolu, il est partagé en deux :

            - le roi est le chef du pouvoir exécutif, nomme les ministres et peut refuser de signer les lois (droit de veto)

             - l'assemblée nationale a le pouvoir de voter les lois et contrôle le budget. Les députés sont élus par les citoyens riches (suffrage censitaire). Les femmes et les pauvres sont exclus : c'est l'arrivée au pouvoir de la bourgeoisie.

             - les juges sont élus.

La France est devenue une monarchie constitutionnelle.

 

       Une nouvelle organisation administrative doc 1 p 68

      83 départements remplacent les anciennes provinces accusées de soutenir le roi : noms de fleuves, de montagnes... égalité administrative pour tous les Français.

 

      Une nouvelle justice

     Les juges sont élus : on n'achète pas sa charge.

 

      Une nouvelle finance

     Le manque d'argent continue :

            - égalité devant l'impôt (tous les citoyens le paient)

            - création d'une monnaie de papier, l'assignat, garanti sur la vente des biens de l'Eglise, désormais biens nationaux.

 

      Une nouvelle économie

            - les douanes intérieures à la France sont supprimées

            - loi Le Chapelier : liberté d'entreprise, du travail et du commerce. Liberté pour les patrons mais non pour les ouvriers : pas le droit de se réunir, de manifester, de faire grève, de former une corporation (« ancêtre du syndicat »).

            - droit de clôturer son champ

            - nouvelles unités de mesure : mètre, gramme, stère (volume), litre...

            - une nouvelle monnaie : le franc

 

      Une nouvelle organisation religieuse

            - liberté religieuse

            - les religieux (clercs) doivent accepter la Constitution civile du clergé : sortes de fonctionnaires de l'Etat (ne supportent pas cela).

 

      Le roi n'accepte pas les décisions de l'assemblée, ni qu'on s'en prenne à la religion, il fuit secrètement vers l'Autriche mais est arrêté à Varennes-en-Argonne et ramené à Paris en juin 1791. Son prestige personnel est touché.

 

 

III. LA PREMIERE REPUBLIQUE 1792-1799

     Doc 3 p 79 : La constitution étant adoptée, on élit une nouvelle assemblée, appelée convention. Les députés se répartissent en trois groupes politiques :

           - les Girondins, sous la direction de Brissot et Vergniaud : ce sont des modérés qui veulent avant tout défendre le pays, ne pas juger le roi et qui craignent le peuple

          - les Montagnards  qui veulent aller plus loin dans la Révolution, veulent condamner le roi et accorder plus de droits au peuple (égalité réelle, partage des richesses, droit de vote).

          - la Plaine ou le Marais qui hésitent entre les Girondins et les Montagnards.

 

     Les Girondins dominent d'abord. Des sans-culottes (définition p 71) veulent juger le roi et attaquent le château des Tuileries le 10 août 1792 (doc 6 p 67). Les Autrichiens et les Prussiens envahissent l'Est du pays (carte 1 p 70), mais sont arrêtés à Valmy le 21 septembre (tableau 2 p 78) : victoire qui va servir à glorifier la France comme nation révolutionnaire.

     22 septembre 1792 : proclamation de la République (fin de la monarchie).

 

     Louis XVI est jugé et condamné à mort (décembre 1792), puis guillotiné le 21 janvier 1793.

 

     Carte 1 p 71 : les monarchies européennes se liguent contre la France. L'assemblée décide de lever 300 000 hommes. La Vendée (texte 2 p 70) et certaines villes (Marseille, Lyon...) se soulèvent pour défendre la royauté.

 

     Accusés de mollesse par rapport au roi, les Girondins sont arrêtés, jugés et guillotinés. Les Montagnards dominent désormais (juin 1793-juillet 1794) :

           - le Comité de Salut Public, dirigé par Robespierre (doc 9, 10 et 11 p 73) à Paris, relayé par des comités en province dirige la Révolution

            - le calendrier chrétien est supprimé et remplacé par un calendrier révolutionnaire (doc  4 p 71) : on veut déchristianiser la France

             - on installe une dictature révolutionnaire, basée sur la Terreur (docs 5, 6 et définition p 71, carte 4 p 79). Les royalistes, les prêtres réfractaires (doc 3 p 66) et les Révolutionnaires hostiles aux Montagnards sont traqués, jugés par des tribunaux révolutionnaires et exécutés. Certains Montagnards sont même guillotinés : Danton (docs 6, 7 et 8 p 73) et les « Indulgents ». Au total, la Terreur entraîne la mort de 15 000 personnes.

 

      Les autres députés prennent peur : Robespierre et les siens (Saint-Just...) sont arrêtés, jugés et exécutés le 27 juillet 1794.

 

       C'est au tour de la Plaine avec le Directoire de dominer la Révolution. L'abbé Sieyès met fin à la Terreur.

Schéma 5 p 79 : une nouvelle constitution est mise en place en 1795 :

            - le pouvoir exécutif est confié à 5 directeurs (Directoire)

            - deux assemblées (Conseil des 500 et Conseil des Anciens) ont le pouvoir législatif

            - le droit de vote est réservé aux riches (suffrage censitaire).  C'est le triomphe de la bourgeoisie modérée (propriétaires : docs 1 p 76 et 5 p 77).

 

      Mais des problèmes importants subsistent :

            - des révoltes royalistes, dont celle de 1795, brisée par le général Bonaparte (doc 3 p 76)

            - les Egaux, qui veulent une égalité complète entre les hommes sont arrêtés en 1796

            - les députés sont corrompus

            - les prix montent (graphique 2 p 76), ce qui entraîne, chômage, misère et brigandage.

 

     Tableau 6 p 77 : un jeune général, Bonaparte profite de la situation pour faire un coup d'Etat le 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799), mettre fin à la République et prendre le pouvoir.


IV. LA PERIODE NAPOLEONIENNE 1799-1814/1815

 

1)   L'Etat napoléonien

 

     1799 : à la suite du coup d'Etat, Napoléon crée un nouveau régime politique (ni la monarchie, ni la république), inspiré des Romains : le consulat, avec 3 consuls qui ont le pouvoir exécutif. En réalité, Napoléon, 1er consul, a tous les pouvoirs.

     Il rétablit le suffrage universel masculin, qu'il utilise pour renforcer son pouvoir, grâce à des plébiscites : élections à choix restreint dans lesquelles les électeurs répondent par oui ou par non à une question posée par le gouvernement. Bientôt, Napoléon se désigne consul à vie.

     En 1804 : changement de régime politique. Le 2 décembre, il se fait couronner et sacrer empereur par le pape à Paris (cathédrale Notre-Dame) :

      - il légitime (justifie) son pouvoir par dieu et la religion (comme les rois de France)

      - il se couronne lui-même (montrer qu'il ne tient son pouvoir ni de dieu, ni du peuple, mais de lui-même).

     - se réfère à l'empereur romain (voir son costume de sacre, avec la pourpre impériale), pour dépasser la monarchie et tenter de prendre la première place en Europe

     - le sacre est représenté par son peintre officiel David : représentation symbolique de la puissance impériale.

    Tout cela s'ajoute à la dimension plébiscitaire de son pouvoir (élection divine, élection populaire, auto-élection).

 

    Au sens du XVIIIe siècle, c'est un despote "éclairé".

 

     Deux régimes politiques :

           - 1799-1804 : consulat

           - 1804-1814/1815 : empire.

     Au total, un pouvoir personnel, militaire et dictatorial, avec une fiction démocratique.

 

2)   Une société centralisée et contrôlée


      Les structures de la France, marquées par une base monarchiste depuis plusieurs siècles et modifiées par la révolution, reçoivent de nouvelles modifications avec Napoléon.

Document du livre

Création de Napoléon

Date

Contenu de la mesure

Objectif

2 p. 80

Préfets

1800

Agents de l'Etat qui dirigent le département (levée d'impôt, recrutement de soldats, surveillance de la population)

Centraliser l'administration (application des décisions de Paris dans les départements)

4 p. 81

Lycées

1802

Enseignement et exercices militaires

Fournir les cadres civils et militaires de l'Etat

3 p. 80

Légion d'honneur

1802

Décoration

Distinguer l'élite favorable au pouvoir

1 p. 84

Noblesse d'Empire

1808

 

Eliminer la noblesse royale et distinguer une nouvelle noblesse qui soutient le régime impérial

 

Catéchisme impérial

1806

 

Chacun doit obéir à l'Empereur, à Dieu et à l'Eglise

6 p. 81

Concordat

1801

Signé entre l'empereur et le pape : catholicisme reconnu comme la religion de la majorité des Français, mais l'Etat nomme et paie les évêques et les curés

Rétablir la paix religieuse

3 p. 88

Rétablissement du culte israélite

1806

Autorisation de la religion juive

 

5 p. 81

Code civil

1804

Recueil de lois qui règlent les relations entre les individus (synthèse de lois romaines, germaniques, royales et révolutionnaires)

Bases de la société : famille (autorité du père), propriété, égalité devant l'impôt et égalité d'accès à toutes les charges 

3 p. 84

Censure

1805, 1810

Interdiction de journaux ou articles défavorables au régime

Contrôler la presse

4 p. 85

Livret ouvrier

1803

Document d'administration

Surveiller les ouvriers (grèves interdites...)

5 p. 87

Esclavage des Noirs

20 mai 1802

Rétablit l'esclavage des Noirs supprimé par la Convention le 14 février 1794

Favoriser l'économie coloniale française

5 p. 81

Franc germinal

1803

Nouvelle monnaie

Monnaie plus forte et plus stable

 

Banque de France

1800

 

 


     Conclusion : le régime napoléonien est une dictature militaire, autoritaire et de plus en plus monarchique. La société française est contrôlée. Napoléon met fin à la Révolution : il fait la synthèse entre la monarchie d'Ancien Régime (ordre) et la Révolution (garantie de l'égalité entre les Français), tout en jetant les bases de la France moderne pour longtemps.

V. LES TRANSFORMATIONS DE L'EUROPE


Contrôle de lecture.


    Je lis le chapitre 5 : Les transformations de l'Europe, p. 94-109 et je réponds aux questions suivantes :


     1) Les troupes françaises entrent dans Milan de manière (un adjectif) ...................... en 1796.


    2) Quand la France entre en guerre en 1792, elle déclenche une double réaction (2 mots) ................................ et ............................ Mais, elle finit par provoquer l'éveil du (1 mot avec son adjectif)  .......................   ............................ dans les pays qu'elle occupe.


    3) La carte de l'Europe en 1811 montre que des membres de la famille impériale (membres de la famille de Napoléon, lui non compris) gouvernent 4 Etats qui sont : a) .......................... b)....................................... c)............................... d)................................


    4) Quelle est la définition du sentiment national ? ............................................................

.................................................................................................................................


     5) L'année 1811 est (1 mot) l'.................... de l'empire napoléonien.


     6) Quelle est la plus célèbre victoire de Napoléon ? .........................................


     7) Quelle est la grande défaite de Napoléon ? .........................................


    8) Les 4 principaux vainqueurs de la France en 1815 sont :     a)............................ b).........................     c).................................... d)...................................


      9) Ils se réunissent avec la France pour signer le traité de (capitale) ...................... en (année) ..................

 

 

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Technique du paragraphe argumenté - fichier word - 4e - 3e

25 Janvier 2011, 22:06pm

Publié par histege

 

Pour être le mieux à même de répondre aux exigences du paragraphe argumenté, il convient d'appliquer au mieux les consignes contenus dans les tableaux. L'idéal est de répondre "oui" et d'avoir "A" à tout.

 

De même, toute phrase rédigée doit être reliée au sujet général (si le lien n'est pas clair, soit il faut la reformuler, soit il faut la supprimer), qui doit être constamment gardé à l'esprit, du début à la fin de l'épreuve. En quoi ce que j'écris répond à la question posée, mais aussi au sujet général ?

 

L'idéal est encore d'avoir en tête l'ensemble des consignes, notamment le jour de l'épreuve (même si on ne réussit pas à les appliquer entièrement).

 

C'est par la pratique, maintes fois renouvelée, des questions sur documents, débouchant sur la synthèse par un paragraphe argumenté, que l'on en vient à bout. Il ne faut pas se décourager ; pour certains, il faudra plusieurs années de progrès patients.

 

 

Evaluation du paragraphe argumenté Evaluation du paragraphe argumenté

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Récits de la fondation de Massalia - Marseille - une cité grecque - 6e

23 Janvier 2011, 15:38pm

Publié par histege

RÉCITS DE LA FONDATION DE MASSALIA/MARSEILLE

 

 

I. LA VERSION DE STRABON (Ier siècle avant J.-C.), IV, 1, 4

 

        « Marseille est une fondation des Phocéens. Elle est située sur un terrain rocheux. Son port se trouve au pied d'une falaise en amphithéâtre qui regarde vers le midi. Elle est solidement fortifiée, de même que l'ensemble de la ville dont la dimension est considérable. Sur l'acropole sont fondés l'Ephésion et le sanctuaire d'Apollon Delphinien. Ce dernier culte est commun à tous les Ioniens, mais l'Ephésion est le temple réservé à l'Artémis d'Ephèse. Au moment où les Phocéens levaient l'ancre pour quitter leur patrie, un oracle leur tomba du ciel, dit-on, de prendre pour pilote de leur navigation ce qu'ils trouveraient auprès de l'Artémis d'Ephèse. S'étant portés à Ephèse, ils cherchèrent comment obtenir de la déesse ce qui leur était prescrit. Aristarchè, une des femmes les plus honorées, vit en songe la déesse à côté d'elle lui ordonner de s'embarquer avec les Phocéens en emportant une copie des objets sacrés. Ainsi fut fait et, quand les colons arrivèrent au terme de leur expédition, ils fondèrent le sanctuaire et conférèrent à Aristarchè une marque d'honneur toute particulière en l'élisant prêtresse. Dans toutes les cités qu'ils ont colonisées, ils adorent cette divinité avant les autres. Ils conservent à sa statue de culte la même attitude et à son culte les mêmes rites que dans la métropole. »

 

II. LA VERSION DE JUSTIN (IIe siècle ap. J.-C.), XLIII, 3, 4-12

 

         «Au temps du roi Tarquin, venant d'Asie, une troupe de jeunes Phocéens aborda à l'embouchure du Tibre et se lia d'amitié avec les Romains. Puis elle fit voile vers les golfes les plus reculés de la Gaule et fonda Marseille entre les Ligures et les sauvages tribus des Gaulois. Elle accomplit de grands exploits, soit en se protégeant par les armes contre la barbarie gauloise, soi en rendant leurs attaques à ceux qui l'avaient précédemment attaquée. Les Phocéens, contraints par l'exiguïté et la maigreur de leur territoire, exploitaient plus volontiers la mer que la terre. La pêche et le commerce, souvent même la piraterie qui, en ces temps anciens, étaient en honneur, leur fournissaient de quoi vivre. Aussi n’eurent-ils pas peur de d’avancer jusqu’à l’extrême bord de l’océan, ce qui les conduisit à un golfe gaulois à l’embouchure du Rhône. Séduits par l’agrément du site, ils rentrèrent chez eux, rapportèrent ce qu’ils avaient vu et attirèrent une troupe plus nombreuse. Les chefs de la troupe étaient Simos et Protis. Ils allèrent trouver le roi des Ségobriges, appelé Nannus, sur le territoire duquel ils avaient l'intention de fonder une ville, pour lui demander son amitié. Il se trouva que, ce jour-là, le roi était occupé à préparer les noces de sa fille Gyptis. Selon la coutume locale, le gendre devait être choisi au cours du banquet et il se disposait à la lui donner alors en mariage. Aux noces avaient été invités tous les prétendants. Le roi convia aussi ses hôtes grecs au dîner. La jeune fille fut introduite, son père la pria d'offrir l'eau à celui qu'elle choisissait pour mari. Alors, tournant le dos à tout le monde, elle se dirige vers les Grecs et tend l'eau à Protis qui, d'hôte devenu gendre, reçut de son beau-père un emplacement pour y fonder une ville. Marseille fut ainsi fondée près de l'embouchure du Rhône dans un golfe écarté, comme dans un angle de la mer. »

 

III. LA VERSION D’ATHÉNÉE (IIIe siècle ap. J.-C.), XIII, 576 a-b

 

         « Les Phocéens, qui pratiquaient le commerce maritime en Ionie, fondèrent Marseille. Le Phocéen Euxénos était l'hôte du roi Nanos – tel était son nom. Ce Nanos allait célébrer les noces de sa fille quand survint Euxénos. Il l'invita au banquet. Le mariage devait avoir lieu de la manière suivante : après le dîner, la jeune fille entrerait et offrirait une coupe de vin à qui elle voudrait parmi les prétendants présents. L'élu deviendrait son fiancé. La jeune fille entre et, que le hasard ou quelque autre raison l'ait incitée, elle offre la coupe à Euxénos. Son nom était Petta. Là-dessus, le père lui demande s'il accepte de l'épouser. Dans sa pensée, c'était un dieu qui avait inspiré son geste. Euxénos la prit pour femme, fonda un foyer avec elle et changea son nom en celui d'Aristoxénè. Il y a de nos jours encore à Marseille, descendant de cette femme, une lignée qui porte le nom de Protiadai, car Protis fut le fils d'Euxénos et d'Aristoxénè. »

 

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